Forêt : L’insoutenable déforestation se poursuit

jeudi 28 janvier 2021.
 

« La Gaule chevelue », écrivait César en parlant de la partie de territoire qui n’avait pas été déjà romanisée par le commerce avec Rome… Il ne s’agissait pas de la longueur des cheveux de ses habitants mais d’une allusion à sa couverture forestière. Une métaphore très idéologique et politique puisque les Romains opposaient la civilisation à la forêt, ce qui en justifiait la conquête. 21 siècles et bien des défrichements plus tard, la forêt nationale se gère avec plus ou moins de bonheur et de précautions. Mais, « déprise agricole » aidant, consécutive à l’exode rural du dernier siècle, la France métropolitaine bénéficie aujourd’hui d’un couvert forestier respectable de 31% de sa superficie.

Pas de quoi s’estimer quitte pour autant car elle externalise massivement sa déforestation. Ses importations venant de l’étranger, converties en superficie forestière, correspondent à 14,8 millions d’hectares soit le quart de la surface totale de la métropole. Les besoins en bois et en pâte à papier se taillent la part du lion mais les productions importées d’huile de palme (biocarburant), soja (pour la viande bovine et produits laitiers) et cacao ressortent très nettement d’une déforestation à risque. Celle-ci équivaut à 5,1 millions d’hectares soit deux Bretagne et se développe en marge de toute soutenabilité, de souci de biodiversité et de respect des droits traditionnels ou sociaux de ceux qui y vivent.

Le tout dernier rapport de WWF recense 24 fronts actuels de déforestation dans le monde et souligne qu’entre 2004 et 2017, 43 millions d’hectares ont été perdus, partis parfois en fumée pour être convertis en surface agricole. En 2020, les compteurs se sont emballés. Au cours de son seul premier semestre, l’augmentation des incendies a été de 200% initiés à 75% par des activités humaines et attisés par le réchauffement climatique. Le cercle vicieux est imparable : les forêts en brûlant (Sibérie, Australie, Amazonie…) libèrent le carbone stocké et en absorbent à proportion de leur diminution des quantités moindres favorisant le réchauffement qui les fragilisent en retour, etc.

« Finalement, écrit le rapport WWF, le véritable changement implique de transformer nos économies, nos systèmes alimentaires et financiers et notre modèle de développement en replaçant la nature et l’humain au cœur. » Un constat pas vraiment surprenant pour l’insoumission écosocialiste et qui appelle des réponses d’urgence. En commençant, au niveau national par les échéances de 2022, comme y insistait Jean-Luc Mélenchon à ses vœux à la presse, qui apparaissent, selon ses mots, ici littéralement comme « une dernière station avant le désert ».

Jean-Luc Bertet


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