L’exemple du 93 : Ni pardon, ni oubli

samedi 25 avril 2020.
 

L’exemple du 93 est éclairant. Il montre combien une épidémie touche plus violemment les classes populaires avec + 60 % de morts par rapport à la moyenne nationale.

Nous n’avons pas à pardonner des gens qui continuent à envahir les médias de leurs mensonges et de leur morgue. Technique classique de manipulation de l’opinion : le contre-feu… Le coupable accuse la victime, suffisamment pour créer le doute et rester à l’abri. Il n’y a qu’à voir comment d’autres pays, avec une densité de population plus importante (Allemagne, Hong Kong) ou des moyens financiers moindres (Vietnam), ont moins de victimes qu’en France. C’est tellement plus simple d’accuser les habitants des quartiers populaires de ne pas respecter les mesures barrières que d’attaquer frontalement les politiques (et leurs financeurs) qui ont saboté patiemment la santé publique…

Non, les coupables et leurs chiens de garde envahissent – sans aucune honte – les plateaux télé de leur crétinisme et de leur morgue. Sans doute qu’ils n’ont aucune idée de ce que c’est d’habiter un appartement surpeuplé, où parfois une famille en héberge une autre pour que celle-ci ne soit pas à la rue. Donc, nous ne pardonnerons pas au nom de l’unité nationale, de l’union sacrée pour la reconstruction d’une planète ruinée par le capitalisme. Oui nous polémiquons dès maintenant, parce que nous voulons mettre en évidence les résultats concrets des différentes politiques capitalistes menées jusqu’à maintenant.

Quelques éléments chiffrés…

En 1980, la France possédait 11 lits d’hôpital (tous services confondus) pour 1000 habitants. Aujourd’hui nous en sommes à 6 lits pour 1000 habitants… En 1970, aux États-Unis : 7,9 lits pour 1000 habitants. 2,8 en 2016… En 1980 en Italie, 922 lits réservés pour les « cas sérieux » pour 100 000 habitants. 275 aujourd’hui…1 Par rapport à la France, l’Allemagne possède 50 % de lits en plus et le double de lits de réanimation par habitant.2

« La crise de l’épidémie de bronchiolite à l’automne 2019, pendant laquelle les réanimateurs pédiatriques durent transférer des nourrissons à plus de deux cents kilomètres de leur domicile parisien faute de lits et de personnel, annonçait la catastrophe. »3

Nous n’oublierons pas non plus. Nous appelons tous nos lecteurs et lectrices à enregistrer toutes les horreurs que professent ces criminels, mais surtout toutes les décisions qu’ils ont prises pour détruire la santé publique et leur absence totale de compétence pour ralentir l’épidémie… Nous n’oublierons pas, parce c’est sur cela qu’ils comptent pour nous jurer la main sur le cœur (qu’ils n’ont pas) que cela va changer. Ce coup-là, ils nous l’ont déjà fait après la crise des « subprimes »4… D’ailleurs, ils sont déjà en train de préparer l’opinion.« Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a prévenu, vendredi 10 avril, que le redressement de la France serait « long » et qu’il passerait « par le désendettement du pays ». « À la sortie de cette crise, il faudra faire des efforts », a-t-il affirmé sur Europe 1 . » (France Info 10/04/2020)« Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, estime qu’il faudra se poser la question « du temps de travail, des jours fériés et des congés payés« pour accompagner la reprise économique, une fois l’épidémie du virus Covid-19 terminée. » (Ouest-France 11/04/2020).

Que faire ?

Tout d’abord se rappeler que nous ne sommes pas dans un débat rationnel et argumenté entre « démocrates ». Non, les violences policières contre les manifestants en lutte contre les lois travail, contre les Gilets Jaunes, contre les manifestantes de la Santé ou celles des retraites… Les contrôles policiers dans les quartiers populaires5… La géolocalisation numérique de la population6. Les attaques contre les droits sociaux, au nom de la « guerre contre le virus »… Tout cela nous démontre que le gouvernement et le patronat se radicalisent. Si nous sommes en guerre, c’est une « guerre sociale ». La lutte des classes quoi ! Pour construire un autre monde d’après, un « Plus jamais cela 7 », il faut se poser dès aujourd’hui la question de l’urgence sociale qui va arriver : hyper inflation8, explosion du chômage etc. Très concrètement, « la France d’en bas », qui est en première ligne sur le front, va être la première à subir les conséquences du « capitalovirus ». Le très faible pouvoir d’achat, les difficultés pour payer les loyers, pour s’alimenter touchent déjà les classes sociales les plus pauvres9… D’autres couches de salariés, d’autoentrepreneurs, d’artisans vont être pris dans la tourmente d’une crise sociale et économique comme nous n’en avons jamais connue.

Nous n’avons pas de baguette magique, mais l’auto-organisation doit aussi se poser dès que possible dans les quartiers, dans les villes : • Moratoire pour les loyers avec au besoin localement des grèves collectives de loyers. • Aides alimentaires massives. Soutien et développement des épiceries sociales et solidaires. • Transports en commun gratuits • Comités de chômeurs et de quartiers pour garantir que les milliards de la BCE soient utilisés à la relance d’une production industrielle, écologique et sociale répondant aux besoins sociaux…10Là où des intersyndicales et comités de grève professionnels et interprofessionnels se sont créés contre la réforme des retraites, il y a matière à élargir les champs d’interventions. Soit en soutenant les initiatives locales existantes (amicales ou collectifs de locataires), soit en les aidant à se construire.

Rien ne se fera sans un rapport de force plus favorable au salariat et au peuple travailleur.

Si nous voulons changer le monde d’après (santé, éducation, services publics, socialisations des moyens de production), cela ne peut se faire que si la « France des Gilets Jaunes », du Peuple travailleur sont les moteurs… Et pour cela les syndicats, les associations, les organisations politiques et les collectivités territoriales doivent se colleter aux urgences sociales, tout en donnant une grille d’analyse contre le « capitalovirus »… Repolitiser le quotidien pour pouvoir le changer…

lundi 13 avril 2020 par Philippe Barre


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