#metoo violences sexistes, #metooinceste, #metoogay. Quelle libération de la parole sur les réseaux sociaux  ?

samedi 20 février 2021.
 

Depuis 2017, le mouvement #MeToo a permis une prise de conscience. Il est parfois critiqué pour les pratiques abusives induites par le Web. Pour en débattre : David Malazoué et Lucile Jomat, de SOS Homophobie ; Fatima-Ezzahra Benomar, des Effronté.es ; le poète et écrivain Olivier Barbarant et Caroline de Haas, de #NousToutes.

Une formidable caisse de résonance

David Malazoué et Lucile Jomat Président et vice-présidente de SOS Homophobie

Depuis trop longtemps contraintes au silence, les victimes donnent de la voix sur les réseaux (pas toujours très) sociaux. #MeToo, #MeTooViolencesSexuelles, #MeToo­Inceste, #MeTooGay… depuis près de cinq ans, les témoignages de violences sexuelles abondent sur les réseaux sociaux.

La parole ne demandait qu’à être libérée du carcan du secret et du fardeau de la honte porté par les victimes elles-mêmes. Aujourd’hui, grâce à leurs prises de parole et à leur courage, la honte change de camp  ! Relayée par les réseaux sociaux, formidable caisse de résonance, cette parole s’affranchit de toutes les barrières qui jusqu’à maintenant l’empêchaient de ­s’exprimer. Elle trouve également, enfin, une attention du plus grand nombre et de la société en général. Désormais, ce sont les ­agresseur·seuses qui sont confronté·es à leurs actes abjects jusqu’alors impunis.

Récemment, la libération de la parole des hommes ­homosexuels, sous le hashtag MeTooGay, illustre un nouveau pas dans la lutte contre les violences sexuelles. Oui, on peut être un homme et être victime de violences sexuelles  ! Sans filtre, ces hashtags nous renvoient à la diversité des victimes de violences sexuelles. Des violences quotidiennes qui n’épargnent ni les enfants, ni les femmes, ni les hommes, qu’ils ou elles soient cisgenres, transgenres, hétérosexuel·les ou homosexuel·les  ; et ce, quel que soit leur milieu social.

Le sexisme est partout, il régit nos vies, il rythme et hiérarchise les relations entre les hommes et les femmes dans nos sociétés. De fait, le sexisme instaure des rapports de domination et d’emprise qui sont le terreau de la culture du viol et qui exacerbent, et parfois ­glorifient, une masculinité toxique, laissant ainsi ­penser aux ­dominants que leurs actes, parfois encouragés, sont normaux et donc légitimes.

Pour les victimes, les violences sexuelles restent un tabou, les révéler peut montrer une faiblesse aux yeux de la société et pire encore peut les désigner comme à l’origine, voire responsables, des crimes de leur agresseur·seuse. Ce tabou peut être d’autant plus puissant lorsque l’agresseur·seuse est un·e proche, voire un·e parent·e.

Il aura donc fallu attendre la prise de parole, ou des accusations de personnalités, pour qu’enfin à leur tour les milliers de victimes anonymes dénoncent les violences sexuelles qu’elles ont subies ou subissent encore.

Si les réseaux sociaux ont porté la voix des victimes et participé à diffuser et à accélérer cette libération de la parole, ils ne sont pas eux-mêmes exempts de violence et de sexisme. Combien de propos malveillants, sexistes et dégradants véhiculent-ils chaque jour sans interdit, aux mépris des lois et des victimes elles-mêmes.

Cette lutte débute dès le plus jeune âge en éduquant les enfants à la notion de consentement et en décons­truisant les stéréotypes de genre qui véhiculent sexisme, homophobie et transphobie. Cette lutte implique des moyens – qui ne peuvent reposer uniquement sur des associations comme SOS Homophobie (1) – pour soutenir et accompagner les victimes. Dans ce combat, le gouvernement doit prendre toutes ses responsabilités en allouant des moyens suffisants à la justice et à la police mais également à tou·tes les acteur·trices de terrain qui agissent concrètement pour lutter contre ces violences. Cette lutte appelle, enfin, une véritable volonté de répression des auteur·es de violences sexuelles. Cette volonté passe par une meilleure considération de la parole des victimes, un enregistrement systématique des plaintes, une instruction rapide et suivie de véritables condamnations.

C’est tou·tes mobilisé·es contre les violences sexuelles que nous parviendrons à les éradiquer de nos sociétés.

Pierre Chaillan


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