Dimanche 16 août : en Biélorussie, les manifestations s’amplifient, Loukachenko s’accroche

jeudi 27 août 2020.
 

Dimanche 16 août, des dizaines de milliers de Biélorusses se sont regroupés à Minsk, la capitale, pour demander à nouveau la démission du dictateur. Celui-ci a appelé ses partisans à sauver « l’indépendance » du pays. La Russie de Poutine se tient en recours.

La révolte ne tarit pas, en Biélorussie. Elle s’étend même à d’autres villes que la capitale, Minsk, jusqu’ici encore peu touchées par les manifestations contre le pouvoir et le président Alexandre Loukachenko, réélu le 9 août, avec 80 % des voix. L’opposition l’accuse de fraude après 26 ans de règne autoritaire et sans partage.

C’est donc peu à peu l’ensemble du pays qui voit les Biélorusses – femmes en tête – descendre dans la rue à l’appel de la principale opposante, Svetlana Tsikhanovskaïa, désormais réfugiée en Lituanie. Autre fait nouveau : les débrayages se multiplient dans les usines d’État. Les ouvriers se joignent désormais aux manifestants pacifistes qui arborent fleurs et ballons rouge et blanc en guise de gage de non-violence.

Ce dimanche 16 août, une nouvelle manifestation d’ampleur, appelée « marche de la liberté », a eu lieu dans la capitale. Une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes s’est rassemblée aux cris de « Démission ! », selon des images tournées sur place et diffusées sur les réseaux sociaux.

En fin de journée, aucune information sur de nouvelles violences de la part de la police et de l’armée au cours de ce rassemblement n’avait filtré.

De son côté, l’autocrate s’accroche à son siège et évolue sur une ligne de crête entre diplomatie rigide et répression brutale. Dernière stratégie en date pour essayer de reprendre la main face à la révolte d’une partie du pays : la contre-offensive d’images et médiatique. Ce midi, il a fait rassembler des partisans avant que ne commence la manifestation de l’opposition.

Selon l’AFP, Alexandre Loukachenko a appelé à défendre l’indépendance du pays devant une foule de soutiens réunie à Minsk. Selon des images circulant sur Twitter à travers des médias indépendants, des bus spécialement affrétés avaient convergé dans la matinée vers la capitale, y transportant des personnes présentées comme favorables au pouvoir.

Le président a également rejeté tout nouveau scrutin après les appels de l’opposition à retourner aux urnes. « Si nous faisons ça, nous partirons en vrille et nous n’en reviendrons jamais », a-t-il déclaré pour justifier son refus.

Sur le front international, Alexandre Loukachenko a rejeté une proposition de médiation émise par la Pologne, la Lettonie et la Lituanie. « Nous n’avons besoin d’aucun gouvernement étranger, d’aucun médiateur », a affirmé Alexandre Loukachenko lors d’une réunion gouvernementale, cité par l’agence étatique Belta. « Sans vouloir offenser les dirigeants de ces républiques, j’aimerais leur dire de se mêler de leurs affaires », a complété le chef d’État biélorusse.

Celui-ci préfère se tourner vers son voisin russe, qui peut servir d’épouvantail. Il a indiqué avoir téléphoné à Vladimir Poutine afin de lui demander son soutien, pourquoi pas militaire, face à la vague de manifestants. « Les deux parties ont exprimé leur confiance dans une résolution prochaine des problèmes en cours », a indiqué un communiqué de la présidence russe, cité par l’AFP.

Le Kremlin a dit au président biélorusse que la Russie était prête à aider le pays dans le cadre de leur pacte militaire en cas de besoin, selon l’agence Reuters.

Face à ce qu’il appelle une « révolution de couleur » – en référence à celles qui ont secoué certains anciens pays du bloc de l’Est (la révolution orange en Ukraine, par exemple) et ont été accusées par le Kremlin d’avoir été soutenues par des forces étrangères –, Alexandre Loukachenko avait tenté d’apaiser la situation après les arrestations brutales et les tortures rapportées ces derniers jours.

Le 14 août, il avait, contre toute attente, appelé à la retenue face à la très forte mobilisation populaire prévue le week-end.

Amnesty International avait qualifié l’attitude des forces de l’ordre de « déferlement de violence ». Dans un article consacré au sujet, le site Franceinfo cite plusieurs victimes d’actes de tortures et de maltraitance, ces derniers jours. Comme ce fut le cas pour Ales Pouchkine, célèbre artiste biélorusse, arrêté lors d’une manifestation, qui dit aussi avoir été battu jusqu’à ce qu’il « devienne bleu », et a diffusé des photos disant représenter son corps bleui de coups après son arrestation.

La rédaction de Mediapart


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