Hong Kong : l’instauration d’un régime policier à l’ordre du jour

lundi 6 juillet 2020.
 

A l’heure où ces lignes sont écrites (28 juin), tout semble indiquer qu’à partir du 1er juillet les personnes accusé-es de s’opposer au régime de Pékin seront soumises à des règles comparables à celles en vigueur en Chine continentale.

Il y a un an, avait eu lieu une première offensive visant à faire juger des personnes considérées comme dérangeantes, par des tribunaux aux ordres des autorités de Pékin. Ce projet de loi hongkongais avait été retiré en septembre-octobre face à l’ampleur sans précédent des mobilisations.

Aujourd’hui, on assiste à une nouvelle offensive beaucoup plus radicale. Elle vise à rendre possible l’extension de la législation chinoise à toute personne présente à Hong Kong et considérée comme opposante. En cas de conflit entre la législation de Hong Kong et celle du continent, ce sera cette dernière qui primera. Ce dispositif, mis en œuvre directement depuis Pékin, pourrait être opérationnel dès le 1er juillet.

Des fonctionnaires venu.es du continent seront officiellement en poste à Hong Kong, et participeront directement aux enquêtes et arrestations. Certain.es accusé.es pourront être éventuellement transféré.es sur le continent.

Violant ses engagements internationaux antérieurs, le pouvoir de Pékin introduira unilatéralement ces modifications législatives dans le texte servant de Constitution à Hong Kong.

Les difficultés de remobilisation

La capacité de résistance de la population a été sérieusement entamée par l’ampleur de la répression.

En un an, plus de 9 000 personnes ont été arrêtés pour participation à des manifestations. Plus de 1.700 d’entre elles ont déjà été inculpées, dont 500 pour des délits passibles de dix ans d’emprisonnement (soit à l’échelle de la France, l’équivalent de 80 000 arrestations, 15 000 inculpation et 4 500 emprisonnements de longue durée !). Les jeunes ont été particulièrement ciblé.es : 63 % des personnes arrêtées ont entre 18 et 30 ans, et 19 % moins de 18 ans.

La répression s’est abattue sur l’ensemble de l’opposition, de l’aile la plus radicale à l’aile la plus modérée.

Des éléments de démoralisation sont à l’œuvre : des milliers de hongkongais.es ont déjà pris le chemin de l’exil, et de nombreux/euses autres se préparent à le faire.

Simultanément, les effectifs et l’efficacité de la police se sont beaucoup renforcés. Les restrictions à la liberté de manifestation édictées à l’occasion de la pandémie sont maintenues à ce jour.

Dans de telles conditions, rassemblements et manifestations ne regroupent désormais qu’un nombre limité de personnes. La tactique d’affrontement directe mise en place par l’aile la plus radicale du mouvement semble par ailleurs ne plus avoir beaucoup de partisan.es. La tentative d’organiser un mouvement convergeant de grève de salarié.es et de boycott des cours dans les lycée.s n’a pas abouti. Une mobilisation des étudiant.es du supérieur n’est actuellement pas possible, car les campus sont fermés depuis des mois suite à l’épidémie de Covid-19.

La mise en place, dès juillet, de la nouvelle loi risque de décevoir les espoirs d’une victoire de l’opposition hongkongaise lors des législatives prévues en septembre : si ils/elles ne sont pas d’ici là en prison, certain.es candidat.es d’opposition risquent en effet de ne pas avoir le droit de se présenter, ou encore d’être destitué.es après élection comme cela avait été déjà le cas en 2016.

Une solidarité internationale limitée

Depuis un an, la mobilisation avec la population de Hong Kong n’a que peu mobilisé la gauche internationale politique, syndicale et associative.

La solidarité est rendue aujourd’hui encore plus compliquée par : la polarisation sur la Covid et ses suites, la lutte pour la suprématie entre les régimes chinois et étatsunien (et l’accentuation de la poussée campiste qui en résulte). Dans ce contexte, la population de Hong Kong se retrouve aujourd’hui tragiquement seule.


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