Démissions de ministres, monnaie en chute libre... Bolsonaro très fragilisé

lundi 27 avril 2020.
 

24 avril, vers 11h du matin au Brésil télés et radios interrompaient leurs programmes pour diffuser en direct le discours de démission du désormais ex ministre de la Justice et de la Sécurité publique. 35 minutes qui feront date et durant lesquelles Sergio Moro a fustigé le président Bolsonaro.

Non, affirme Sergio Moro, je n’ai pas été informé du limogeage du directeur général de la police fédérale par la présidence de la république ; Oui, Jair bolsonaro, à plusieurs reprises m’a bien demandé en toute connaissance de cause des rapports d’enquête confidentiels. Des dossiers très compromettants pour les proches du président et notamment pour son propre fils, le député Eduardo Bolsonaro si l’on en croit la presse brésilienne.

Sérgio Moro, symbole fort de la campagne anti corruption “lava jato” a lâché une bombe : “l’autonomie de la justice et de la police est une valeur fondamentale”. Une façon pour lui de dénoncer publiquement l’ingérence du chef de l’état dans la gestion de la justice et qui doit rester autonome. On imagine que les murs du Planalto ont tremblé un peu avant midi ce 24 avril 2020 lorsque Sergio Moro a osé reconnaître que la séparation des pouvoirs entre la justice et l’état, imposée en son temps par le parti des travailleurs alors au pouvoir, entre le judiciaire avait été une excellente chose. Moro a conclu son intervention en précisant qu’il continuerait à servir son pays.

Des enregistrements compromettants pour Bolsonaro

En fin d’après-midi, entouré par la totalité de son gouvernement et dans un discours solennel, Jair Bolsonaro s’est dit déçu par son ex ministre. Jamais je n’ai demandé de protéger ma famille dans une quelconque enquête. Le numéro 1 brésilien a affirmé que son ex ministre aurait tenté un marchandage depuis plusieurs semaines. Le président de la République du Brésil a expliqué que Sergio Moro était prêt à valider le limogeage du chef de la police fédérale à la seule condition que lui Sergio Moro soit nommé à la cour suprême. Des propos aussitôt démentis avec vigueur par l’ex ministre qui a dit détenir les enregistrements de toutes ses conversations avec Jair Bolsonaro.

Ouverture d’une enquête à l’encontre de Bolsonaro

Mais un peu plus tard dans la soirée Moro mettait ses menaces à exécution en envoyant à la presse la preuve de ses échanges avec le chef de l’état. Dans l’un des messages, “Bolsonaro indique bel et bien à son ministre que l’enquête persistante de la police fédérale sur les députés alliés est une raison suffisante pour remplacer le directeur général”.

2 heures avant la publication de ce document accablant présenté en ouverture du journal national de la chaine Globo, le procureur général de la république du Brésil confirmait l’ouverture d’une enquête suite aux accusations du populaire Sergio Moro.

Un psychodrame suivi avec attention par la gauche

Impossible pour ce dernier de ne pas entendre les rumeurs d’impeachment en provenance de la Cour Suprême et d’un Congrès bien décidés à en découdre.

La question est de savoir à présent combien de temps Jair Bolsonaro résistera t-il à cette déferlante moins de 15 jours après le départ de son ministre de la santé ?

L’ex président Lula suit ce psychodrame avec la plus grande attention... Celui qui avait été mis hors de course et emprisonné par l’ex juge Moro en 2018 a déjà annoncé qu’il s’adressera directement à la population brésilienne le 1er mai prochain. Discours, certes, très attendu par ses partisans et une partie de la gauche brésilienne en mal de reconstruction et surtout de leadership.

Les marchés ont aussi très mal réagi à cette agitation politique avec une monnaie brésilienne plus que jamais en chute libre. Ce 24 avril 1€ s’échangeait contre 6,09 reais. Du jamais vu !


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