Macron recadré par la Cour de Cassation après ses propos sur l’affaire Sarah Halimi

mercredi 29 janvier 2020.
 

Face à la communauté française en Israël, Emmanuel Macron estimait il y a quelques jours qu’un procès était nécessaire pour le meurtre en 2017 de Sarah Halimi, sexagénaire juive frappée et défenestrée par l’un de ses voisins, depuis jugé pénalement irresponsable. Une prise de position que n’ont pas appréciée les magistrats, qui y voient une tentative d’ingérence.

La mise au point est d’autant plus sévère qu’elle est rare. Dans un bref communiqué, les plus hauts magistrats de France ont réagi lundi aux déclarations d’Emmanuel Macron sur le "besoin" d’un procès dans l’affaire Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée en 2017.

"La première présidente de la Cour de cassation et le procureur général près cette Cour rappellent que l’indépendance de la justice, dont le président de la République est le garant, est une condition essentielle du fonctionnement de la démocratie", indiquent Chantal Arens et François Molins. "Les magistrats de la Cour de cassation doivent pouvoir examiner en toute sérénité et en toute indépendance les pourvois dont ils sont saisis", ajoutent-ils.

Jeudi à Jérusalem, en marge des cérémonies pour le 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, le chef de l’Etat avait longuement évoqué la décision de la cour d’appel de Paris qui a déclaré pénalement irresponsable le suspect du meurtre de Sarah Halimi.

Tout en affirmant qu’il ne pouvait commenter ouvertement une décision de justice - "Je ne peux vous parler avec le cœur, car le président est le garant de l’indépendance de la justice" – Emmanuel Macron s’est exprimé en détail sur cette affaire en cours devant la communauté française en Israël. "Un pourvoi en cassation a été formulé et constitue une voie possible", a-t-il dit, soulignant que la justice française avait "reconnu le caractère antisémite de ce crime". Si "la responsabilité pénale est affaire des juges, la question de l’antisémitisme est celle de la République", a-t-il ajouté. "Même si à la fin le juge décidait que la responsabilité pénale n’est pas là, le besoin de procès est là."


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