L’espèce humaine a une action sur l’équilibre écologique, toujours précaire et temporaire

samedi 17 avril 2021.
 

Une étude scientifique récente montre que l’espèce Homo Sapiens a rapidement infléchi sa consommation il y a environ 40000 ans, passant de super-prédateur carnassier qu’elle a été pendant près de 2 millions d’années à une consommation de plus en plus diversifiée en végétaux. Ce changement correspond probablement à une adaptation au bouleversement de la ressource alimentaire, notamment la disparition de la mégafaune au pléistocène supérieur. Les raisons de cette disparition seraient à chercher à la fois dans le changement climatique comme l’action humaine déjà prédatrice et destructrice de diversité, par son action sur la faune et la flore, comme la dispersion d’espèces animales domestiques, ou déjà des formes de déforestation.

On le sait, en histoire les mêmes causes produisent rarement les mêmes effets. Pourtant nous devons méditer ces faits : l’espèce humaine a bien une action sur l’équilibre écologique, toujours précaire et temporaire. Le changement de comportement alimentaire s’est étendu à toutes les strates de la vie humaine, l’introduction de l’agriculture et de l’élevage modifiant nos relations sociales, générant l’un des facteurs nous faisant basculer dans l’ère de la propriété. Les éléments aggravant la pandémie aujourd’hui sont directement liés à la mondialisation : réduction de la biodiversité, concentration des populations humaines mais aussi domestiques – rappelez-vous le nombre effarant de visons euthanasiés pour éviter des variants. On sait que la faune se raréfie en masse et en diversité : la semaine dernière on pronostiquait la probable extinction des éléphants dans 50 ans. Nous entrons dans l’an II de la pandémie avec ce durcissement des mesures de contingentement social, mais l’an I était celui où l’on parlait du monde d’après. Avons-nous oublié ces enjeux ? Saurons-nous à notre tour nous adapter aux changements climatiques, sanitaires qui nous attendent ? Attendrons-nous de l’idéologie capitaliste qui a conquis le monde en quelques siècles qu’elle s’adapte à son tour ? Ses tenants parient sur de nouvelles prouesses techniques à long terme pour nous sauver. Certains voient une forme de dépassement de l’humanité elle-même, soit par un transhumanisme inévitablement réservé aux mieux lotis, soit par le rêve insensé d’une migration spatiale.

Folies nouvelles du temps court du capital. Nous n’avons pas de planète B, mais nous avons un plan B. Parce que dans la catastrophe, comme l’écrivait Marx à Ruge en mai 1845 : « la situation désespérée est précisément ce qui m’emplit d’espoir. » Les enjeux des mois à venir ne sont pas ceux du changement de nom de l’ENA ou de la course à l’échalote xénophobe. En 2022 il s’agit de proposer les changements nécessaires, un monde qui prenne à bras le corps les questions de santé publique, de transition climatique. Au capitalocène qui nous envoie dans le mur, opposons un écosocialisme – quel que soit le nom retenu d’un autre contrat social de l’humanité avec elle-même et la nature.

Benoît Schneckenburger


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