Partout la parole sociale doit être soutenue.

jeudi 29 avril 2021.
 

Emploi et pouvoir d’achat. Telles sont les deux priorités des Français dans la perspective de l’élection présidentielle selon un récent sondage. Malgré des mois de battage médiatique à propos de l’Islam, une mise en scène sécuritaire du président Macron, des assassinats terroristes islamistes et la crise sanitaire comme chape de plomb, la réalité sociale reste au cœur des préoccupations populaires.

Les raisons ne manquent pas. Le nombre de chômeurs a explosé. Les plans de licenciements se multiplient. Les confinements ont jeté dans le chômage ou la pauvreté ceux qui vivaient de petits boulots, d’intérim, de travaux saisonniers. La contre-réforme de l’assurance-chômage va faire les poches des chômeurs sans faire reculer le chômage. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire fourbit ses armes contre les retraites et prévoit une super-austérité pour les années à venir. La Commission européenne exige des « réformes structurelles » en échange du prétendu « plan de relance européen ».

La perspective de la fin des aides de l’État face à la crise (prêts garantis, années blanches, report de cotisations…) annonce une saignée. Seule la crainte du pouvoir à l’égard du scrutin de 2022 devrait retarder un peu cet « ajustement structurel ». Marine Le Pen par sa diversion habituelle sur l’immigration aide à cacher ces mauvais coups. Xavier Bertrand veut faire pareil en surjouant l’autorité pour camoufler sa promesse d’allonger à 44 ans la durée de cotisations pour la retraite.

La question sociale est là. Posée en grand dans les profondeurs du pays même si elle est bien absente de la une des journaux. Elle ne se pose pas de la même façon qu’hier dans une société confinée et morcelée et alors que la France compte – dans les statistiques – plus de cadres que d’ouvriers. Mais le grand continuum du salariat, du précariat et de l’auto-entreprenariat reste la réalité du grand nombre. Ajoutez-y des jeunes dans la galère et des vieux dans la misère ainsi qu’une explosion des inégalités patrimoniales. Cette exigence sociale diffuse recoupe d’ailleurs bien des enjeux écologiques : création d’emplois de qualité non-délocalisables, relocalisation des productions, éradication des passoires thermiques, droit à une alimentation saine, lutte contre la pollution de l’air qui empoisonne d’abord les classes populaires, présence des services publics partout sur le territoire pour éviter les déplacements inutiles etc.

Partout la parole sociale doit être soutenue. Des mobilisations de la culture et contre l’assurance-chômage aux manifestations du 1er mai notamment. C’est aussi le sens de la marche pour l’emploi annoncée dans l’Aveyron le 16 mai avec Jean-Luc Mélenchon. Le nouveau Cahier de l’Avenir en commun, consacré au progrès social et humain, ne saurait mieux tomber. Il met en discussion des réponses fortes et audacieuses à la question sociale. Pour ne pas laisser étouffer l’un des enjeux majeurs de la période.

Matthias Tavel


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