A Vienne, malgré les pressions de l’Union européenne, la Bolivie tient bon sur la nationalisation de ses hydrocarbures

vendredi 12 mai 2006.
 

Dans le contexte de toute puissance américaine et capitaliste que connaît notre planète en ce début de 21ème siècle, ce qui s’est passé en Bolivie le 1er mai 2006 apparaît comme un défi phénoménal. Cela ressemble à un bon western social à épisodes :

1) Quelques minutes avant midi, un écran fixe annonce à la télévision publique :" Le gouvernement populaire d’Evo Morales va signer dans un instant le décret de nationalisation des hydrocarbures".

2)Aussitôt, l’armée bolivienne prend le contrôle militaire des 56 champs gazifères et pétrolifères du pays. C’est la panique dans les hautes sphères des multinationales.

3) A midi, Evo Morales annonce la nationalisation dans un meeting public du 1er mai, attitude ô combien symbolique et contradictoire avec la "victoire historique définitive du capitalisme" tant claironnée depuis 20 ans.

4) Les multinationales n’ont pas encore fini de ravaler leur salive ; elles comptaient sur une nationalisation "symbolique". Là, le décret de nationalisation impose un contrôle sur la production et une reversion de 82% des bénéfices à l’Etat.

5) Les Etats unis entreprennent aussitôt de faire pression mais aussi l’Union européenne, le Brésil de Lula, l’Espagne de Zapatero ( ces deux pays défendent l’intérêt de leurs compagnies Petrobras et Repsol).

6) Une alliance se consolide entre Cuba, Vénézuéla et Bolivie pour un "Traité de Commerce des Peuples".

7) Jeudi 11 mai, au sommet UE-Amérique latine à Vienne, l’Union européenne attaque à nouveau la Bolivie sur la nationalisation des hydrocarbures, le président Evo Morales écartant toute indemnisation et la présidence autrichienne lui demandant de "clarifier" ses positions.

8) Evo Morales a déclaré à la presse que les compagnies étrangères "ont le droit de récupérer leur investissement" après la nationalisation des hydrocarbures mais elles ne seront pas forcément "indemnisées". Mme Plassnik a alors jugé "important que le gouvernement bolivien fasse la clarté sur ses intentions et sur son comportement et qu’il rende prévisibles" ses actions.

9) Dans la soirée, la Commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a aussi mis en garde la Bolivie : "Tous les pays ont le droit de gérer leurs propres ressources naturelles, mais, lorsqu’il y a des contrats écrits, un dialogue est nécessaire avec les pays qui ont investi", a-t-elle déclaré.

Sinon "un manque de confiance s’installe qui entraîne un manque d’investissement, lequel entraîne à son tour une absence de croissance et d’emploi", selon elle.

10) Les précisions d’Evo Morales vont montrer son attachement au bien commun, à l’intérêt des populations et non à celui des rentiers. Pour lui, lorsqu’une multinationale a déjà empoché beaucoup plus de profits que d’argent investi, qu’est-ce qui justifierait une "indemnisation" supplémentaire ?

11) le président antiaméricain du Venezuela, Hugo Chavez, gros exportateur de pétrole, non seulement il soutient Morales mais il doit s’adresser samedi, sur place, à Vienne à un sommet "alternatif" avec des personnalités alter-mondialistes.

12) Ce contre-sommet social, qui dénonce les tendances néo-libérales, s’est ouvert dés mercredi avec un "Tribunal populaire" pour juger symboliquement des multinationales européennes. Jean Luc Mélenchon en était un des principaux orateurs ; nous en rendrons compte demain sur notre site.


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