Le déconfinement à la sauce Macron : cafouillage et improvisation

vendredi 15 mai 2020.
 

Je voudrais d’abord adresser mes pensées solidaires à toutes et tous, et en particulier aux habitants de ma circonscription, à Aubervilliers et Pantin. Nous reprenons aujourd’hui une vie un peu plus normale que lors des semaines précédentes. Mais nous ne devons pas relâcher notre vigilance. N’oublions jamais que le COVID-19 est toujours parmi nous. L’incertitude plane quant à une possible deuxième vague de l’épidémie. La sécurité sanitaire de toutes et tous doit donc passer avant tout. Je souhaite à toutes et tous de pouvoir rester prudents. Pensons à protéger autrui comme nous nous protégeons nous-mêmes et nos proches.

Une stratégie de déconfinement hasardeuse et improvisée

L’étape que nous vivons aujourd’hui est d’autant plus marquée par l’incertitude que la stratégie que Macron et son gouvernement ont adoptée est hasardeuse. Le président a fixé arbitrairement la date du 11 mai, sans écouter les préconisations des scientifiques ni se soucier au préalable de l’ensemble des moyens nécessaires à la réussite du déconfinement. Il aurait fallu faire exactement le contraire : réunir d’abord toutes les conditions requises pour assurer la sécurité sanitaire — à commencer par la planification de la production et de la distribution des masques de protection — avant de fixer une date. C’est cette position que La France insoumise a défendue en proposant sa propre stratégie de déconfinement. Mais Macron n’écoute rien. Piétinant la démocratie parlementaire, il a fait adopter au pas de charge sa démarche par ses députés après un simulacre de débat. Résultat : aujourd’hui, dans beaucoup de secteurs, c’est l’improvisation généralisée. Et ce sont les citoyens qui risquent de payer le prix de cette politique de gribouille, en particulier en Seine–Saint-Denis.

Les masques ne sont toujours pas là

Premier symptôme de cette improvisation : le scandale des masques, qui n’en finit pas. Alors qu’ils sont indispensables pour se protéger, et qu’ils sont obligatoires, notamment dans les transports, sous peine d’une amende, ils ne sont toujours pas disponibles pour tous, et encore moins gratuits.

Le scandale des masques, c’est d’abord l’incapacité du gouvernement à planifier leur production : l’on apprenait ainsi hier que le gouvernement «  s’apprêtait à signer un contrat avec quatre entreprises pour augmenter la production de masques  » chirurgicaux en France. Il «  s’apprête  »  ! Au bout de deux mois de crise, et alors que nous sommes déconfinés. L’on anticipe une production de 50 millions de masques en octobre : à peine plus de ce qui est nécessaire pour les soignants et les personnels des Ehpad. Avec La France insoumise, nous réclamons depuis mars une planification de la production. Ce gouvernement ne fait rien, et se réveille après la bataille. Incompétence criminelle.

Les masques sont hors de prix

La distribution elle aussi cafouille. Les commerces sont loin d’être tous approvisionnés. Et la distribution par les pouvoirs publics connaît des ratés, faute d’organisation. Par exemple, la municipalité de Pantin a commandé 138 000 masques «  grand public  » en tissus, pour les 55 000 habitants de la ville. Mais tous ne les ont pas encore reçus dans leurs boîtes aux lettres, et n’en auront de toute façon pas assez pour toute leur famille. Loin de moi l’intention de blâmer la ville de Pantin, qui fait un effort appréciable avec ses moyens. C’est Macron et son gouvernement que j’accuse : eux qui auraient dû prendre leurs responsabilités et mettre à disposition les moyens de l’État, n’ont rien planifié, et ont laissé les maires seuls en première ligne.

Quant aux prix des masques, ils sont prohibitifs. J’avais déposé une proposition de loi visant à instaurer leur gratuité. Mais Macron et les siens sont restés sourds. Résultat, le commerce bat son plein : j’ai trouvé à Pantin des masques en tissus à 10 euros pièce  ; et dans les pharmacies de la ville, des boîtes de masques chirurgicaux à des prix allant de 30 à 45 euros le lot de 50 masques  ! Insensé  ! Et surtout, criminel : qui peut croire que les familles des villes populaires de Seine–Saint-Denis aient les moyens de s’équiper de façon suffisante à des tarifs pareils  ! Le gouvernement fait le jeu des profiteurs, et expose les classes populaires au risque sanitaire.

Dans les transports franciliens, les consignes sanitaires sont inapplicables Exposés, les habitants des villes populaires de Seine–Saint-Denis et d’Île-de-France le sont aussi parce qu’ils prennent les transports en commun. Les images ont marqué les esprits ce matin : les passagers de la ligne 13 du métro collés les uns contre les autres  ; les quais du RER B bondés — je pense aux habitants de ma circonscription, qui le prennent à la gare de La Courneuve-Aubervilliers. Les insuffisances des transports en commun, dues au manque d’investissement, sont déjà problématiques en temps normal. Elles sont scandaleuses aujourd’hui : la distanciation sociale est impossible à respecter, les rames et les gares pourraient se transformer en foyers de contagion. Visiblement le gouvernement n’a pas fait le nécessaire, tablant peut-être sur l’étalement horaire des mobilités et le télétravail. Calcul absurde, où impréparation et inconséquence règnent maîtresses. Où est le secrétaire d’État aux transports, Jean-Baptiste Djebbari  ? Quant au ministre de la Santé, Olivier Véran, il s’est borné à dire qu’il trouvait «  dommage  » la cohue du métro parisien, mais qu’il faut aller de l’avant. «  Dommage  » : voilà manifestement toute l’importance qu’il attache à la sécurité sanitaire des citoyens  ! Et qui seraient les premières victimes en cas de nouvelle flambée de l’épidémie  ? Encore une fois, les habitants des villes populaires de région parisienne, qui n’ont pas le choix du télétravail. Macron semble ne guère s’en soucier.

Les écoles reprennent sans aucune garantie

Autre domaine dans lequel la confusion du gouvernement est complète : L’Éducation nationale. La reprise des établissements du premier degré devait se faire ce 11 mai. Mais encore une fois, le gouvernement s’est pris les pieds dans le tapis. Le protocole sanitaire n’a été connu des personnels responsables qu’une semaine avant. Sa mise en œuvre est extrêmement délicate en un temps très court, quand elle n’est pas impossible compte tenu de l’état des établissements et des moyens disponibles. À nouveau, le gouvernement s’est défaussé sur les maires. Ces derniers ont tâché de faire pour le mieux, dans les circonstances présentes, faisant des choix différents. Ici, la rentrée a été repoussée au 18 — comme à Pantin par exemple. Là elle se fait de façon très échelonnée. Ailleurs encore, les écoles restent fermées jusqu’à nouvel ordre — c’est le cas à Aubervilliers. Quand la situation diffère ainsi d’une ville à l’autre, c’est que le désordre règne, et l’incertitude généralisée pour les parents. On ne peut blâmer les maires, mis face à des choix impossibles. On doit blâmer Macron et son gouvernement, qui les ont laissés seuls en première ligne.

Et là aussi, le ministre responsable démontre son incompétence, qu’il cherche à cacher derrière des mensonges : Jean-Michel Blanquer assurait ainsi aujourd’hui qu’«  il y a plus de risques à rester chez soi que d’aller à l’école  ». Propos irresponsable, qui relativise le risque sanitaire. Et propos mensonger, quand le ministre motive de rouvrir les écoles par sa préoccupation de lutter contre le décrochage scolaire et d’aider les élèves les plus défavorisés : qui peut sérieusement croire qu’assurer «  au moins un  » jour d’école en mai pour les élèves comme le ministre le dit lui-même permette de lutter contre le décrochage  ? Et que cela vaille la peine que l’on risque de faire des écoles des foyers de contagion  ! La réalité est tout autre. Jean-Michel Blanquer et Jean Castex, le «  monsieur déconfinement  » du gouvernement l’on dit très explicitement : il fallait tout simplement faire rentrer les enfants les plus petits le plus tôt possible, pour que ceux-ci soient gardés, et que leurs parents retournent au travail. L’important «  c’est que la machine redémarre  ». La machine : celle de l’économie bien sûr, du profit de quelques-uns, au nom duquel Macron et les siens sont prêts à sacrifier la santé du plus grand nombre. Et encore une fois en premier lieu celle des habitants des villes populaires, qui exercent des métiers pénibles et en présentiel, et n’ont pas la possibilité de télétravailler.

La solution, c’est le peuple  !

Désolant constat que celui d’un gouvernement inepte, et qui fait payer aux habitants des villes populaires le lourd prix de son incompétence. Mais l’espoir existe. Car si le gouvernement est déplorable, le peuple lui, a encore une fois fait preuve d’un civisme remarquable. Les travailleurs qui ont emprunté les transports dans le calme et munis d’un masque. Les enseignants qui font leur rentrée ou leur prérentrée et se dévouent à leurs élèves. Les bénévoles associatifs qui continuent de s’investir dans la distribution gratuite de masques ou de l’aide alimentaire. On pourrait citer tant de professions encore. Je le disais dans une précédente note : tous et toutes méritent l’hommage de la nation. Ce sont ces hommes et femmes qui tiennent seuls le pays à bout de bras. Ce sont eux qui le relèveront de l’abîme où Macron l’a plongé. La solution, c’est le peuple  !


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