Climat : Planète en voie de liquéfaction

vendredi 11 septembre 2020.
 

Chaud devant. Les tendances météorologiques esquissaient des étés bouillants, on n’a pas été déçu. Il est admis maintenant que les canicules sont bien les marqueurs principaux du réchauffement climatique et 2020 s’annonce comme l’année de tous les records : des pointes à 38° au-delà du cercle polaire, des températures en moyenne de plus de 10° vers le Pôle. Comme les crèmes glacées des vacanciers, la planète se liquéfie.

Ça fond en Arctique où dès juillet, la banquise perdait 146 000 km carrés par jour. Au point que le passage du Nord-Est permettait la circulation des navires avec deux mois d’avance. Et cela dans un contexte planétaire neutre, le phénomène El Nino qui pousse le thermostat à la hausse n’opérant pas cette année. Ça fond en Antarctique qui libère 1000 milliards de tonnes de glace par an.

Ça fond aussi sur la terre ferme. Dans les Alpes, les glaciers ont perdu 25% de leur surface en 30 ans. D’année en année, les amateurs de cimes et de balades peuvent repérer le recul des fronts glaciaires quand ils ne sont pas obligés de décamper comme début août au-dessus de Courmayeur, versant italien du Mont-Blanc, où 500.000 mètres cubes de glace menaçaient d’être précipitées dans le vide, poussées par l’eau de fonte.

Car les glaciers alpins, c’est aussi de l’eau douce, 15,5 milliards de mètres cubes annuels pour la très sèche région PACA. C’est encore plus net en Asie où 1,3 milliards de personnes dépendent des glaciers himalayens et où le président nationaliste indien Modi menace de s’accaparer l’eau de l’Indus qui permet de produire 90% de la nourriture au Pakistan. D’ici la fin du siècle, 64% de la glace de l’Himalaya pourrait avoir fondu.

Les glaciers, ce sont enfin des conservateurs du passé. Des mémoires potentiellement très actives comme ces 28 virus inconnus extraits en janvier dernier du carottage d’un glacier tibétain. Mais combien seront libérés par le réchauffement et aptes à reprendre du service ?

Ça fond donc partout et Macron qui se « ré-invente » dans tous ses discours a feint de s’en apercevoir tout en préférant pour le « monde d’après », c’est dire maintenant, faire comme avant : joker pour l’annulation de l’accord du CETA, signature d’un accord de libre-échange avec le Vietnam en février, avec le Mexique en avril, 20 milliards pour l’aérien et l’automobile sans contreparties… Comme il l’a dit lui-même impudemment à Chamonix en janvier dernier en constatant les dégâts d’une Mer de glace étique et archi-polluée : « On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là ! »

Jean-Luc Bertet


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