Tempête boursière : Le capitalisme malade de la finance

mardi 28 août 2007.
 

Les dirigeants politiques et financiers de la planète ont beau multiplier les déclarations rassurantes visant à minimiser l’ampleur et les conséquences de la tempête boursière, elle souffle bien et de plus en plus fort. C’est le cas à Paris comme ailleurs, où le CAC40 a enregistré son plus bas niveau de l’année. Les commentaires autorisés commencent d’ailleurs à changer de ton. Alors que Bush niait toute conséquence sur la croissance, le secrétaire américain au Trésor reconnaît qu’elle sera “ pénalisée ” par les turbulences actuelles. Sarkozy, qui n’avait pas jugé utile d’évoquer le sujet avec Bush, lors d’un pique-nique largement médiatisé, affiche à présent sa préoccupation ; la ministre de l’Économie, Lagarde, écourte ses vacances ; le chef de l’État propose aux autres chefs d’État du G7 de travailler à une “ meilleure transparence des mar¬chés ”. Comme si c’était le cœur du problème !

Certes, le niveau d’engagement des grandes banques et des opérateurs du marché sur les prêts immobiliers à risque, les fameux “ subprimes ” américains à l’origine de la crise actuelle, n’est pas clairement identifié. Cette opacité accroît l’inquiétude des marchés qui ne localisent pas avec précision les détenteurs de toutes ces créances douteuses : cela aggrave les risques d’une “ panique boursière ” alors inévitable-ment très contagieuse. Mais s’en tenir à cela, c’est beaucoup trop court. Le problème de fond est l’enflure de la financiarisation de l’économie mondiale. Les “ subprimes ” immobiliers américains, avec lesquels Bush a fait miroiter aux Américains modestes le rêve d’une “ société de pro-priétaires ”, ne sont pas un cas isolé. Ce type de techniques ou de produits hyperspéculatifs à hauts risques se multiplie. Les LBO, qui servent à financer l’acquisition par emprunts d’entreprises en difficulté, et ont servi en France à l’acquisition douteuse de plusieurs entreprises, sont un autre exemple célèbre.

La question essentielle est donc de savoir si les gouvernements des grandes puissances capitalistes et les banques centrales, qui sont au cœur du dispositif, acceptent de continuer à alimenter cette suraccumulation financière ou se décident enfin à réorienter l’argent vers des financements plus sains de l’économie réelle. La vérité est que pour le moment ni les uns ni les autres n’envisagent de changer de cap.

L’hypocrisie du discours des responsables de la Banque centrale européenne éclate ici au grand jour. Ils maintiennent le robinet du crédit fermé au prétexte de lutter contre l’inflation. Mais quand il s’agit d’empêcher l’écroulement des cours boursiers, ils injectent des centaines de milliards d’euros de liquidités. Avec la BCE, il n’y a jamais d’argent, sauf très cher, pour financer les investissements. Mais que la Bourse tousse et les robinets se débloquent. Le pire, c’est que la BCE pourrait bien chercher demain à éponger ce gâchis financier en renchérissant de nouveau le crédit. Malgré la crise, elle n’aurait, semble-t-il, pas renoncé à augmenter ses taux en sep¬tembre. La fuite en avant, toujours et encore...

Pour le PCF, cette crise est lourde de menaces pour l’économie mondiale. Elle est une nouvelle preuve de l’incapa¬cité des marchés financiers à s’autoréguler. C’est la manifestation des gâchis immenses suscités par les politiques spéculatives des banques et des institutions financières, soutenues par les grandes banques centrales. Selon les communistes, rien n’empêche les États comme la France, rien n’empêche l’Union européenne d’imposer d’autres règles du jeu. Avec cette crise immobilière, c’est aussi la promesse du président Sarkozy d’une France de propriétaires qui tombe à l’eau. On voit bien que rien ne sera possible sans enfin s’engager à augmenter les salaires et le pouvoir d’achat 


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