Suite à l’affaire Griveaux, le 1er secrétaire du PS demande la démission de Castaner

mardi 25 février 2020.
 

1) Quand Castaner étale l’intimité d’Olivier Faure... pour défendre celle de Benjamin Griveaux

Source : https://www.lefigaro.fr/vox/politiq...

Invité sur France Inter ce mercredi matin, le ministre de l’Intérieur s’est « étonné » des « leçons de morale » d’Olivier Faure, et a fait allusion à la vie privée du premier secrétaire du PS. Pour Arnaud Benedetti, il s’agit d’une grossièreté doublée d’une hypocrisie.

Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne et rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire. Il a notamment publié Le coup de com’ permanent (éd. du Cerf, 2018).

Le ministre de l’Intérieur a ouvert un peu plus largement encore la boîte de Pandore, et avec une rare décontraction, en visant implicitement le premier secrétaire du PS sur sa vie privée. Christophe Castaner a déclaré lors de son intervention matinale sur France Inter : « j’ai été surpris d’entendre à votre micro Olivier Faure, que je connais bien et que j’ai accompagné dans ses divorces ». Et d’ajouter sur le ton du sous-entendu : « j’ai été étonné de ses leçons de morale ».

Une allusion grossière, qui infirme en quelques secondes l’indignation outragée de la macronie après la diffusion de la vidéo intime de Benjamin Griveaux. Christophe Castaner a opté pour l’insinuation pointilliste, à l’instar d’un Fouché 2.0, exhibant à contretemps et à contre-emploi ce qu’il sait de son ancien « camarade » du Parti socialiste.

Olivier Faure, non sans raison, n’a de son côté que rappelé ce que Serge July, dans d’autres termes plus crus (« Griveaux est un con ») avait pointé du comportement de l’ancien candidat à la mairie de Paris. Le problème n’était pas moral, il était professionnel. À l’heure de la viralité brownienne et de la visibilité métastatique, Benjamin Griveaux a commis une imprudence, ce que mezzo voce ou non, chacun s’accorde à reconnaître.

L’observation acerbe et sibylline que prodigue le locataire de la Place Beauvau au leader du PS, au détour d’une petite phrase dont l’inélégance le dispute pour le coup à la faute morale, est d’autant plus grave qu’elle est émise par un ministre, et pas n’importe lequel en l’occurrence, celui de l’Intérieur ! Elle est non seulement hors de propos mais profondément inconséquente quant aux principes de respect de la vie privée que ne cessent d’exciper les cadres dirigeants de la majorité depuis le déclenchement de cet improbable moment. À moins de considérer que celui qui incarne une part du « monopole de la violence physique légitime » confonde avec désinvolture l’ordre public et l’intime, la déclaration de Christophe Castaner traduit d’abord un mélange d’insolente légèreté et d’étonnante fébrilité pour un pouvoir qui avait fait de la maîtrise de la com’ l’un des emblèmes d’acier de sa relation à l’opinion.

Ce nouvel incident relèverait de l’anecdote si le capital politique du ministre de l’Intérieur n’était pas aussi entamé déjà par un « historique » à forte teneur polémique. Des déclarations à l’emporte-pièce à l’aube de la crise des « gilets jaunes » jusqu’à la gestion contestée de l’usage des forces de police lors de ces mobilisations, le détenteur du portefeuille de l’Intérieur constitue un émetteur fragilisé, à la parole fortement allergisante mais dont la position institutionnelle ne peut manquer d’être interprétée et scrutée. Intentionnels ou non, les mots du ministre disent les maux du pouvoir : s’il s’agit d’une maladresse de comptoir, c’est à nouveau le signe d’un amateurisme dont la réitération n’en finit pas d’éroder la crédibilité de l’exécutif ; si l’intentionnalité est manifeste, orchestrée, le registre relèverait alors d’une menace en sous-sol à l’endroit de celles et ceux qui oseraient bousculer de trop près la première ligne de la macronie.

Immanquablement, la sortie de Monsieur Castaner crée la confusion, le trouble. Elle est contestable dans tous les cas car elle empiète, enveloppée de tous les oripeaux de la parole d’État, sur la vie privée d’un opposant. Cela, au moment même où la majorité se plaint du non-respect de l’intimité de l’un des siens... C’est là une illustration supplémentaire de la crise, pour ne pas dire de la dégénérescence de l’esprit public.

2) Vidéo de la prise de position de Christophe Castaner

http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

3) Le 1er secrétaire du PS demande la démission de Castaner pour avoir évoqué publiquement ses divorces

Source : https://www.closermag.fr/politique/...

Ce mercredi 19 février 2020, Christophe Castaner était invité sur la matinale de France Inter. Alors que le ministre de l’Intérieur a évoqué la vie privée du député Olivier Faure, ce dernier l’a accusé de faute grave lors d’une conférence de presse cet après-midi.

Lundi 17 février 2020, Olivier Faure était invité sur la matinale de France Inter afin de réagir sur l’affaire de la vidéo à caractère sexuel de Benjamin Griveaux. Le député a ainsi déclaré : "Quand vous êtes un homme ou une femme publique, un décideur public, un ministre, vous devez prendre toutes les précautions d’usage pour ne jamais être à la portée des maîtres-chanteurs." Également invité sur la matinale de France Inter, Christophe Castaner a souhaité réagir face aux propos d’Olivier Faure : "Les politiques doivent rester des femmes et des hommes, sinon ils se coupent de la réalité (...) J’ai été surpris d’entendre Olivier Faure à votre micro. Je le connais bien à titre personnel depuis longtemps, je l’ai accompagné dans ses divorces et ses séparations. J’ai été étonné de ses leçons de morale."

Suite à ces propos, Olivier Faure a décidé de mener une conférence de presse ce mercredi 19 février afin de réagir à la saillie du ministre de l’Intérieur. En effet, le député de Seine-et-Marne assure qu’une attaque sur sa vie privée n’était pas nécessaire : "Ce matin, une ligne rouge a été franchie. Le fait pour un ministre de l’Intérieur de chercher à intimider l’un des dirigeants de l’opposition en ayant recours à des insinuations relevant de sa vie privée est une atteinte au fondement de la démocratie." Selon le patron du PS, Christophe Castaner a "commis une faute grave." Il invite pour cela le président de la République, Emmanuel Macron à "convoquer le ministre de l’Intérieur dans les meilleurs délais et en tirer les conséquences."


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