Long entretien avec Evo Morales, président de la Bolivie renversé par un complot militaro-policier oligarchique

dimanche 8 décembre 2019.
Source : Bolivar Infos
 

" Nous soutenons tous les plus humbles de notre chère terre."

Evo Morales a évoqué dans une conversation avec Página/12 des héros de l’histoire comme Tupac Katari, l’aymara rebelle qui, avant d’être exécuté, en 1781, a dit : « Je reviendrai et je serai des millions. » ou comme un autre aymara, Zárate Willka, qui a dirigé un soulèvement contre les conservateurs en 1899 mais il a surtout fait une annonce : pour contribuer à la pacification de la Bolivie, il ne sera pas candidat aux prochaines élections.

Pendant que se déroulait ce reportage, dans la soirée de samedi 23 novembre, les groupes parlementaires du Mouvement Vers le Socialisme finissaient de négocier un projet de convocation rapide de nouvelles élections et les mouvements sociaux signaient un accord pour que cesse la répression. A ce moment-là, les enfants d’Evo, Evaliz et Álvaro, étaient déjà arrivés en Argentine en tant que réfugiés après des démarches effectuées par Alberto Fernández.

Je remercie le peuple argentin et ceux qui ont garanti leur présence, a dit Evo. Jusqu’à 4 heures du matin, heure bolivienne, je suis resté éveille pour suivre les événements et heureusement, il n’y a eu aucun problème.

Si les enfants d’Evo Morales sont déjà arrivés en Argentine, certainement, ils seront présents le 10 décembre quand Alberto Fernández sera investi. Le père viendra ?

J’ai reçu une invitation publique. Que ce serait beau... Ce serait une fierté et un honneur d’accompagner l’investiture du président. Nous allons consulter les camarades. En outre, l’Argentine est plus près de la Bolivie et je pourrai remercier encore une fois mon frère Alberto Fernández pour sa solidarité. C’est l’un de ceux qui m’ont sauvé la vie et il a sauvé la vie d’Álvaro et de l’équipe qui m’accompagnait le dimanche 10 novembre et le lundi 11. J’ai de la tendresse, du respect et de l’admiration pour lui. Un jour, nous pourrons parler en détails de ce que nous avons vécu ce lundi 11 novembre sur les sentiers de la forêt du Département de Cochabamba.

Le Sénat a déjà trouvé un consensus sur un projet de loi pour organiser rapidement des élections.

Oui, il y a eu une réunion sous l’égide des Nations Unies, de l’Eglise Catholique et de l’Union Européenne. Le lendemain de mon arrivée au Mexique, j’ai demandé, lors d’une conférence de presse des médiateurs internationaux et des personnalités du monde entier pour aider à ramener la paix en Bolivie. Par chance, cette réunion a eu lieu, à laquelle a participé le gouvernement de fait de (Jeanine) Añez. Le Mouvement Vers le Socialisme représente les 2 tiers des sénateurs et des députés. Nous allons faire tout notre possible pour l’unité et pour que la paix revienne, je renonce à être candidat.

Malgré le résultat des élections du 20 octobre dont le MAS est sorti premier ?

Oui. Et je veux dire que nous n’avons pas volé cette victoire. Mon grand délit est d’être indien et surtout d’avoir nationalisé les ressources naturelles comme les hydrocarbures. Je me souviens parfaitement que quand j’ai nationalisé et que les entreprises m’ont dit qu’elles n’investiraient plus, mon frère Néstor Kirchner m’a appelé et m’a dit : « Si les transnationales pétrolières n’investissent plus, l’Argentine, oui, va investir en Bolivie. » J’ai de grands souvenirs de la lutte pour la dignité et l’indépendance des Etats, pour la dignité et l’identité de nos peuples.

Vous parlez de la pacification

Je vais faire tout mon possible pour ramener la paix en Bolivie. Je renonce à me présenter bien que j’ai eu le droit d’être candidat à la Présidence. Je ne fais pas de réclamation. J’ai dit que je renonce pour qu’il n’y ait plus de morts, plus d’agressions. Frère journaliste, sais-tu pourquoi nous avons démissionné, le soir du dimanche 10, avec mon frère García Linera ? Parce qu’ils avaient pris mes frères dirigeants, militants, gouverneurs des départements, maires et qu’ils leur avaient dit qu’ils brûleraient leur maison si je ne démissionnais pas. Au frère du président de la Chambre des Députés, ils ont dit : « Si ton frère ne démissionne pas, nous allons te brûler sur la place. » Il sont brûlé la maison de ma sœur à Oruro. Du racisme au fascisme et du fascisme au putschisme. C’est ce qui s’est passé en Bolivie. C’est pourquoi je cherche l’unité et la pacification. C’est ce que j’ai dit à nos groupes. Je leur ai annoncé que pour cette fois, nous renoncerions, Álvaro et moi, à être candidats à la présidence et à la vice-présidence.

Quitterez-vous le Mexique et rentrerez-vous en Bolivie ?

Beaucoup souhaiteraient rentrer en Bolivie mais je veux qu’on sache que du Nord, on nous a fait savoir que les Etats-Unis ne veulent pas que je rentre en Bolivie. Le Gouvernement putschiste ne le veut pas non plus. Mais même si c’est un Gouvernement de fait, il doit garantir la vie non seulement d’ Evo mais de tout le monde. Maintenant, en Bolivie, on discute une loi sur les garanties. Il y a des gens en prison. Un en prison parce qu’il conduisait sans permis. Un autre, à Cochabamba, pour avoir crié « La Patrie ou la mort, nous vaincrons ! », est aussi en prison. C’est une chasse. On n’a pas donné de sauf-conduits aux ministres qui sont à l’ambassade d’Argentine ni à ceux qui sont à l’ambassade du Mexique. Est-ce que c’est une façon d’appliquer le droit ? Je le répète : avec tant de tirs de balles, avec tant de répression, momentanément, ils occupent le pouvoir politique mais c’est la fin.

Pensez-vous quitter votre refuge mexicain pour un refuge argentin ?

Je ne l’exclut pas. Je veux être plus près de la Bolivie. Mon frère et ma sœur Fernandez m’ont toujours aidé. Jamais ils en m’ont abandonné. J’ai beaucoup de bons souvenirs de l’époque où ma sœur Cristina était Présidente. Une fois, il manquait de la farine pour le pain. Nous importions 70% ou 80% de la farine des Etats-Unis et du Canada. Jamais, nous n’avions produit de farine. Comme un jour il a manqué de la farine et que tout le monde allait dire que j’étais responsable du manque de pain, je l’ai appelée et je lui ai dit : « Soeur Cristina, vous devez me vendre du blé. » Elle m’a répondu : « Evo, tout est déjà engagé. » Je ne sais pas ce qu’elle a fait mais un jour, nous avons reçu en Bolivie du blé et de la farine. Nous avons travaillé de façon solidaire. S’ils ne m’ont jamais abandonné, ils ne vont pas m’abandonner dans ce moment si difficile que vit la Bolivie, avec tellement de morts, de blessés, d’arrestations injustes. On sort des problèmes par la coopération. Je me souviens de la tentative de coup d’Etat de 2008. Grâce à l’aide de l’UNASUR, nous avons vaincu le putschisme.

Quelle a été la cause de ce dernier coup d’Etat ?

Qu’ils n’acceptent pas notre politique économique et nos programmes sociaux. Ils n’acceptent pas que nous, les indigènes et les mouvements sociaux, changions la Bolivie comme nous avons commencé de le faire avec l’industrialisation. Notre grand projet était d’industrialiser le lithium. Alors, les transnationales et certains groupes du Chili n’ont pas voulu que nous continuions. Malheureusement, en plus, ils ont agi avec violence. Ils ont payé 300 Boliviens por agresser, pour couper des rues. Je suis étonné que les groupes qui occupent le pouvoir économique fassent de al politique de cette façon. Mais eu importe. Je veux dire à travers ce média si connu dans le monde entier, dans toute l’ Amérique Latine, que nous allons bientôt revenir. Il y a des gens qui ne peuvent toujours pas croire que le commandant de la Police Nationale ou le commandant des Forces Armées fassent partie d’un coup d’Etat. Un coup d’Etat qui a fait 32 morts. Tués par balles ! Il y a aussi 700 blessés par balles, plus de 1000 arrestations. Imaginez combien de morts, combien de veuves, de veufs, combien d’orphelins. Des enfants tués par balles... Un coup d’Etat dans le style des dictatures. Je veux dire aux frères d’Argentine qu’avec Evo ou sans Evo, nous allons reprendre notre révolution démocratique et culturelle.

Le dimanche 10 novembre, le général Williams Kaliman, qui a démissionné ensuite et s’est installé aux Etats-Unis, a formulé en public la fameuse « suggestion » que vous deviez démissionner. Est-ce que ça a été une surprise ?

Le 7 août, à l’anniversaire des Forces Armées, il s’était déclaré en faveur du processus de changement et anti-impérialiste. Je ne sais pas si son changement est dû à l’argent ou à la lutte des classes. Tôt ou tard, les Forces Armées et le peuple identifieront les ennemis de notre chère Bolivie. J’ai équipé les Forces Armées. Quand je suis arrivé à la Présidence, en 2006, elles n’avaient s-qu’un hélicoptère, aujourd’hui, elles en ont 24. Et certains de ces équipements, achetés avec l’argent du peuple, tirent et tuent mes frères. Cela me fait beaucoup de peine.

Avant et après le coup d’Etat, ils ont accusé votre Gouvernement d’avoir commis des fraudes aux élections du 20 octobre.

Je veux que le monde sache que le dimanche 10 novembre, au matin, l’OEA s’est jointe au coup d’Etat. Elle l’a fait avec un soi-disant rapport préliminaire alors qu’auparavant, elle avait décidé avec notre chancelier qu’elle présenterait son rapport final le mercredi 13. Je dispose de rapports étrangers. Ils démontrent qu’il n’y a pas eu de fraude. L’un de l’Université du Michigan, l’autre du Centre de Recherches Economiques et Politique de Washington. Hier, j’ai eu une longue réunion avec le Centre Carter. J’ai parlé avec des frères très proches du Pape François et avec des fonctionnaires des Nations Unies et je leur ai demandé de mettre en place une Commission de la Vérité pour faire une enquête approfondie. Nous allons démontrer qu’il n’y a pas eu de fraude.

Est-ce que vous faites cette demande pour invalider l’appel à de nouvelles élections ?

Non. Je suis sincère : cet appel est déjà en route. Mais je veux prouver au monde entier que l’OEA a pris le parti des groupes de pouvoir conservateurs qui n’ont jamais voulu l’Indien, leur Patrie, qui sont contre les programmes sociaux. Nous avons réduit la pauvreté. Nous allons dire notre vérité en Bolivie et dans le monde entier. L’OEA ne peut être un instrument des puissants.

Vous avez parlé de racisme et de fascisme. Ont-ils augmenté ?

Je pensais que l’oppression et l’humiliation étaient terminées. La Bolivie avait une nouvelle Constitution. Mais je vois avec surprise les expressions des militants civils de Luis Fernando Camacho en Santa Cruz. La Bible ne peut pas être utilisée pour la haine. Ce ne sont pas tous les habitants de Santa Cruz, évidemment, qui ont appelé à identifier les ennemis et à les tuer en utilisant des tueurs à gages. Mais je sais que des réunions de militants civils, avec 20 000 ou 30 000 personnes, commençaient en priant et finissaient en criant : “Evo, salaud !” C’est du racisme. Ils humilient les humbles. Nos sœurs Indiennes. Ils insultent dans la rue les gens humbles et les traitent de “kolla”. C’est comme ça qu’on arrive au fascisme. Ils identifient la maison d’un député ou d’un gouverneur du MAS et ils la brûlent. Et la police ne procure aucune sécurité. Le prétexte est qu’il y a des Cubains. Mais les Cubains, gratuitement et sans conditions, au contraire des Etats-Unis qui ont toujours posé des conditions à l’assistance du fonds Monétaire International, ont apporté leur aide. Nous, nous construisons de hôpitaux et nous recevons la collaboration des médecins cubains. Je me souviens d’une conversation entre Hugo Chávez et Fidel. Fidel disait : « Hugo, nous allons mettre au point un programme pour opérer gratuitement 100 000 Latino-américains de la vue. » Fidel semblait fou. C’étaient des opérations qui pouvaient coûter 3 000 ou 4 000 dollars. Mais les médecins sont venus en Bolivie et ils ont opéré. L’Etat l’a fait gratuitement. Maintenant, les groupes racistes n’ont pas seulement trouvé le prétexte de la présence cubains, ils ont brûlé des institutions éducatives créées avec l’argent du peuple. Comment peut-on comprendre cela ? Comment peut-on comprendre que dans la zone du Tropique, ils aient persécuté des députés ? C’est une dictature. Ils ont déchiré les vêtements de notre sénatrice Adriana Salvatierra alors qu’elle allait entrer à l’assemblée. Une jeune de 30 ans… La Place Murillo encerclée par des tanks ! Ça m’a rappelé quand j’ai fait mon service militaire dans les Forces Armées en 1978 et que mon commandant Daniel Padilla Arancibia est devenu président. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Des coups d’Etat et des coups d’Etat...

quelle sera la façon de donner une réparation aux agressions ?

Nous n’avons jamais été revanchards. Pendant la lutte pour l’indépendance, Tupac Katari disait que les blancs des villes aussi devaient s’organiser en ayllus, qui étaient la structure orgnaique de cette époque. Aujourd’hui, ce serait le syndicat agricole. Tous ensemble, isl ont combattu pour notre indépendance, pour notre vie en communauté, dans la solidarité, l’Harmonie entre les être humains et en harmonie avec la Terre Mère. Et pendant la République, un autre frère indigène, Zárate Wilka, a appelé à faire une alliance avec les blancs des villes pour défendre nos droits et nos ressources naturelles. Le mouvement indigène n’a jamais été raciste et encore moins fasciste. Et quand il y a la pauvreté, tous, nous nous réunissons et nous nous unissons. Nous avons toujours été très tolérants. Eux non. La droite est comme ça. Une camarade m’a appelé et m’a raconté qu’ils veulent éliminer le programme de logement pour les mères seules. On l’a informé qu’ils veulent privatiser BOA, Boliviana de Aviación. Quand nous avons nationalisé, le camarade Kirchner m’a envoyé des techniciens d’ Argentine pour nous aider. Nous ne savions même pas comment constituer une entreprise publique. BOA est arrivé à faire des bénéfices et maintenant que c’est fait, ils vont la privatiser. Ce n’est pas seulement un affrontement idéologique. C’est aussi programmé : ce Gouvernement n’est pas un Gouvernement de transition mais un Gouvernement de fait qui ne respecte même pas ce qui est prévu par la constitution.

Quel sera l’axe de campagne électorale du MAS ?

Il reviendra sur le passé, parlera du présent et donnera de l’espoir aux générations futures. Sur mes presque 14 ans de gouvernement, la Bolivie a eu le plus fort taux de croissance de l’Amérique du Sud pendant 6 ans. Frère journaliste, deux choses me font de la peine dans ce coup d’Etat. Les morts me font de la peine et la façon dont, en un court laps de temps, ils ont déjà commencé à détruire l’économie. On l’a informé qu’il y a déjà eu une dévaluation. Le dollar est passé au-dessus de 7 boliviens. Nous, nous prenons bien soin de l’économie grâce aux techniciens et aux camarades économistes. Des professionnels et des patriotes. Un jour, un organisme international a offert du travail au ministre de l’Economie, Lucho Arce. Ils devaient le payer 18 000 dollars par mois. En tant que ministre, il gagnait un peu plus de 2 000 dollars : Il a dit : « Moi, je suis pour la Patrie, je reste ici. » et on a continué à travailler. Nous sommes venus pour la Patrie et pas pour l’argent. Beaucoup de membres du cabinet auraient pu gagner beaucoup d’argent à l’étranger. Une fois, j’ai dit à Arce : « va-t-en et donne-nous la moitié pour la campagne et la moitié pour vous. » Et quand notre frère Arce était malade, nous l’avons aidé. Il en avait besoin. Nous ne nous sommes pas enrichis au Gouvernement. Je suis sûr que mes frères s’organiseront. Il y a beaucoup de conscience politique pour affronter cette situation.

Vous avez parlé du lithium. L’uranium de la Bolivie est-il aussi tentant ?

Surtout le lithium. Et le zinc. Nous sommes déjà en train de terminer le cycle industriel du fer pour en finir avec l’importation. Nous avons fait la même chose avec les engrais. Avant, nous en importions 100%. Maintenant, nous en exportons 350 000 tonnes au Brésil, au Paraguay et dans les régions voisines. Nous sommes en train d’achever la grande usine de carbonate de lithium. Nous en avons déjà produit 400 tonnes. Les groupes de l’opposition intérieure ne comprennent pas comment l’Indien peut être capable d’industrialiser la Bolivie. Comment les mouvements sociaux et les professionnels patriotes peuvent-ils le faire ?

Avez-vous parlé avec des membres des familles des morts ?

J’ai parlé avec certains. Ecouter pleurer te fait pleurer. J’étais loin mais j’ai essayé d’aider en répondant à des amis très solidaires. Certains n’avaient même pas de quoi payer le cercueil. D’autres étaient hospitalisés. Nous avons toujours aidé les gens humbles.

Et les nouvelles élections ?

Le sujet de la Loi sur les Garanties n’a pas encore trouvé de consensus mais notre groupe espère que l’Assemblée l’approuvera et que la présidente autoproclamée Añez la promulguera. Cette loi garantit les nouvelles élections et ce serait un instrument très important pour ramener la paix en Bolivie. Après, il y faudra chercher des programmes pour réconcilier le peuple bolivien.

Espérez-vous qu’Añez s’engagera à ne pas ordonner à nouveau la répression ?

Nous espérons que les morts tués par balles éveillent la conscience des autorités du Gouvernement de fait. Que tant d’arrestations adoucissent les consciences. Qu’il n’y ait plus de morts ni de blessés. Que les camarades sortent, parce qu’ils sont en prison à cause de preuves déposées. Il y a un procureur que je connais. Il avait un double salaire, un du Ministère Public et un autre de l’ambassade des Etats-Unis. L’ambassade le payait plus. La DEA avait un avocat. Maintenant, il est vice-ministre de la Défense Sociale. Peut-être est-ce un message et ils veulent que la base militaire des Etats-Unis revienne. C’est pourquoi j’ai dit que je veux rafraîchir la mémoire et voir ce qui se passe. Et je veux en profiter pour saluer tous les frères et toutes les sœurs de Bolivie qui sont en Argentine. Là, nous avons gagné à 70% ou 80%. Nous avons beaucoup travaillé sur les problèmes de la résidence quand notre frère Alberto Fernández était chef de cabinet de Kirchner et de Cristina. Nous soutenons tous les plus humbles de notre chère terre.

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos


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