Lutte de classe et conscience de classe 2 L’électorat populaire a été négligé ( Martine Billard, députée « Verts » de Paris)

mercredi 5 septembre 2007.
 

Avec la disparition des gros bastions ouvriers de l’industrie, l’expression « classe sociale » est devenue suspecte. La seule utilisation tolérée concerne la classe moyenne, dont les contours sont d’ailleurs très flous. Nous sommes entrés dans une ère de glorification de l’individu. « Entre l’égalité de tous sur la ligne de départ et les performances de chacun à l’arrivée, le travail fait de l’individu le seul responsable de son propre parcours », dixit la ministre de l’Économie. Toute analyse en termes de groupes sociaux, ou toute défense d’intérêts collectifs, est aussitôt dénoncée comme corporatiste, y compris dans certains rangs de gauche.

Pourtant l’ascenseur social s’est arrêté et le mythe de la fin de la classe ouvrière est démenti par les statistiques : les ouvriers et employés représentent encore près de 60 % de la population active, travaillant principalement dans le tertiaire. La moitié des salariés gagne moins de 1 500 euros par mois, et la dernière loi favorisant la transmission des patrimoines ne pourra qu’alourdir les phénomènes de reproduction sociale.

Les gouvernements de gauche ont surtout ciblé d’un côté les couches moyennes supérieures (réduction des tranches supérieures de l’impôt) et de l’autre les « exclus » (création du RMI, de la CMU...). Ceux qui ont des fins de mois difficiles, bien qu’ayant un travail et un salaire régulier, se sont sentis abandonnés. De plus, le discours dominant sur l’impuissance du politique face à la mondialisation a poussé de larges segments de la population à la résignation et à la concurrence individuelle plutôt qu’aux combats collectifs.

À négliger l’électorat populaire, la gauche est allée de défaite en défaite. De même, l’écologie ne peut être un luxe réservé aux plus aisés. Les bouleversements climatiques avec leurs conséquences multiples, la raréfaction de certaines matières premières, la diminution de la biodiversité et l’extension des pollutions chimiques rendent indispensable une société plus économe de ses ressources. Écologie et social sont indissociables. Ainsi la hausse inéluctable du prix du pétrole avec ses conséquences en termes de déplacements, d’accès à l’énergie, de prix de l’alimentation, frappe plus lourdement les foyers à faibles revenus. Ce sont eux qui ont le plus intérêt aux transformations du mode de production et de consommation. De même, la poursuite d’un système de santé solidaire est indispensable pour faire face à la multiplication des cancers, diabètes, maladie de Parkinson, d’Alzheimer. Mais le dépistage et les soins ne suffisent pas. Arrêter l’utilisation des produits cancérigènes (amiante, pesticides...) est la meilleure façon d’améliorer la santé sans augmenter les dépenses. La garantie d’une bonne qualité de vie pour tous et en premier pour les plus pauvres passe par un mode de production et de consommation plus sobre.

C’est donc en proposant un projet basé sur les solidarités sociales incluant la dimension environnementale que la gauche et les écologistes pourront répondre à l’attente des couches populaires et, par là même, à l’ensemble de la société.


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