TRIBUNE. Depuis quand accepte-t-on que les brevets de républicanisme soient décernés par la droite et l’extrême droite ?

lundi 5 avril 2021.
 

La semaine dernière, en moins de 72 heures, nous avons assisté à l’attaque du Conseil régional d’Occitanie par l’Action Française, au saccage d’une libraire à Lyon par des identitaires et à la découverte de 50 nazis dans l’armée française !

Le climat est pestilentiel. Un air suffoquant sature l’espace. Quand on pense toucher du doigt le pire, l’ignoble se produit. Nous avons atteint ce week-end un nouveau sommet avec la meute lâchée contre Audrey Pulvar. Même la marche climat et son ambiance rafraîchissante ne sont pas arrivées à évacuer la puanteur de la période.

Après l’Unef, après Ali Rabeh, après La France insoumise, après EELV, après tant d’autres... C’est notre camarde et amie qui est envoyée au billot par les tenants d’une laïcité instrumentalisée au service de leur racisme.

Une chose doit nous interroger. Depuis quand accepte-t-on que les brevets de républicanisme soient décernés par la droite et l’extrême droite ? C’est Marine Le Pen, présidente du RN, qui a dégainé en première s’érigeant en procureure et appelant à engager des poursuites pour incitation à la haine raciale. Personne n’est là pour lui rappeler que ce mouvement s’est construit sur les cendres de la nostalgie de Vichy avec comme co-fondateurs des hommes condamnés pour collaboration avec l’Allemagne nazie ? Marine Le Pen se place en Marianne de la République mais présentera aux départementales dans la Somme un candidat fondateur de Génération Identitaire, récemment dissout pour... incitation à la haine raciale. Tartuffe.

Des flèches partent, nous en avons malheureusement l’habitude. Ce qui doit nous inquiéter, c’est l’agrandissement de la sphère de celles et ceux qui les décochent. Une certaine partie de la gauche, si on peut encore parler de gauche, lâche la digue et agit avec la meute. Pourquoi attaquer l’Unef au lendemain de l’invasion du Conseil régional d’Occitanie par l’extrême droite ? C’est une faute politique majeure commise par Carole Delga. Mais est-ce vraiment étonnant pour une femme qui avait soutenu Manuel Valls lors des primaires socialistes de 2017 ? La seule chose positive de la période, c’est que la clarté va enfin s’imposer au rang même du mouvement progressiste. Valls, Lepage, Temal et tant d’autres ont craché leur bile, et montré que leur maison de demain serait celle du Printemps républicain. Nous ne voulons plus jamais avoir à faire à eux.

Notre génération ne peut plus supporter ces donneurs de leçons vissées à leur fauteuil depuis des années et qui voit encore la politique par le prisme des années 80. Car en vérité peu importe le nom qu’on donne à ces réunions, du moment qu’elles permettent de vaincre les discriminations. Derrière cette nouvelle polémique se dessine une fois de plus un racisme latent. Car si les propos de Audrey Pulvar, Rokhaya Diallo ou Mélanie Luce ont déclenché insultes et menaces, un silence assourdissant a entouré les déclarations de Laure Alder. Pourtant les mots sont les mêmes. Ce qui dérange c’est quand ce sont des noirs ou des arabes qui expriment cela. C’est cela qui devrait susciter une immense colère.

Ce climat n’est pas arrivé par hasard. Le gouvernement, et ses deux vigies Darmanin et Schiappa, se chargent de l’alimenter depuis des semaines tels des conducteurs de locomotives à vapeur attisant le feu à grands coups de pelle à charbon. Mais le train à vapeur de la macronie devient fou et prends les rails de l’extrême droite. Désormais pas une semaine ne passe sans que La République en marche et le Rassemblement national ne partagent les mêmes éléments de langage.

Alors que faire ? D’abord, et Éric Piolle l’a rappelé chez Jean-Jacques Bourdin avec beaucoup de justesse, nous devons faire front. À chaque attaque, il faut entourer nos camarades, ne rien laisser passer. Face à leur haine, opposons toujours notre solidarité. C’est cette richesse qui cimente le mouvement progressiste et tisse des liens qui demain permettront de construire des horizons nouveaux.

Ensuite agir. Nous sommes face à l’histoire. Pour l’homme blanc dominant, dès que les arabes et les noirs sont au cœur de mouvements de lutte nous avons forcement à faire à du communautarisme. Aujourd’hui si le mouvement antiraciste fait peur au tenant de l’ordre établit c’est qu’il est porté par celles et ceux qui sont victimes de ces discriminations, et majoritairement issues des quartiers populaires. C’est donc un racisme subit, concret qui s’appuie sur de décennies d’expériences subies. C’est une bouffé d’espoir. Cette jeunesse se lève un peu partout dans le pays. Accompagnons là.

Mais pour que ces espérances soient couronnées de succès il faut que la gauche pousse cet élan populaire, et accède au pouvoir. Trop longtemps nous avons été cœur des quartiers populaires ne laissons pas passer cette chance unique d’unir toutes celles et ceux qui subissent les foudres d’un capitalisme économique toujours plus violent. Car derrière ce climat, se dessine une échéance majeure pour notre pays.

L’élection présidentielle française aura rarement été aussi importante. Et comme souvent l’espoir est venu de là ou où ne l’entendait pas. C’est Yannick Jadot, l’écolo soliste, qui a tendu la perche en appelant la gauche et les écologistes à se rencontrer, à discuter dans les jours qui viennent. Si l’appel au rassemblement vient du loup solitaire, nous avons espoir de croire au rassemblement de la meute. Pour Audrey, pour Mélanie, pour Rokhaya, pour toutes celles et ceux victimes de discriminations, nous devons le faire.

Thomas Portes, porte-parole de Génération.s


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