En Bolivie, le peuple reprend le pouvoir : toujours résister, ne jamais lâcher !

mercredi 28 octobre 2020.
 

Luis Arce a été élu président de la Bolivie, le 18 octobre 2020. Après le coup d’État de 2019 qui avait chassé Evo Morales du pouvoir, c’est une victoire pour le Peuple, qui s’est mobilisé pour le candidat du Mouvement Vers le Socialisme. Christian Rodriguez revient sur la journée où le Mouvement Vers le Socialisme a repris le pouvoir en Bolivie, contre tous les paris des organisations et institutions impérialistes...

Après une journée qualifiée par le président du Tribunal suprême électoral Salvador Romero, des élections « les plus complexes de l’histoire de la démocratie bolivienne », le peuple bolivien a donné une leçon de civisme et de démocratie au Monde. Les citoyens ont participé activement au processus électoral. Ils ont par ce geste de conscience démasqué les acteurs qui ont cherché depuis les élections présidentielles de 2019 à voler la démocratie du pays altiplano avec l’aval de la soi-disant « communauté internationale ».

Une des réflexions les plus importantes que nous devons dorénavant envisager dans ce scénario concerne le rôle des organisations internationales, leur utilisation par les pays impérialistes pour manipuler, spolier voire déstabiliser un pays au « nom de la démocratie et des droits de l’homme » plus précisément.

Ce qui l’année dernière était considéré comme de la fraude électorale organisée par Evo Morales et le Mouvement vers le Socialisme (MAS) peut aujourd’hui être analysé comme l’une des opérations les plus néfastes menée par l’Organisation des États Américains (OEA) pour imposer les intérêts des États-Unis en Amérique latine.

52,4% des voix ont été obtenues par Luis Arce et David Choquehuanca, les candidats du MAS . Cela confirme que les résultats qui avaient donné Evo Morales vainqueur l’année dernière n’étaient pas truqués. La base électorale du MAS s’est exprimée en confirmant sa volonté souveraine d’opter pour le socialisme en tant que projet politique. Parce qu’elle est majoritaire, elle s’est imposée deux fois par les votes : une fois au gouvernement et l’autre dans l’opposition. La communauté internationale ne peut que reconnaître l’aspiration démocratique des Boliviens qui, malgré le coup d’État de 2019 et la violation systématique de leurs droits humains et politiques, ont restauré leur démocratie de manière exemplaire.

Quant aux organisations internationales, l’OEA a été l’acteur international le plus actif dans la crise politique, conséquence du coup d’État qui avait été orchestré contre le gouvernement d’Evo Morales. Il avait participé de l’instauration d’un climat de méfiance, a aggravé la crise politique par un traitement irresponsable de l’information et une position ouvertement biaisée contre les secteurs progressistes non seulement en Bolivie, mais aussi dans la région.

L’Union Européenne a également contribué au scénario d’instabilité lorsqu’elle a publié un rapport sur les élections de 2019. Celui-ci indiquait que « pendant le processus de dépouillement et de comptage, il y a eu des irrégularités généralisées ». Affirmations aujourd’hui contredites par les résultats, qui constituent une preuve irréfutable. Malgré le MAS dans l’opposition et Evo Morales exilé en Argentine, la victoire du peuple et de ses composantes (les organisations sociales, les paysans, les femmes, la jeunesse, les syndicats agricoles, les miniers, etc) est incontestable. Les groupes les plus favorables et impliqués dans le coup d’État ont dû reconnaître leur défaite, avant l’officialisation des résultats.

Enfin, le rôle des organismes internationaux doit être repensé car ils doivent maintenir la transparence, garantir l’institutionnalisation et contribuer de manière constructive au renforcement de la démocratie et des droits de l’homme. L’UNASUR plutôt que l’Organisation des États Américains et son ingérence !

À signaler aussi que les observateurs internationaux sont devenus un élément clé des processus électoraux. Un exemple récent en est la création de l’Observatoire électoral du parlement du MERCOSUR, en témoigne le rôle qu’il a joué en Bolivie. Ces observatoires sont en effet porteurs d’un regard impartial qui légitime ou délégitime un scrutin, de transparence, d’efficacité ou encore de la sincérité d’un processus électoral. En ce sens, il est nécessaire d’exiger d’eux, qu’ils soient des partis, des individus ou des organisations, le plus grand engagement en faveur de la démocratie et de la paix, ainsi que le plus grand respect de la constitution et de la souveraineté des pays.

Bien que les secteurs conservateurs doivent déjà planifier leur prochaine étape tant en Bolivie que dans la région, la recomposition du bloc progressiste en Amérique latine semble se rapprocher avec cette démonstration de force qui encourage le mouvement populaire sur tout le continent.

La situation de crise est surmontée en Bolivie de manière circonstancielle seulement. En effet, il y a encore sur le continent une coalition de gouvernements néolibéraux qui ont intégré à leur gouvernance l’agression systématique des économies ainsi que la stabilité politique et sociale du Venezuela, de Cuba, de la Bolivie et du Chili. Il faut rester vigilant, demeurer mobilisé et construire le pouvoir populaire au quotidien.

Afin de contrecarrer l’émergence d’une droite dure (comme c’est le cas au Brésil) et pro-impérialiste, il s’avère nécessaire de poursuivre les révolutions citoyennes à l’oeuvre partout sur le continent.

Les prochaines élections en Équateur, le plébiscite au Chili, les élections législatives au Venezuela – pour ne citer que ces scrutins – seront des temps cruciaux pour que se vivent les révolutions citoyennes.

CHRISTIAN RODRIGUEZ


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