Présidentielle en Equateur : le "socialiste du XXIème siècle" Andres Arauz en tête du premier tour

mercredi 10 février 2021.
 

Le dauphin de l’ex-président Rafael Correa devra affronter un second le 11 avril, selon une projection officielle.

L’économiste socialiste Andres Arauz, dauphin de l’ex-président Rafael Correa, figure de la gauche latino-américaine, était en tête du premier tour des élections en Equateur dimanche 7 février, mais devra en affronter un second le 11 avril, selon une projection officielle.

Arauz, 36 ans, candidat de la coalition Union pour l’espérance (Unes), a obtenu 31,5 %, suivi de l’avocat de gauche Yaku Perez, 51 ans, du parti Pachakutik, à 20,04 %, premier indigène à parvenir aussi loin à une présidentielle, dans ce pays en crise économique, aggravée par la pandémie de Covid-19 qui l’a sévèrement touché.

Mais l’ex-banquier conservateur Guillermo Lasso, 65 ans, du mouvement Créer des opportunités (Creo, droite), qui se présente pour la troisième fois à la présidentielle et qu’enquêtes de sortie des urnes comme sondages donnaient second, n’est pas loin derrière avec 19,97 %, selon le Conseil national électoral (CNE).

La présidente du CNE, Diana Atamaint, a précisé que cette projection se base sur les résultats de 90,4 % des 2 425 bureaux de vote sélectionnés sur un total de 40 000, pour ce décompte rapide du premier tour.

Arauz a crié victoire dès la fermeture des bureaux de vote

« Il n’y a aucun doute, nous sommes en première place », s’est félicité Andres Arauz, qui avait crié « victoire » dès la fermeture des bureaux de vote.

Des sondages de sorties des urnes des instituts Cedatos et Clima Social, avaient crédité Arauz de 34,9 % à 36,2 % des voix, plaçant Lasso deuxième entre 21 % et 21,7 % et Perez troisième entre 16,7 % et 18 %. Quelque 13,1 millions d’électeurs étaient appelés à choisir entre 16 candidats, un record. Pour l’emporter au premier tour, le gagnant devait engranger la moitié des voix plus une, ou au moins 40% avec dix points d’avance sur le suivant.

Des politologues, tel Simon Pachano, de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso), avaient avancé que Perez pouvait réserver une « surprise ». « Le peuple nous a donné son soutien et cela a été plus que démontré dans les résultats officiels », a-t-il déclaré dimanche soir, en appelant à une veillée devant le CNE pour que « la décision des Equatoriens soit respectée ». De gauche mais opposé au corréisme, il bénéficie de la popularité du soulèvement social de 2019. Déclenchée par une hausse des prix des carburants dans le cadre d’une aide du Fonds monétaire international (FMI), la révolte s’était soldée par 11 morts, 1 340 blessés et avait fait vaciller le gouvernement. Perez unit le vote des autochtones « à celui de la gauche non corréiste et d’autres secteurs comme les jeunes », a précisé à l’Agence France-Presse Simon Pachano.

Parmi les 13 autres candidats, figurait une seule femme : Ximena Peña, candidate d’Alliance Pays (AP), parti au pouvoir affaibli.

Mesures sanitaires et longue attente

A l’issue d’une campagne limitée par le Covid-19, qui a fait plus de 15 000 morts dans ce pays de 17,4 millions d’habitants, les électeurs devaient aussi désigner les 137 députés du parlement monocaméral. Du fait de la fragmentation des forces politiques, le prochain gouvernement ne devrait pas y détenir de majorité. « Quel que soit le vainqueur, il aura un mandat fragile », devra « chercher des consensus », selon le politologue Esteban Nichols, de l’Université andine Simon Bolivar.

La crise suscite un fort mécontentement. Déjà affecté par la chute des cours du pétrole, principal produit d’exportation, l’Equateur a doublé sa dette et craint une contraction de son économie de 8,9 % en 2020.

Bien que grand absent du scrutin, le charismatique mais polémique Correa a été présent tout au long de la campagne, jusque sur les affiches d’Arauz et dans un message vidéo diffusé jeudi lors du dernier acte électoral de son dauphin. « Merci cher Equateur ! La révolution citoyenne a gagné de façon accablante, en dépit d’une campagne sale et de quatre années de persécution brutale et d’infamies », a tweeté dimanche le chantre du « socialisme du XXIe siècle ».

Installé au pays de son épouse belge, il se dit « persécuté » par Moreno, qu’il qualifie de « traître » pour avoir renoué avec le patronat, les banques, les Etats-Unis et le FMI. Arauz a déjà annoncé qu’il pousserait à la révision des procédures judiciaires engagées contre Correa, et que son mentor serait conseiller du gouvernement.

Le Monde avec AFP


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