Huiles essentielles : anges ou démons ?

samedi 4 août 2018.
 

Nous avons déjà mis en ligne plusieurs articles sur des aspects de la vie quotidienne. Ceux-ci ont suscité un certain intérêt. Hier encore, un mail nous encourageait à poursuivre dans le sens d’une diversité du site. Nous poursuivons donc, en abordant, en amateurs, la question des huiles essentielles.

Depuis une dizaine d’années, l’aromathérapie (traitement des maladies par les huiles essentielles) fait partie des "médecines douces" à la mode. Ces "huiles essentielles" sont généralement obtenues par distillation lente à la vapeur d’eau de plantes aromatiques (calice, tige, écorce...) ou par pressage des zestes dans le cas des huiles d’agrumes ; rien à voir donc avec les huiles issues des pressoirs (olive, tournesol...).

De nombreux documents vantent cette thérapeutique, par exemple sur internet.

"L’aromathérapie utilise les "mémoires du corps" pour agir en surface ou en profondeur sur notre santé et notre bien-être. En stimulant le système nerveux , les arômes des huiles essentielles lancent un ordre d’auto-régulation. Plus précisément, l’aromathérapie prépare le corps à lutter contre la maladie en stimulant le réflexe d’auto-guérison et en modifiant la structure chimique des liquides corporels (la salive, le sang, la lymphe). Les huiles essentielles ont également une influence sur les sécrétions hormonales, sur l’équilibre endocrinien et sur les réactions neurovégétatives corporelles. Déjà les japonais parfument les bureaux avec les huiles essentielles. Le stress, la tension disparus, le travail devient plus aisé, donc rendement meilleur et ambiance cotillon au travail : Merci patron ! Essayez, en rentrant harassé de votre journée de labeur, de diffuser une huile essentielle dans votre maison. Les effets sont surprenants de rapidité et d’efficacité !"

"Les domaines d’utilisation des huiles essentielles sont variés : on note principalement :

- Le parfumage de l’air que ce soit à des fins curatives, préventives, pour combattre certaines odeurs agressives ou par plaisir,

- Le parfumage du corps sous forme d’eaux de toilette, d’eaux de parfum ou de parfums,

- Les soins de la peau par le biais de la cosmétique végétale,

- L’aromatisation des plats cuisinés, des sauces, des gâteaux, du pain...

- L’aromathérapie ou thérapie par les huiles essentielles végétales"

"Par voie atmosphérique, les molécules aromatiques pénètrent dans les narines entraînant une réaction immédiate affective ou instinctive du centre cérébral de l’olfaction. Puis elles arrivent dans les poumons où elles passent rapidement dans le sang qui les véhiculera dans le corps. Le même phénomène de passage dans le sang se produit lors d’une ingestion ou lors d’une application cutanée, où les huiles essentielles mettront une demi-heure pour passer dans les capillaires sanguins.

Les huiles essentielles ont des propriétés multiples. Elles peuvent calmer ou stimuler et sont généralement fortement antiseptiques, assainissantes, désinfectantes et désodorisantes. L’utilisation des huiles essentielles fait partie d’un certain art de vivre et participe à l’entretien des fonctions vitales de l’organisme".

"Fidèle à ses engagements, Côme et Verbena vous propose des huiles essentielles et végétales de qualité exceptionnelle pour un maximum d’efficacité"

Dans son numéro 434, l’UFC Que choisir publie un article mettant en garde les utilisateurs de ces produits.

"Aujourd’hui les huiles essentielles côtoient les accessoires de décoration ou les aliments bio dans les boutiques de produits naturels, sous-entendu forcément bienfaisants. Les adeptes de l’aromathérapie oublient souvent que les huiles essentielles sont tout sauf des produits anodins. Quelques gouttes de ces concentrés de plantes très puissants suffisent à provoquer dans l’organisme des effets mesurables. Nul besoin de les avaler : il suffit de les appliquer sur la peau ou de les inhaler. Elles passent alors rapidement dans la circulation sanguine via le derme et les poumons.

Ces produits se caractérisent par leur extrême variabilité... Surtout, les propriétés bienfaisantes de ces huiles ne doivent pas occulter le revers de la médaille. Certaines sont toxiques pour le foie, d’autres caustiques, beaucoup allergisantes ( sur les 26 allergènes d’étiquetage obligatoire pour les cosmétiques, 16 se retrouvent dans certaines huiles essentielles), plusieurs enfin, neurotoxiques. Aussi, en décembre 2004, le Vicks Baby Balm était retiré du marché ; des cas d’effets secondaires avaient été signalés. ce baume contenait de l’huile de romarin, neurotoxique".

Jean Charles Schmebelen, docteur en pharmacie, enseignant en phytothérapie à l’université Paris 13, résume ainsi la situation : "les huiles essentielles ont des vertus extraordinaires mais certaines sont des loups déguisés en grand mères... Pour l’heure, on laisse faire n’importe quoi et le jour où il y aura un pépin, ce sea l’interdit généralisé".

Exemple de pépin : "Le 17 décembre 2005, une maman applique quelques gouttes d’un mélange d’huiles essentielles Esculape (censé être utilisé dés les premiers refroidissements) sur le body (maillot de corps) de sa fille de onze mois. Quelques instants après, la petite fille devient amorphe, sans réaction. Transportée aux urgences, elle va faire une crise de convulsion de 45 minutes qui ne cèdera pas à l’administration par deux fois de Valium. il faudra finalement lui injecter un anti-épileptique par voie asseuse puisqu’elle fait aussi un oedème qui empêche qu’on la perfuse par les veines. La fillette restera cinq jours à l’hôpital, subissant ponction lombaire, scanner, électroencéphalogramme... Les spécialistes ne sont guère étonnés de cet accident. Le mélange concerné contient plusieurs composants qui, mis en synergie, peuvent s’avérer fortement épileptogènes".


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