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Le vaccin empêche la transmission ou limite simplement les complications ? D’un côté l’espoir d’en finir avec la pandémie, si on défend une stratégie de vaccin universel, de l’autre simplement l’espoir d’atténuer ses conséquences… Le vaccin semble efficace, mais pour les personnes les plus âgées, dont l’immunité est plus difficile à acquérir, les plus fragiles, quels sont les résultats ? Combien de temps dure l’immunité ?
Mais surtout, qui aura accès au vaccin et à quel prix, dans un monde marqué par la loi du profit ! Déjà Médecins du Monde s’inquiète de la monopolisation des doses par les pays qui pourront payer les prix hauts exigés par les laboratoires. Des milliards de subventions publiques à la recherche privée, une prise en charge publique des risques d’effets secondaires, mais des profits privés qui risquent de priver l’humanité d’un vaccin universel, voilà le pari de la bourse qui s’envole. Le PDG de Pfizer en a profité, le jour de l’annonce, pour vendre ses actions pour 5,6 millions de dollars. Avec l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, nous réclamons « la réquisition immédiate des moyens de production pour produire les médicaments dont nous avons besoin. Ainsi, qu’une mise en place d’une chaîne de production nationale publique et d’une planification sanitaire, en coordination avec les pays européens et capable d’exporter vers les pays à ressources limités ».
Fabriquer un traitement contre l’hépatite C, le Sovaldi, cela coûte 100 euros par traitement. Grâce à son brevet, Gilead le fait payer 25 000 euros à la Sécu ! Alors il faut réquisitionner aussi les brevets de Big Pharma, imposer une licence obligatoire gratuite. Partout dans le monde, les vaccins doivent être fournis gratuitement à celles et ceux qui en ont besoin, et pas seulement à ceux qui en ont les moyens. S’il est légitime de vacciner d’abord les personnels de santé, les personnes les plus fragiles, la maitrise de la pandémie ne pourra reposer que sur l’accès universel au vaccin. Toute autre stratégie abandonne l’idée de stopper la pandémie au profit d’une stratégie qui ne dit pas son nom : limiter les conséquences du virus pour le cœur de l’économie capitaliste, mais abandonner les plus pauvres, au risque évident de voir l’épidémie repartir ! Et impossible de compter sur l’OMS, Bill Gates et le philantropo-capitalisme pour vacciner la population mondiale. L’ONU n’a reçu que 3 milliards de dollars sur les 38 demandés pour son dispositif Covax pour l’accès équitable aux vaccins contre le Covid !
Le vaccin de Pfizer semble avoir peu d’effets secondaires, qui se déclarent souvent peu après la vaccination, mais deux mois de recul, c’est extrêmement faible pour un vaccin qui devrait être injecté à des milliards de personnes, en bonne santé. AstraZeneca avait arrêté son essai suite à un accident grave. Les essais ont repris. Aucune information n’a filtré. Dans les accords de pré-achat signés par les États, couverts par le secret commercial, se trouvent toujours des clauses de prise en charge financière — par les Etats — des effets secondaires que n’auraient pas révélés les études cliniques. Ce secret commercial insupportable nourrit la défiance et le complotisme.
Des vaccins bien testés, aux effets secondaires limités et socialement acceptés, voilà notre exigence. Elle repose sur la publication intégrale de toutes les données des laboratoires, contre le secret commercial et les brevets des firmes, sur une expertise indépendante des laboratoires et des États, contrôlées par les associations médicales et pharmacologiques, par les experts citoyens, par les associations, les syndicats. Non, les vaccins contre le Covid ne vont pas contenir des puces qui vont marquer toute la population ! Mais comment croire, à l’inverse, que l’obligation de vaccination, défendue par Yannick Jadot, suffira à lever les doutes ? Qu’il suffit d’ordonner, quand un quart de la population refuse un vaccin contre le Covid ? Pour atteindre une vaccination de masse, l’immunité collective, la fin de l’épidémie, transparence et indépendance des contrôles sont indispensables pour emporter l’adhésion du plus grand nombre.
Remplacer les morts du virus par les anti-corps de la vaccination, c’est à dire l’intelligence humaine et la solidarité pour atteindre l’immunité collective, voilà le défi. Contre les profits et les brevets des trusts de la vaccination, une coalition mondiale pour des vaccins universels biens communs de l’humanité.
Frank Cantaloup
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