Le Pen congratule Sarkozy

dimanche 12 août 2007.
 

Le leader frontiste estime positif le bilan du chef de l’État et célèbre son image de « rassembleur ».

« Chacune de ses actions est mûrement réfléchie, pesée, très bien informée et jusqu’ici assez bien réalisée, il faut le dire. » Celui qui parle ainsi de Nicolas Sarkozy n’est ni député UMP, ni ministre, ni ami de toujours du président de la République. C’est Jean-Marie Le Pen, le président du Front national, sur RTL hier matin. Le leader d’extrême droite ne tarit pas d’éloges sur le chef de l’État. « Ce qui est moralement positif, c’est qu’il tient, semble-t-il, au moins un certain nombre de ses promesses électorales, bien sûr pas toujours dans la dimension et la profondeur que pourraient attendre ceux qui ont voté pour lui, mais tout de même, il va dans cette direction-là », explique Jean-Marie Le Pen. « Et c’est pour l’instant assez payant, dans l’euphorie qui accompagne toujours les vacances, il n’y a pas de sujet de contestation grave, il a passé la première phase de sa lune de miel avec assez d’efficacité », ajoute-t-il. Il affirme par exemple que la polémique sur les vacances de Nicolas Sarkozy aux États-Unis n’a pas d’importance à ses yeux.

Mais quelles sont ces mesures qui trouvent grâce aux yeux du leader du Front national ? Sans aucun doute le paquet fiscal, bouclier pour les plus riches et attaque contre les garanties du Code du travail ; la loi qui, au prétexte de lutte contre la récidive, instaure des peines plancher quasi automatiques et s’attaque à la protection des mineurs ; le service minimum antigrève dans les transports, avant de passer à l’enseignement et les autres secteurs ; le quasi-blocage du SMIC... Ce n’est pas une surprise, et avec les franchises sur le remboursement des médicaments et actes médicaux, l’allongement de la durée du travail, l’élaboration du budget qui consacre le recul de l’action publique et l’accélération des « réformes » annoncées par Nicolas Sarkozy, nul doute que le milliardaire de Saint-Cloud se sentira comblé.

D’autant que Jean-Marie Le Pen, reçu deux fois à l’Élysée depuis le mois de mai, semble penser que le chef de l’État pourra donner au parti d’extrême droite une légitimité nouvelle. Après avoir recyclé au compte de la droite dite « républicaine » les idées les plus réactionnaires, jusque-là apanage du seul FN. « Il tient à donner l’image d’un rassembleur et d’un homme qui n’est pas tenu par des obligations, quelles qu’elles soient. Il reçoit qui il veut, quand il veut, où il veut », estime Jean-Marie Le Pen. « Il ne met pas les pieds dans les pas de Jacques Chirac qui procédait d’une détestation à l’égard du Front national, tout à fait injuste et injustifiée », précise-t-il. Et de demander pour le FN une place dans le comité de réflexion sur la réforme des institutions. De quoi éclairer ceux qui auraient encore des doutes sur l’orientation à la droite extrême de Nicolas Sarkozy et le sens de sa politique « d’ouverture ».

Olivier Mayer (dans l’Huma)


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