D’un premier mai à l’autre

jeudi 6 mai 2021.
 

On peut le dire, malgré le temps maussade nous étions nombreux à être heureux de nous retrouver dans la rue pour ce 1er mai 2021. Nous en avions été privés l’an dernier, pour cause d’état d’urgence, des syndicalistes ayant même écopé de l’amende de 135 € - invalidant les propos rassurants de ceux qui pensent que l’état d’urgence sanitaire est nécessaire et n’atteint pas les libertés fondamentales. Cette année il a été éminemment combattif. La question sociale revient au cœur de l’actualité, parce que la crise épidémique s’accompagne d’une crise sociale, pendant laquelle les plus riches continuent eux à s’enrichir. À l’automne, l’association OXFAM avait pu montrer que 32 multinationales avaient engendré 109 milliards de dollars de plus que leur bénéfice moyen des quatre années précédentes. Les 25 milliardaires les plus riches du monde ont vu leur richesse augmenter de 255 milliards de dollars pendant les 3 mois du pic de l’épidémie mondiale. En même temps les gouvernements européens ne perdent pas de vue l’agenda de la Commission. En contre partie du plan de relance de l’Union Européenne, le gouvernement d’Emmanuel Macron s’est engagé à mener à bien les réformes de l’assurance chômage, par le durcissement des conditions d’ouverture des droits et la baisse des allocations, et mener à bien celle du régime des retraites.

D’un premier mai à l’autre, le Rassemblement National égraine aussi son programme. Dans son discours du premier mai, Marine Le Pen a appelé à « remettre la France en ordre en assurant la protection des Français ». Sécurité, exonérations d’impôts pour les entreprises, politique nataliste, elle repeint le Travail Famille Patrie. Elle entend faire oublier les sympathies pétainistes de son père, mais ne change pas de logiciel. Son soutien à la tribune des généraux est clair : sur le fond elle ne renonce pas aux fondamentaux du fascisme. Il n’y a pas de dédiabolisation venant du front national, il y a hélas une diabolisation du spectre politique qui en reprend les thématiques : lutte contre l’immigration et racisme sont désormais décomplexés. Quand des représentants du mouvement Les Républicains se disent favorables à l’esprit de la tribune appelant de fait à se lever contre les institutions et les mouvements antiracistes, une nouvelle digue est brisée et les flots nauséeux s’écoulent. Les mouvements radicaux d’extrême droite s’en prennent aux lieux de cultes musulmans, accusent nommément Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise de collaboration. La violence encore une fois est de leur côté.

Ce premier mai avait valeur de symbole car nous commémorons les 150 ans de la Commune. Dans un contexte de crise, elle avait porté bien haut les exigences de justice sociale, d’éducation et de laïcité. La revendication se mène dans la rue et dans les urnes, elle ne peut dépendre d’un agenda que le gouvernement et ses idiots utiles veulent réduire à la feinte opposition Macron-Lepen. Il est temps de se remobiliser.

Benoît Schneckenburger


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