“La Gauche” d’Oskar Lafontaine accueille les déçus du SPD et des Verts. 3000 nouvelles adhésions depuis mi-juin. (Article du Monde)

mardi 21 août 2007.
 

Démissionnaire en 1999 de la présidence du Parti social-démocrate (SPD) pour protester contre une dérive jugée libérale, Oskar Lafontaine savoure sa revanche. Baptisé “La Gauche” (Die Linke), son nouveau parti, qui rassemble des néocommunistes de l’ex-RDA, des déçus de la social-démocratie de l’ex-RFA et des utopistes de toujours, compte 3 000 nouveaux membres depuis sa fondation, mi-juin, sur les cendres de deux formations fusionnées. Pour rejoindre “La Gauche”, beaucoup quittent le SPD, dirigé par un Kurt Beck sans grand charisme et pénalisé pour sa participation à la grande coalition.

La gauche de la gauche voit, selon une récente enquête, ses idées défendues par une frange toujours plus importante de la population. Elle peut aborder les nombreux prochains scrutins régionaux (Hesse, Basse-Saxe, Hambourg...), assurée d’améliorer ses scores un peu partout. Créditée dans l’hypothèse d’élections législatives de 11 % d’intentions de vote, La Gauche est une menace pour le SPD, qui ne monte plus qu’à 28 %, loin derrière les Unions chrétiennes, à 38 %. Toute alliance entre les deux formations de gauche reste taboue. Plus une semaine ne se passe sans qu’un responsable régional rende sa carte du SPD ou des Verts pour rejoindre le parti de M. Lafontaine, qui recrute aussi parmi les cadres du puissant syndicat des services, Ver.di. “Ça n’a pas été simple pour moi de quitter le SPD après trente-cinq années comme membre”, reconnaît Rolf Linsler, ancien président de Ver.di. en Sarre. Il affirme “ne plus pouvoir être d’accord avec la politique sociale” de son parti d’origine. “La Gauche” est une “alternative crédible” à ce que le SPD a jadis été, renchérit Leo Stefan Schmitt, ancien secrétaire général du groupe parlementaire social-démocrate du Parlement régional de Saxe. Il a rejoint en juillet “La Gauche”, qui compte désormais 73 000 membres.

Salaire minimum renvoyé à une date inconnue, privatisation de la Deutsche Bahn, retraite à 67 ans : sur tous ces sujets, le SPD, au pouvoir depuis neuf ans, est accusé de trahir ses idéaux. Irrémédiablement, le nombre de ses membres décline. A près de 735 000 début 2001, ils n’étaient plus que 548 500 fin juillet. Selon le politologue Eckhard Jesse, “le SPD doit s’attendre à d’autres fuites vers “La Gauche”. Le parti est dans une situation très, très difficile”.

CANALISER L’ENGOUEMENT

La dernière étude du réputé Institut Allensbach, parue début août, montre pourtant que les idées de gauche progressent en Allemagne. 34 % des personnes interrogées se considèrent “de gauche”, deux fois plus qu’en 2001. Les deux tiers sont favorables à un salaire minimum et opposés à une privatisation de la Deutsche Bahn ou de Telekom.

Oskar Lafontaine saura-t-il canaliser ce courant ? Nombre d’observateurs en doutent. Certes, “il n’a jamais exercé une influence aussi grande sur la politique allemande qu’aujourd’hui, ni comme ministre des finances ni comme président du SPD ou comme ministre-président de Sarre”, affirme l’hebdomadaire Die Zeit dans sa dernière édition, mais c’est la puissance d’”un populiste dont personne ne connaît la véritable puissance des bataillons”. (- Intérim.)

Article paru dans l’édition du 16.08.07.


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