A Hongkong, les manifestations reprennent contre une loi interdisant l’outrage à l’hymne national chinois

jeudi 4 juin 2020.
 

Après quelques mois d’accalmie, le mouvement prodémocratie maintient son opposition contre une reprise en main par Pékin de l’ancienne colonie britannique.

Les policiers antiémeute, les tirs de gaz poivre et les slogans prodémocratie sont de retour à Hongkong. Après des mois d’accalmie, les manifestations ont reprise ce week-end et, mercredi 27 mai, de petits affrontements ont eu lieu à proximité du Parlement local (LegCo), qui examine un projet de loi criminalisant tout outrage à l’hymne national chinois.

Une petite centaine de militants qui scandaient des slogans dans un quartier commercial vers midi ont été dispersés par des tirs de gaz poivre, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. Le débat devant le Conseil législatif (LegCo) de ce texte, accusé par le mouvement prodémocratie de porter atteinte à la liberté d’expression, survient après l’annonce distincte, la semaine passée, d’un renforcement du pouvoir de Pékin sur l’ancienne colonie britannique.

Le texte actuellement débattu à la chambre locale vise à punir le non-respect de l’hymne national chinois. Ce délit serait passible de trois ans d’emprisonnement. Le mouvement prodémocratie avait appelé à une vaste mobilisation contre ce projet mercredi.

La police a annoncé avoir arrêté 240 personnes au motif qu’elles ont pris part à un rassemblement illégal. Des images diffusées en direct ont montré que nombre des personnes arrêtées étaient des adolescents. Les rassemblements de plus de huit personnes dans l’espace public sont interdits dans le cadre des mesures contre le coronavirus même si l’épidémie semble maîtrisée.

« Les gens sont vraiment en colère »

Des barrières ont été disposées autour du bâtiment et d’importants moyens humains déployés par la police. Quelques centaines de manifestants se sont brièvement rassemblés au moment de la pause déjeuner dans les quartiers de Causeway Bay et de Central, avant d’être dispersés par des tirs de billes de gaz poivre.

« Maintenant, c’est comme si un couvre-feu était en place », a déclaré à l’AFP Nathan Law, une figure du mouvement pour la démocratie. Pour lui, pourtant, « le gouvernement doit comprendre pourquoi les gens sont vraiment en colère ». « Il y a des policiers à chaque coin de rue. C’est comme si la loi martiale était en vigueur », a ajouté une femme, Bean, après avoir été fouillée.

La police a déclaré avoir découvert, mercredi, lors des contrôles et des fouilles, des cocktails Molotov ainsi que des articles « illégaux », comme des masques, des marteaux et des pinces.

« En tant que Hongkongais, nous avons la responsabilité morale de respecter l’hymne national », a expliqué à la presse Matthew Cheung, l’adjoint de la chef de l’exécutif local, Carrie Lam, avant le débat.

La Chine est particulièrement remontée contre les Hongkongais, notamment les fans de football, qui huent l’hymne national pour exprimer leur colère à l’égard de Pékin. Pour l’opposition prodémocratie, ce texte est une nouvelle tentative pour criminaliser toute dissidence.

Craintes pour l’attractivité d’une place financière mondiale

A la mi-mai, des heurts avaient éclaté au sein de l’hémicycle du Legco au sujet de ce texte. Les députés prodémocratie, qui ne possèdent pas la majorité au Parlement, une institution partiellement élue au suffrage universel, ont durant des mois fait obstruction pour empêcher le vote de ce texte.

En vertu du principe « un pays, deux systèmes », Hongkong jouit depuis sa rétrocession à la Chine, en 1997, et jusqu’en 2047 de certains droits inconnus ailleurs en Chine, notamment la liberté d’expression et un système judiciaire indépendant.

Cette disposition a contribué à faire de l’ex-colonie britannique une place financière internationale majeure qui offre à la Chine une porte d’entrée économique dans le monde. Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a mis en garde Pékin, menaçant de faire perdre à Hongkong son statut économique spécial.

La semaine dernière, Pékin a pris la décision d’imposer une loi sur la sécurité, qui vise à interdire le terrorisme, la sécession, la subversion et l’ingérence étrangère.

Ce texte, qui n’a pas encore été publié dans son intégralité, est un moyen pour Pékin de contourner le Parlement hongkongais. Une des mesures qu’il comprend permet à la Chine, pour la première fois, d’autoriser les services de sécurité et la police secrète à s’implanter ouvertement à Hongkong.


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