Quatorze juillet, Strauss Kahn, Jack Lang, Hollande MAUVAISE HUMEUR

lundi 16 juillet 2007.
 

La veille je suis allé au bal populaire du Parti Communiste vers Belleville. Très sympath. Ca m’a bien plu. Et le lendemain, comme membre du bureau du Sénat, j’étais dans la tribune en bas des Champs Elysées pour assister au défilé militaire. D’habitude ça me met de bonne humeur. Et puis c’est vrai que je n’ai pas vu passer le temps durant la semaine où j’étais sur ce débat au Sénat, à propos de la loi sur l’Université, avec mes camarades du groupe socialiste. Il faudra raconter ça, vu de l’intérieur, à un moment ou un autre...

Mais le retour dans l’observation de l’actualité médiatique est pénible. Voir Strauss Kahn et Sarkozy ensemble m’a un peu coupé le souffle.

MELANGE FUNESTE

Ce n’est pas tout. Je constate, en plus, qu’au PS la mélée à propos de "l’ouverture" continue. Ce soir j’entends à LCI "qu’à part quelques éléments", dont on ne connaitra ni le nom ni les arguments, tout le monde en rajoute sur les félicitations à Strauss-Kahn, de peur de paraitre sectaire. Je me dois donc de dire très officiellement et solennellement que je ne participe pas à ce choeur d’enthousiastes. D’une façon générale je commence par rappeller que je me suis publiquement exprimé contre l’ouverture quand Rocard la pratiqua dans son gouvernement. Je n’en suis pas davantage partisan aujourd’hui. Je trouve ce système absurde et anti démocratique. Majorité et opposition sont des réalités nécessaires et même indispensable au fonctionnement de la démocratie. C’est le seul moyen pour le souverain, c’est à dire le peuple, de bénéficier d’un contre pouvoir a côté du pouvoir et d’être éclairé par le débat des uns avec les autres.

Mais dans le cas de Strauss Kahn, certes différent des autres aspects de l’ouverture à l’évidence, mon mécontentement est d’une autre nature quoiqu’il soit aussi profond ! Je me demande ce qu’un socialiste va faire à la tête du FMI. Je ne crois pas que le mandat que lui donne Sarkozy et les autres soit de réformer cette institution pour qu’elle cesse sa sale besogne dans le monde. Le FMI affame et détruit des régions entières dans le monde. Il a cruellement opprimé des nations, fermé les yeux sur la corruption de nombreux dictateurs et ainsi de suite. Le FMI a été en pointe de la politique dite d’ajustement structurel qui a consisté a détruire l’Etat un peu partout dans le monde dès qu’un pays tombait dans sa dépendance. Le FMI est une institution lamentable. Son bilan est nul dans le meilleur des cas, criminel très souvent.

HOLLANDE ROI DES FOURBES

François Hollande, le grand sophiste du socialisme français, m’a cloué le bec avec un de ces arguments qui signalent l’ampleur de sa rouerie de maquignon : "tu préfère un libéral à la tête du FMI ? ". Et toc ! Que répondre à ce brillant culbuto ? C’est imparable ! Trop fort ! Et à la place de Bockel, François, tu préfèrerais un libéral ? Et à la place de Kouchner ton délégué national à l’innovation, membre du conseil des douze de la campagne de Ségolène, tu préférerais un libéral ? Donc ils sont bien là où ils sont, non ? Evidemment non ! Quel aigle cet Hollande !

La plus brillante médiocrité du PS est à sa place : à la tête du parti ! Mais comme j’ai voté pour son maintien pour éviter le putsch de Ségolène Royal, je ne m’en prends qu’à moi. Je subis ses calembours et même ses insultes en prenant mon mal en patience. J’ai eu tort d’aller le voir la semaine passée. Un tête à tête sympathique, comme d’habitude. Je lui ai dit que j’étais prêt à jouer le jeu du débat qu’il lance avec ses trois grandioses Conventions nationales qui vont avoir lieu en trois mois. Comment puis-je être encore aussi naïf à mon âge ! Hollande a déjà trahi tous ceux qui lui ont fait confiance : Jospin, Fabius, Strauss kahn et combien d’autres. Pourquoi me respecterait-il davantage qu’eux ? Et n’ai-je pas déjà eu à connaitre amplement de ses façons de faire ?

J’ai donc eu mon retour au réel sous la forme d’un joli coup de pied en traître. En effet, dès le suivant Bureau national du parti il m’agresse parce qu’il ne sait plus quoi faire sous le choc des tirs de barrage que son incapacité à marquer la distance du PS avec la débandade de l’ouverture lui vaut de tous côtés. "Tu pleurniches" me lance-t-il parce que je montrais l’ampleur des dégats que font les ralliements de l’ouverture alors que lui voudrait minorer le problème qui le touche de trop près. J’avais conclu qu’il fallait "cogner". Drôle de vision de la pleurnicherie ! Naturellement les insultes de Hollande n’ont pas plus de valeur que n’importe quoi venant de lui.

Je ne mentionne cet épisode que pour montrer pourquoi nous sommes dans une impasse totale. Plus rien n’a de valeur entre nous sur le plan des relations humaines à la direction de ce parti. Avec un tel leader, rien n’a de force : ni un texte , ni un accord, ni une méthode de travail. Tout est piège, faux semblant, coup tordu. Hollande dissout tout, rigole de tout, ne respecte rien. Du coup, par exemple, je mets de l’eau dans mon vin à propos de Lang. En effet, je découve en lisant ses déclarations que celui-ci avait pris contact avec Hollande et qu’il l’avait lui-même informé de ce qui se passait à propos de cette commission mise en place par Sarkozy sur la réforme de la Constitution. Or j’avais posé la question en bureau national pour savoir si nous avions des informations à propos de Jack Lang ! Et Hollande avait répondu par une pirouette.

Je me demande si nous ne sommes pas victime d’une de ces manipulations avec lesquelles Hollande pourrit toutes nos relations. Peut-être Hollande a-t-il en fait encouragé Lang. Peut-être ne l’a t-il nullement dissuadé. Peut-être même l’a-t-il poussé à accepter pour mieux brouiller les cartes. Le démolir une fois entendu le tollé des camarades au moment où on apprenait qu’en plus du reste Strauss Kahn partait au FMI avec l’appui de Sarkozy, devenait alors une concession sans frais. Car, Lang est une cible peu couteuse pour Hollande. Il peut faire des actes d’autorité sur son dos sans qu’il lui en coûte. D’ailleurs la fédération du Pas de Calais n’ouvre pas la bouche pour défendre son député. Sinon Hollande serait moins allant, c’est sûr. C’est d’ailleurs le sens de sa méthode de provocation continuelle avec moi en bureau national. Il pense que cela ne lui coûtera rien. Il pense que depuis le référendum sur la Constitution, après qu’il m’ait interdit d’entrée au Secrétariat National, ma stigmatisation sert sa logique d’appareil. Mais quand quatre de ses clients ordinaires dont un de ses intimes décident d’aller participer a un gouvernement de la droite, il va de soi que ses façons de faire prennent un tout autre relief. Cela va bientôt se voir plus clairement.

VAINE MUSIQUETTE

Une autre musique lamantable est celle de la rénovation. " la rénovation, la refondation, la réinvention, comme on voudra" a déjà ironisé le grand François Hollande. Et comme tous les autres il en rajoute. Tous font choeur : : "il faut dépoussiérer, aérer, etc tout reposer a plat". J’ajoute pour être dans le ton : "il faut penser sans tabou, revoir le logiciel, penser du neuf !" "Et je tiens a préciser fermement ma pensée : "le monde a changé, il faut en tenir compte", "tout bouge, nous ne pouvons pas rester inertes". Je pense n’avoir oublié aucune des figures imposées de cet exercice ridicule. Vous aurez noté qu’ici pas mieux que mes chers camarades "modernes" et "rénovateurs", je ne dis un mot du sens dans lequel il faut faire changer ce qui doit changer.... C’est tout leur art. Parler beaucoup et ne rien dire de précis. Cette figure de réthorique porte un nom un peu compliqué : ça s’appelle du "méta-discours", c’est à dire un discours à propos du discours. Le fond de l’affaire est le suivant : il s’agit pour eux d’accompagner le mouvement qu’ils croient avoir vu dans la société, vers la droite. Regardez attentivement ce que disent tous ces rénovateurs qui se bousculent au portillon de la modernité. Oui regardez de près. Entre le vide des mots, les gros sabots du blairisme à la française.


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