Le courant CCR Révolution permanente scissionne du NPA

jeudi 17 juin 2021.
 

1) Personne n’a été exclu du NPA, qui prendra ses décisions sur la présidentielle fin juin (texte NPA)

Source : https://lanticapitaliste.org/commun...

Dans un texte rendu public jeudi 10 juin , le groupe CCR-Révolution permanente a annoncé son départ du NPA. Le NPA prend acte de cette décision, et ne renonce pas à son projet de s’adresser à toutes celles et tous ceux qui subissent un ordre social de plus en plus violent et injuste, et veulent se regrouper pour agir, collectivement, afin de le renverser.

Concernant le départ du CCR-Révolution permanente, certaines précisions s’imposent. Contrairement à ce qui est affirmé dans leur texte, personne n’a été exclu du NPA, ni individuellement, ni collectivement. Il s’agit bel et bien d’un départ : jusqu’à la publication de ce texte de rupture, les membres du CCR-Révolution permanente cotisant au NPA avaient le même statut que les autres militantEs du NPA, pouvaient participer au processus démocratique en cours pour décider de notre orientation à l’élection présidentielle, et leurs représentantEs dans les instances de direction nationale pouvaient se joindre à l’ensemble des réunions et participer aux prises de décision.

Le départ du CCR-Révolution permanente est en réalité la conséquence de l’échec de ce groupe à imposer au NPA la candidature présidentielle d’Anasse Kazib. Cette « pré-candidature », annoncée publiquement le 4 avril dernier sur les réseaux sociaux et dans quelques articles, s’est faite en rupture avec le fonctionnement du NPA et ses modalités de prise de décision concernant nos candidatures à la présidentielle. Celles-ci ont toujours été le fruit de discussions démocratiques au sein du NPA, organisées autour des questions d’orientation et de profil politiques, et non de « pré-campagnes » personnalisées — et a fortiori menées à l’extérieur de l’organisation.

Cette « pré-candidature », articulée au projet de lancement d’un « Parti révolutionnaire des travailleurs », n’a convaincu personne dans le NPA, à l’exception des membres du CCR-Révolution permanente. En mettant en scène aujourd’hui leur prétendue « exclusion », ils et elles veulent jeter la suspicion sur le NPA et délégitimer préventivement ses choix pour 2022.

Conscient de son isolement interne et de son échec à imposer son projet de parti et son candidat, le CCR-Révolution permanente a choisi de se retirer du NPA avant même que la consultation démocratique interne ait lieu. Dont acte.

Le NPA prendra, comme prévu, ses décisions concernant la présidentielle lors d’une conférence nationale les 26 et 27 juin. D’ici là, l’ensemble de ses membres sont invités à se prononcer, dans le cadre de discussions et de votes démocratiques, sur l’orientation et le profil de notre organisation pour 2022.

À l’issue de ce processus de discussion/décision, le NPA annoncera, après le week-end des 26 et 27 juin, ses choix pour la présidentielle, à l’occasion de laquelle nous entendons bien défendre un programme d’urgence sociale, écologique et démocratique, et porter la perspective d’une rupture révolutionnaire avec le système capitaliste.

NPA, Montreuil, le 11 juin 2021

2) Exclus du NPA, nous engageons le processus de construction d’une nouvelle organisation révolutionnaire (CCR révolution permanente)

Source : https://www.revolutionpermanente.fr...

Dans cette déclaration, signée par 296 militants et militantes issus de 34 comités du NPA, nous revenons sur notre exclusion de l’organisation. Elle ouvre pour les militants de Révolution Permanente une nouvelle étape dans la bataille pour la construction d’un Parti révolutionnaire des travailleurs en France.

A quelques jours de la conférence nationale censée définir l’orientation et le candidat du Nouveau parti anticapitaliste pour la prochaine élection présidentielle, nous nous voyons contraints de prendre acte de notre exclusion de fait de cette organisation que nous avons, pour certains, aidé à construire pendant plus de 12 ans. Comme très souvent dans l’histoire des exclusions politiques, ceux qui les pratiquent ne le reconnaissent pas et manient les formules du style “séparation” (au lieu d’exclusion) ou encore “ils se sont mis d’eux-mêmes en dehors du parti”. La réalité reste pourtant celle d’un long processus d’exclusion orchestré de bout en bout par le noyau central de la majorité de direction depuis plus d’un an, sur lequel il existe des dizaines de traces écrites (motions d’exclusion, déclarations internes signées par les membres de cette direction, décisions de la commission de médiation bafouées, etc.) que nous transmettrons volontiers sous simple demande.

Très loin du récit fantasmé et des calomnies proférées par la majorité de direction du NPA, notre exclusion répond à deux problèmes politiques bien concrets : 1) la direction historique du NPA, héritière de ce qui est resté de la direction de l’ancienne LCR, est devenue de plus en plus minoritaire au sein de l’organisation et risquait, lors d’un prochain congrès, d’en perdre totalement le contrôle ; 2) cette même direction s’est engagée dans un tournant à droite, vers une politique de compromission avec la gauche institutionnelle, dont les listes pour les régionales en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie sont un avant-goût, tournant pour lequel l’existence d’une aile gauche forte, opposée à ce que le NPA devienne une sorte de succursale de La France Insoumise, constitue un obstacle. Ce sont ces deux raisons qui ont conduit la direction, d’abord à repousser le congrès aux calendes grecques, puis à faire de la conférence nationale sur la présidentielle un instrument de la scission, à travers la confiscation des droits politiques d’environ 25 % des militants de l’organisation.

S’il est ridicule de prétendre que nous n’étions pas membres du NPA alors que nous disposions d’une représentation dans toutes les instances de direction nationale et intervenions au nom du NPA dans des meetings et même dans le traditionnel débat NPA-LO lors de la dernière Fête de Lutte ouvrière, il est certain que nous avions d’importants désaccords à la fois sur le bilan du projet initial du NPA et sur la façon de dépasser la crise dans laquelle l’organisation est plongée depuis une décennie. Il n’y avait pourtant pas de fatalité à ce que le NPA se réduise à peau de chagrin, un peu plus à chaque congrès, au point de ne représenter aujourd’hui qu’à peine 10 % du nombre d’adhérents présents au moment de la fondation, et trois fois moins que les effectifs de la LCR au moment de sa dissolution. Ou encore à ce que l’organisation, dans sa sociologie, regroupe bien plus d’enseignants et de cadres de la fonction publique que d’ouvriers et de personnes issues des quartiers populaires et de l’immigration.

Surtout dans un contexte où, depuis 2016, nous avons assisté à une vague importante de la lutte de classe et à l’émergence d’une nouvelle génération militante, débordante de radicalité et à la recherche d’une alternative politique qui porte cette radicalité, dont le mouvement des Gilets jaunes et ses chants sur la révolution ou encore la grève contre la réforme des retraites de l’hiver 2019-2020 étaient des illustrations. Durant ces années nous avons défendu dans le NPA, et tenté à notre échelle de faire la démonstration, qu’autour d’un profil révolutionnaire affirmé et d’une intervention audacieuse dans les principaux phénomènes de la lutte de classe, il était possible d’attirer vers l’extrême-gauche une partie de ces nouveaux militants et que c’était là que résidait la sortie de crise de l’organisation, plutôt que dans les politiques dites unitaires en direction d’une soi-disant « gauche de la gauche » de plus en plus éloignée des intérêts des travailleurs et des classes populaires.

Nous avons été un certain nombre à avoir été gagnés dans cette séquence aux idées révolutionnaires par les camarades de Révolution permanente et, une fois ayant rejoint le NPA, nous n’avons malheureusement pas trouvé l’accueil espéré : on a tenté de nous empêcher de voter pour le congrès, puis pour la conférence nationale, on a expliqué que nous n’étions pas de vrais militants du NPA, on a dénigré en interne la coordination RATP-SNCF, puis une grève comme celle de Grandpuits, jusqu’à la campagne traitant la proposition de candidature pour la présidentielle d’un camarade ouvrier, issu de l’immigration, reconnu pour son rôle dans la lutte de classe comme Anasse, comme “une attaque contre le NPA”.

Arrivés à ce point, nous ne voyons plus de possibilité que le NPA puisse se recomposer en tant qu’outil efficace au service des intérêts de notre classe. Nous avons pourtant tenté jusqu’à la fin de le transformer, ce qui ne pouvait se faire que sur la base d’un bilan sérieux de l’échec du projet initial, de l’immense difficulté de cette organisation à être autre chose qu’un commentateur des grands processus de la lutte de classe, pour aboutir à une forme de refondation révolutionnaire. Cette possibilité nous étant aujourd’hui ôtée par notre exclusion, nous ne renoncerons néanmoins en aucun cas à l’objectif de reconstruire une gauche révolutionnaire à la hauteur des expériences de la lutte de classe des dernières années et surtout des défis qui sont devant nous en cette nouvelle phase de crise capitaliste internationale.

C’est pourquoi, en étant exclus aujourd’hui du NPA, nous nous lançons immédiatement dans un processus de constitution d’une nouvelle organisation, dans la perspective de construction d’un parti révolutionnaire des travailleurs, ainsi que dans la recherche des 500 parrainages nécessaires pour que Anasse puisse être candidat à l’élection présidentielle de 2022.

Nous appelons tous et toutes les camarades qui partagent ces conclusions à nous rejoindre dans la bataille qui commence.

Premiers signataires :

Adrien Cornet (raffineur Grandpuits), Anasse Kazib (cheminot Paris Nord, membre du Conseil Politique National), Alberta Nur (étudiante Toulouse Mirail), Christian Porta (ouvrier agroalimentaire Neuhauser), Clément Alonso (cheminot technicentre Châtillon), Daniela Cobet (enseignante Val-de-Marne, membre du Comité Exécutif), Emmanuel Barot (ex-MCF à l’Université de Toulouse Mirail), Elsa Marcel (élève-avocate, membre du Conseil Politique National), Éric Bezou (cheminot licencié Maintes-la-Jolie) Faouzi Abou Rayan (ouvrier maintenance RATP), Flora Carpentier (journaliste), Gaëtan Gracia (ouvrier aéronautique Toulouse), Jean-Philippe Divès (juriste, membre du Comité Exécutif), Juan Chingo (journaliste), Laura Varlet (cheminote Paris Nord, membre du Conseil Politique National), Léo Valadim (étudiant Paris 8, membre du Bureau du Secrétariat Jeune), Lucas Dorin (travailleur social Montpellier), Marie-Laure Charchar (travailleuse CHU Bordeaux), Marina Garrisi (éditrice), Marion Dujardin (enseignante Seine Saint-Denis, membre du Conseil Politique National), Maude Vadot (MCF à l’Université Savoie Mont Blanc), Nima Santonja (musicienne), Petra Bernus (étudiante Bordeaux, membre du Bureau du Secrétariat Jeune), Philipe Alcoy (journaliste), Rozenn Kevel (étudiante et salariée licenciée de Chronodrive Toulouse), Simon Hallet (ouvrier papeterie Blois), Thomas Posado (chercheur et auteur), Valentin Leblanc (enseignant Dunkerque), Vincent Duse (ouvrier PSA Mulhouse, membre du Conseil Politique National), Yassine Jiwa (machiniste RATP)


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