Méconnaissance par les Français de la réalité du fonctionnement des différentes institutions.

vendredi 11 juin 2021.
 

** La méconnaissance de la nature et du fonctionnement des différentes institutions est un facteur de la dépolitisation, de la défiance vis-à-vis d’elles. Ce facteur n’est évidemment pas unique.

Le manque de moyens concrets accordés à l’éducation civique des jeunes, le peu d’intérêt que les médias accordent généralement à ces questions institutionnelles et juridiques conduisent à penser que cette ignorance est entretenue par les pouvoirs au service de la classe dominante.

Il en est de même du manque de moyens accordés à la Justice et à L’Éducation Nationale.

Il y a un grand écart entre l’affichage de façade des bons textes et des bonnes intentions et la réalité du terrain comme le montre le premier texte qui suit.

Le CNESCO dévoile une éducation civique "de façade"

Source : le café pédagogique. Par fjarraud , le 13 janvier 2015.

http://www.cafepedagogique.net/lexp...

[Alors que périodiquement on annonce une] grande mobilisation de l’Ecole pour les valeurs de la République", le Cnesco décrit une réalité de l’Ecole bien différente. Le 12 janvier [2015], le Conseil national d’évaluation du système scolaire, présidé par Nathalie Mons, publie un rapport qui évalue la réalité de l’éducation civique en France. Pour le Cnesco si en principe l’éducation civique est exemplaire en France, dans la réalité elle relève de "participation de façade" notamment pour les jeunes des quartiers populaires et dans les dernières années de la scolarité, celles qui préparent directement à l’entrée dans la vie citoyenne.

" Légalement, la France n’est pas en reste en termes d’éducation à la citoyenneté, elle se place au contraire en tête des pays européens par son investissement éducatif théorique dans ce domaine d’enseignement", rappelle le Cnesco. Tout le rapport est ainsi inscrit dans cette opposition entre les prescriptions réglementaires et la réalité de ce qui se passe sur le terrain, dans une situation très française.

En apparence, la France " se place en tête des pays européens par son investissement éducatif en matière d’éducation civique". Elle est le seul pays européen à dispenser pendant 12 années consécutives un enseignement à la citoyenneté obligatoire. Les élèves participent à la gestion des établissements ce qui est une forme très active d’éducation à la citoyenneté. Ils participent aussi à des projets éducatifs. Sur le papier la France est simplement exemplaire.

Des enseignements qui passent à la trappe

Mais le Cnesco ne s’attache pas qu’au papier. "Derrière cette façade d’un engagement massif dans l’éducation à la citoyenneté, les faiblesses de ces apprentissages sont nombreuses", écrit le rapport. Il ne dévoile rien qu’on ne sache. Mais il le révèle officiellement comme une institution chargée d’évaluer l’Ecole.

" Dans les faits, les heures d’enseignements, intégrées le plus souvent à l’histoire-géographie ne sont pas toujours dispensées dans leur totalité", écrit le Cnesco en soulignant le cas du lycée. De la même façon, la participation des élèves aux instances de gouvernance des établissements laisse à désirer. Le taux de participation des lycéens aux élections à la vie lycéenne n’atteint aps 50% en 2012. La parole des lycéens n’est pas prise en compte ne réalité dans les établissements. " Les valeurs citoyennes de la République apparaissent hors sol et désincarnées", érit le Cnesco alors que " un champ de recherche fécond et solide4, développé notamment dans les pays anglo-saxons depuis une vingtaine d’année montre, notamment, que ce sont les participations des jeunes dans des projets et débats citoyens dans leur école, plus que le suivi de cours d’éducation civique qui sont en lien positivement avec les indicateurs d’attitude, d’engagement et de socialisation citoyenne et politique des plus jeunes."

L’éducation civique ne touche pas les classes populaires

Le Cnesco démontre aussi que l’éducation civique omet les jeunes des classes populaires. Alors que les séries générales du lycée comptent un horaire précis d’ECJS, dans la voie professionnelle l’éducation civique est le parent pauvre d’un bloc lettres - histoire-géo. En série technologique, " seules certaines mentions dans des thèmes d’Histoire ou de Géographie sont développées". Au final, " les filières d’élite sont mieux pourvues en enseignement citoyen que les filières moins favorisées aux publics plus démunis socialement, contribuant certainement à construire des inégalités de socialisation politique", écrit le Cnesco.

Déficit de préparation du jeune citoyen

Le Cnesco souligne encore un dernier déficit de l’éducation civique à la française. Alors que cet enseignement est bien fléché à l’école et au collège, c’est au lycée qu’il peut disparaitre comme on vient de le voir " alors que les recherches montrent aujourd’hui que l’éducation civique qui précède directement l’entrée dans la vie citoyenne adulte, notamment à travers la participation au processus électoral, est déterminante pour assurer un engagement citoyen de qualité".

Une pédagogie à revoir

"Ce sont les participations des jeunes dans des projets et débats citoyens dans leur école, plus que le suivi de cours d’éducation civique qui sont en lien positivement avec les indicateurs d’attitude, d’engagement et de socialisation citoyenne et politique des plus jeunes (participation associative, participation électorale, croyance dans les institutions, tolérance pour l’altérité…)", écrit le Cnesco. Or le Conseil relève que les projets citoyens sont peu nombreux.

Alors que la ministre consacre toute une semaine à réfléchir à l’enseignement des valeurs républicaines, le Cnesco rappelle son existence à la communauté éducative. Cele-ci en a bie besoin. Le même jour, la consultation des syndicats par la ministre a montré qu’il y avait peu de remise den question de l’éducation civique avec l’exception de F Sève, secrétaire général du Sgen Cfdt , précisant que "l’école doit s’interroger sur la façon dont elle pratique la citoyenneté à travers les conseils de vie lycéenne". Et la petite note du Cnesco apparait déjà comme prescriptive.

François Jarraud

** Cette situation ne date pas d’hier puisque elle a déjà été signalée au Sénat en 2002. L’enseignement de l’éducation civique 12e législature Question écrite n° 00454 de M. Yann Gaillard (Aube - RPR) Voir le texte en utilisant le lien suivant https://www.senat.fr/questions/base... ** Les programmes d’éducation civique et morale actuelle sont disponibles en utilisant l’adresse suivante : https://www.data.gouv.fr/fr/dataset...

** Quelques sondages sur la connaissance des Français de leurs institutions. a) Concernant la Ve République : https://www.franceinter.fr/politiqu...

Un Français sur 2 ne connaît pas la nuit de la création de la Ve République ; seulement un Français sur 5 c’est que l’élection du président de la république au suffrage universel date de 1962,… République Grosso modo, un Français sur 2 connaît approximativement les institutions de la 5e République. Intéressant de noter qu’qu’en 2018,53 % des Français étaient favorables à la création d’une 6e république. D’une manière plus précise, et en fonction des différentes couleurs politiques des sondés, on peut avoir des informations sur les souhaits des Français concernant les modifications des institutions. Voir sondage BVA – Atlantico : https://www.bva-group.com/sondages/... ** b) Concernant les institutions européennes, les ¾ des Français affirment mal les connaître ainsi que leur fonctionnement.

https://harris-interactive.fr/opini... ** c) Concernant le rôle des régions, les Français connaissent mal leurs attributions.

https://www.lemonde.fr/politique/ar...

** d) Concernant l’institution judiciaire. 91 % des Français considèrent qu’il est difficile de se faire une idée sur le fonctionnement de la justice. 77 % considèrent qu’elle fonctionne mal. https://www.lefigaro.fr/actualite-f...

** Commentaires final

Il est difficile de faire la critique ou de changer les institutions lorsqu’on ne les connaît pas ou que qu’on les connaît mal tant par leur nature que par leurs effets dans le champ social et politique. Cette méconnaissance est donc 1 frein à toute possibilité de changement il va donc dans le sens de la conservation de l’ordre établi. D’autre part, d’un point de vue défensif, il est difficile de défendre ses droits prévus dans les institutions si on les ignore. **

Hervé Debonrivage


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