PS : "Gauche, le devoir d’invention" ( par des élus jospinistes)

mercredi 8 août 2007.
 

"Réjouissons-nous ! Le travail des socialistes n’est pas encore pleinement engagé que, déjà, foisonnent les initiatives de rencontres et de débats. L’appétit de comprendre et de construire l’avenir est là. Nous y apportons notre pierre, en étant attentifs à tout ce qui s’exprime et en pensant d’abord aux militants socialistes et à tous les progressistes.

Le Parti socialiste n’est pas au bord de la crise de nerfs ou, pire, de l’implosion. Mais il a besoin d’un effort collectif inégalé qui demande autant d’humilité, de franchise dans l’expression, que de temps. Nous devons, bien sûr, analyser ce qui nous est arrivé pendant la campagne présidentielle pour passer d’une perspective de victoire, présentée fin 2006 comme hautement probable, à une défaite nette le 6 mai 2007.

N’occultons rien, débattons de tout : du rapport à l’opinion, de la pertinence du pacte présidentiel, de la cohérence de notre campagne, de l’articulation avec le PS, de la façon dont la droite a échappé à son bilan, de la question du rassemblement de la gauche ou de l’hypothèse d’un changement d’alliance au centre. Mais il faut aller plus loin car cette élection marque un tournant dans la vie du pays. Il s’opère par la victoire d’une droite « décomplexée » sous la houlette d’un candidat qui aura pu prôner tranquillement la rupture, malgré sa responsabilité dans le bilan du précédent quinquennat, et qui aura réussi à nous accoler l’image de l’immobilisme et du conservatisme !

Tout le monde semble partager le diagnostic de notre retard d’analyse de l’état de la société française, du monde, et de notre difficulté à traduire en un projet attractif et crédible les attentes des citoyens. N’en restons pas là ! Car il ne peut pas s’agir, cette fois encore, de perpétuer nos habituels affrontements qui se concluent toujours par les mêmes synthèses informes. Sachons nommer les choses. Nous avons, par exemple, un grave problème avec la mondialisation. C’est une véritable révolution, aux contours inédits et douloureux, qui appelle des réponses audacieuses. Nous savons en décrire les effets, surtout les méfaits. Plus rarement les potentialités pour le progrès humain et de civilisation qu’elle recèle aussi. Savons-nous en tirer toutes les conséquences politiques ?

Car la mondialisation c’est d’abord un nouvel âge du capitalisme fondé sur la concurrence planétaire généralisée, par-dessus les Etats et sans contrepoids. Mais c’est aussi un changement des rapports entre les peuples, la montée en puissance de continents, le risque de relégation d’autres. Et c’est un bouleversement pour les individus eux-mêmes. Ils vivent dans l’inquiétude, la peur, pour eux et leurs enfants, la désagrégation de valeurs fortes comme celle du travail et de la laïcité. Au point que ce que nous pensions solidement acquis depuis les Trente Glorieuses - la force des solidarités collectives, la confiance dans la politique pour bâtir un projet commun, l’attachement à l’idée même de progrès - est bousculé.

Dans leur vie quotidienne comme dans leurs représentations dominent chez nos concitoyens le sentiment de dépossession de l’avenir et l’idée qu’il n’y a plus aucun pilote dans l’avion. Seul ne compterait plus désormais que la conviction qu’il faut s’en sortir par soi-même pour ne pas couler avec les autres. Et tant pis pour les perdants. Cette crise de sens, qui a favorisé la montée de l’extrême droite et la volatilité électorale, s’était déjà exprimée au moment du référendum de mai 2005. L’élection présidentielle l’a cristallisée. Nous l’avons perdue, politiquement et idéologiquement. Force est de reconnaître que nous ne nous sommes pas hissés à la hauteur du défi que Jean Viard définit comme étant le besoin de construire un « humanisme de la mondialisation ». Alors qu’il faut, dit-il, « politiser le nouveau couple que forme chaque individu autonomisé avec la mondialisation, [.] la gauche joue les forces de l’inertie contre les forces du mouvement ». Jugement terrible !

Est-il totalement dénué de vérité ? Et si nous en faisions le stimulant de notre pensée collective ? Car si Nicolas Sarkozy a su « réarmer » la droite et la faire gagner en empruntant largement au modèle anglo-américain qui oppose l’épanouissement individuel à la construction de nouvelles solidarités, rien n’indique que cette élection présidentielle serait une nouvelle « fin de l’histoire ».

Nous ne croyons pas à l’idée paresseuse d’un mouvement irrépressible de droitisation de la société devant lequel nous n’aurions plus qu’à rendre les armes. L’aspiration à plus de reconnaissance et de promotion individuelle mais aussi à plus de sécurité, de protection nationale et européenne n’est pas d’essence conservatrice et antinomique avec le socialisme. Les grands défis d’aujourd’hui, tels le changement climatique, l’organisation des villes, le vieillissement, la santé, l’éradication de la pauvreté ou la sécurité internationale appelleront plus de régulations publiques que de libéralisme déchaîné. A nous d’exercer un devoir d’invention, sans jeter par-dessus bord nos valeurs essentielles.

Au cœur de ces valeurs, il y a l’égalité des citoyens. Elle ne peut plus faire l’impasse sur leur désir d’autonomie et de liberté. Partir de l’individu, non pas replié sur notre hexagone mais confronté aux bouleversements du monde, pour construire un nouveau projet collectif entraînant, voilà l’enjeu. Il nécessite un formidable effort d’imagination pour mettre les atouts de notre modèle social et de la pensée socialiste à l’heure de cette ambition : valoriser la sécurité et la promotion dans le travail, développer les solidarités actives sans les confondre avec l’assistanat, définir l’avenir des services publics dans un cadre européen, faire de l’enjeu écologique un levier pour la croissance, la recherche et l’emploi, repenser notre identité nationale et notre creuset républicain à l’aune du monde global.

Oui, nous avons du boulot ! Il est enthousiasmant. Notre conviction profonde est que c’est au Parti socialiste qu’il revient d’être le nouveau « mur porteur » de l’édifice du progrès. L’heure est venue d’ouvrir notre famille à des sources diverses : citoyens, associations, syndicats, intellectuels, experts et, bien sûr, forces progressistes d’Europe et du monde. Tous doivent nous inspirer dans cette recherche.

Commençons alors par donner de nous-mêmes l’image de la confrontation honnête dans le respect pour les idées et pour les personnes. Les Français nous le demandent. Les militants socialistes et de toute la gauche aussi.

http://chouat.fr

Kader Arif, parlementaire européen, Jean-Pierre Caffet, sénateur, Marie-Arlette Carlotti, parlementaire européenne, Francis Chouat, vice-président du Conseil général de l’Essonne, Guy Delcourt, député, Harlem Desir, parlementaire européen, Laurence Dumont, députée, Catherine Genisson, députée, Adeline Hazan, parlementaire européenne, Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, François Lamy, député, Annick Lepetit, députée, Bernard Poignant, parlementaire européen, Clotilde Valter, conseillère générale du Calvados, Kader Arif, parlementaire européen, Jean-Pierre Caffet, sénateur, Marie-Arlette Carlotti, parlementaire européenne, Francis Chouat, vice-président du Conseil général de l’Essonne, Guy Delcourt, député, Harlem Desir, parlementaire européen, Laurence Dumont, députée, Catherine Genisson, députée, Adeline Hazan, parlementaire européenne, Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, François Lamy, député, Annick Lepetit, députée, Bernard Poignant, parlementaire européen, Clotilde Valter, conseillère générale du Calvados


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message