Économie circulaire et économie sociale et solidaire.

mercredi 23 juin 2021.
 

Économie circulaire et économie sociale et solidaire.

Une véritable économie circulaire dans le cadre d’une économie capitaliste reste problématique dans la mesure où, par exemple, le traitement capitalistique d’une quantité croissante de déchets peut être source de profits. L’alliance entre l’économie circulaire et l’ESS constitue un mariage de raison.

**

Dans son émission « Entendez-vous l’éco » des visites – 9 et 10 juin 2021, France Sculpture à diffuser 3 émissions sur l’économie circulaire bien documentées. Nous en rendons compte ici. Les textes sont les présentations des émissions sur le site de FC.

** La définition d’une économie circulaire est celle d’une économie s’inspirant des écosystèmes naturels dans lesquels rien ne se perd, tout se transforme. L’économie circulaire vise autant à produire et à consommer autrement qu’à réduire les flux de matières utilisés au sein du système économique en place. Contrairement...

* Économie circulaire : les 3 épisodes https://www.franceculture.fr/emissi...

**

Épisode 1 L’économie circulaire. Une révolution conceptuelle. Le 8 juin 2021.

https://www.franceculture.fr/emissi...

Présentation de l’émission sur le éritée de la Révolution industrielle, l’économie linéaire se heurte aujourd’hui à la prise de conscience d’un seuil critique d’exploitation des ressources naturelles. Pour y remédier, le modèle de l’économie circulaire séduit citoyens, politiques et entreprises.

Le modèle de l’économie linéaire a permis un développement industriel et une croissance sans précédents, au détriment des ressources naturelles. Le modèle de l’économie linéaire a permis un développement industriel et une croissance sans précédents, au détriment des ressources naturelles.• Crédits : Donat Sorokin - Getty L’économie circulaire est un modèle économique et industriel qui vise à maintenir les produits, leurs composants et leurs matériaux en circulation le plus longtemps possible, tout en veillant à garantir la qualité de leur utilisation. Ce modèle s’oppose en cela à l’économie linéaire, qui s’appuie quant à elle sur le schéma suivant : extraction ou récolte des ressources, fabrication et assemblage des biens, distribution et utilisation, et, enfin, production de déchets…

Dans les médias et le langage courant, quand on parle d’économie circulaire, on a souvent l’idée du recyclage. Mais il y a aussi tout ce qui se passe en amont avant d’en arriver là : on essaie d’abord d’augmenter la durée de vie des produits par leur entretien, et sinon on tente de donner une nouvelle vie à un bien par des échanges, des reventes, en contrepartie d’une compensation financière ou non. - Fabienne Collard

C’est principalement au niveau de cette dernière étape qu’économie circulaire et économie linéaire s’opposent puisque, dans la première, les déchets ou produits en fin de vie trouvent une nouvelle utilité (par la réutilisation, le recyclage, la valorisation énergétique, etc.), tandis que, dans la seconde, ils sont tout simplement éliminés. Aujourd’hui, les crises environnementale, climatique, et de biodiversité s’accélèrent, couplées à une crise pandémique. Depuis des années désormais, l’existence même de ces activités humaines semble être la cause de ces crises : nos difficultés environnementales actuelles ne relèvent que minimalement des phénomènes de pollution et trouvent leur source bien davantage dans la disproportion des flux de matière liés à nos activités humaines au regard de limites biosphériques désormais incapables de les soutenir. * INTERVENANTS

Christian Arnsperger Economiste et professeur à l’Université de Lausanne Fabienne Collard Chargée de recherche au Crisp (Centre de de recherche et d’information socio-politiques) * Références sonores Extrait du film "Avatar" de James Cameron (2009) Extrait d’une conférence TedX par le climatologue Will Steffen sur le concept de "Great Acceleration" (14 novembre 2010, TEDx Talks) La navigatrice Ellen MacArthur, donne une définition de l’économie circulaire (22 octobre 2019, WWF) Interview de Jean-Claude Lumaret, PDG de Carbios, une startup française qui promet de faire disparaître les plastiques avec des "enzymes gloutons" (3 mai 2017, Carbios) Des activistes de Greenpeace manifestent pour tenter de sauver l’usine de journal 100% recyclé de la Chapelle-Darblay (28 avril 2021, HuffPost) Références musicales "Il est où le SAV ?" - Suzane "Sweet Dreams" - Trinix DANS LA MÊME SÉRIE VOIR L’UNIVERS SAVOIRS Chroniques 14H54 Réécouter Cyberattaques : les entreprises victimes ET coupables ? 8 MIN Le Journal de l’éco Cyberattaques : les entreprises victimes ET coupables ?

**

Épisode 2 : le recyclage des déchets. Le 9 juin 2021

https://www.franceculture.fr/emissi...

our pallier une production de déchets en croissance exponentielle, une partie des théoriciens de l’économie circulaire font confiance au progrès technique tandis que d’autres adoptent un point de vue plus radical et réclament une révision complète des modes de production et de consommation.

Outre l’explosion incontrôlée de la quantité de déchets ménagers, la complexification de la composition des nouveaux produits rend les traitements basiques d’élimination inadaptés. Outre l’explosion incontrôlée de la quantité de déchets ménagers, la complexification de la composition des nouveaux produits rend les traitements basiques d’élimination inadaptés.• Crédits : Barcroft Media - Getty Le 30 avril 2021, la France s’est dotée d’un décret dit « 3R » (pour réduire, réemployer, recycler). Il fixe dans un premier temps l’objectif de réduire de 20 % les emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025, dont au minimum la moitié obtenue par recours au réemploi et à la réutilisation. Le deuxième objectif affiché est de tendre vers une réduction de 100 % des emballages en plastique à usage unique jugés « inutiles » comme les blisters plastiques autour des piles ou des ampoules, d’ici 2025. Enfin, le troisième veut « tendre vers 100 % de recyclage des emballages en plastique à usage unique d’ici le 1er janvier 2025 », ce qui passe par l’obligation de mettre sur le marché des matériaux recyclables.

Le coût marginal de récupération, dans le gisement de déchets ménagers, des matériaux homogènes est souvent supérieur au prix de revente. C’est pour cette raison qu’il y a un système de subventions : le producteur verse une redevance à un éco-organisme, qui verse lui-même la différence entre le prix de revente du matériau et le coût marginal d’extraction de ce même matériau. - Jean de Beir

Le recyclage est donc l’objet d’un fort encadrement législatif. Mais est-il pour autant une affaire rentable pour les entreprises ? Si les déchets ont un coût environnemental, ils ont aussi un coût financier qui a longtemps poussé les entreprises à nier le problème, à grands renforts de décharges et d’incinération. Ces pis-aller ont rapidement montré leurs limites. D’où la place centrale de la gestion des déchets dans les théories de l’économie circulaire : l’idée est bien de réemployer les matières et les énergies consommées au cours des processus de production.

Mais les solutions proposées ne sont pas idéales : le recyclage présente de nombreuses limites environnementales et ne sont souvent pas rentables. Alors incitation, subvention, punition, quel mécanisme mettre en place pour parvenir à une filière compétitive du recyclage ?

La majorité des acteurs qui s’approprient le concept d’économie circulaire ont des pratiques de modification à la marge de leur modèle sans réelle remise en cause du modèle productiviste. [...] C’est une version qui n’est pas satisfaisante : il faudrait revoir totalement notre modèle pour passer d’une logique de volume à une logique de qualité de nos produits. Réutiliser de la matière recyclée est intéressant, mais si c’est produire des biens non durables et jetés au bout de quelques mois et un an, cela ne répond pas au problème et cela ne fait que décaler le moment où on fera vraiment face aux limites planétaires. - Helen Micheaux

Comment le recyclage peut-il corriger la relation entre l’économie et l’environnement ? Comment les déchets peuvent-ils réellement devenir des ressources, et les moteurs d’une croissance durable ? Pour en parler, nous avons fait appel à Jean de Beir, économiste et maître de conférences en sciences économiques à l’Université d’Evry-Paris-Saclay et Helen Micheaux, maître de conférences à AgroParisTech et associée à la chaire Mines urbaines.

À RÉÉCOUTER Réécouter Le papier (2/5) : Recyclage, économie circulaire et deuxièmes vies lucratives 57 MIN LES NOUVELLES VAGUES Le papier (2/5) : Recyclage, économie circulaire et deuxièmes vies lucratives Références sonores Archive : interview de Jean-François Saglio, "monsieur antipollution" au ministère de la qualité de la vie, sur le manque de contrôle des décharges publiques (9 novembre 1976, France Inter) Extrait de "Les glaneurs et la glaneuse", un documentaire d’Agnès Varda (2000) Reportage de France 24 sur Hong Kong, devenue la nouvelle poubelle du monde après la Chine (2018) Jean-Louis Chaussade, ex-président de Suez, aborde les pistes pour réduire le volume des déchets (2 février 2021, BFM Business) Références musicales "Je, tu, tri" - Sandra Nkaké "Talk about it" - Jungle Pour aller plus loin Un article dans Les Echos : "A l’heure de l’économie circulaire, le recyclage recule" (28 octobre 2020) Un entretien avec la chercheuse Nathalie Gontard dans Le Monde : "Loi antigaspillage : « Recycler 100 % de nos plastiques à l’infini est une illusion »" (31 janvier 2020) Une tribune de l’ancien président de Suez Jean-Louis Chaussade dans Les Echos : "Recyclage : une industrie plus compétitive pour une croissance plus verte" (23 juillet 2020) [CHIFFRES] "104 000 tonnes de déchets ménagers supplémentaires ont été recyclés en 2019" (Le Monde, 27 juin 2020)

**

Épisode 3 : le cycle de de la solidarité. 10 juin 2021 L’Économie Sociale et Solidaire ( il économie circulaire. S S)

https://www.franceculture.fr/emissi...

Par définition, l’économie de la fonctionnalité, à la base de l’économie circulaire, remet le service, et donc le lien social, au centre des échanges. Pourtant, au sein de l’économie circulaire, de grandes multinationales côtoient des structures de l’ESS, définies par leur projet démocratique.

Une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) est un partenariat entre des consommateurs et des producteurs locaux, reposant sur un contrat solidaire et en circuit court. Une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) est un partenariat entre des consommateurs et des producteurs locaux, reposant sur un contrat solidaire et en circuit court.• Au sein de l’économie circulaire, deux types de structures cohabitent : les multinationales qui ont fait du déchet une ressource et du recyclage une activité rentable économiquement, et les structures portées par les acteurs de l’ESS, notamment dans le champ du réemploi, du recyclage et de l’insertion professionnelle et sociale, et ce depuis les années 1970.

Alors que l’économie circulaire compte maintenant des acteurs transnationaux, l’ESS n’a pas encore trouvé son ancrage mondial et se répartit localement à travers de nombreuses initiatives. Ce sont deux types d’économie qui évoluent en parallèle, qui comptent évidemment des acteurs en commun et des causes communes comme le développement durable de l’économie, mais l’ESS a la particularité d’avoir comme principe fondateur l’exigence démocratique, qui n’existe pas du tout dans l’économie circulaire.

Il faut travailler sur une autre manière de vivre ensemble, et pas seulement sur la réparation des dégâts réalisés par un mode de production inadapté, c’est travailler sur le vivre ensemble et sur la manière dont on peut s’opposer dans le débat au sein du vivre ensemble. - Nadine Richez-Battesti

Contribuant à l’éco-diversité de nos sociétés, l’ESS est composée de structures définies par la finalité sociale et solidaire de leur projet et par la gestion démocratique de leur organisation. L’ESS est une économie de la réparation mais aussi une économie de transformation de notre système socio-économique. Depuis le début de la crise, les structures de l’ESS ont rappelé leur importance et la nécessité de leurs actions, tournées vers les besoins sociaux, sanitaires, sportifs ou culturels. “L’économie sociale et solidaire peut et doit incarner la norme d’une économie d’après-crise”, soutient l’Observatoire de l’ESS, qui souligne tout de même, dans un récent rapport, combien le secteur est fragilisé par cette crise.

Dans le secrétariat d’Etat d’Olivia Grégoire, il y a la conjonction entre l’ESS et la RSE, la responsabilité sociale des entreprises. Je pense que c’est une perspective d’avenir sur laquelle il faut travailler, tout en étant conscients d’une possible dérive de l’ESS par la RSE comme prétexte pour développer toujours pour une logique capitaliste avec des dégâts sociaux. - Hervé Defalvard

Comment l’ESS répond-elle aux manques de l’économie circulaire ? L’ESS marque-t-elle vraiment un renouveau démocratique dans les faits ? Pour en parler, nous avons fait appel à Hervé Defalvard, économiste et responsable de la chaire d’économie sociale et solidaire de l’université Gustave Eiffel, et Nadine Richez-Battesti, maître de conférences en sciences économiques à l’Université d’Aix-Marseille, chercheure au Lest-CNRS (Laboratoire d’économie et de sociologie du travail) et co-présidente de l’ADDES (association pour le développement des données sur l’économie sociale).

Références sonores Lecture d’un extrait de "Economie sociale", de Charles Gide (1905) Interview de Benoit Hamon, à l’initiative de la loi de 2014 sur l’économie sociale et solidaire (6 septembre 2013, SalonsCE) Extrait sur les AMAP d’un documentaire sur les paysans en France : témoignage de George Comis, prodicteur de légumes en Provence (27 février 2010, France 3) Interview de Tom Booth, l’un des fondateurs de La Louve, supermarché coopératif et participatif à Paris (7 mai 2015, France Culture) Références musicales "People Have The Power" - Patti Smith "Looking for Sunshine" - BRG & Yannick Berger ft. Brisa Roché Pour aller plus loin Un entretien des Echos avec Olivia Grégoire, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable : « Le succès des entreprises sociales et solidaires ne les détourne pas de leur vocation » (4 février 2021) Une tribune de l’avocat Thierry Guillois dans Le Monde : « La mésaventure subie par Danone ne peut se produire dans les entreprises de l’économie sociale et solidaire » (19 mars 2021) Un article sur les limites de la gestion de ressources humaines dans l’ESS : « Difficile de se plaindre, la cause est trop belle ! » : dans l’économie sociale, quand la quête d’idéaux vire au burn out (Le Monde, 21 novembre 2020)

Annexe Autres articles sur notre site concernant l’économie circulaire : http://www.gauchemip.org/spip.php?p... *

Économie du lien social. Entendez-vous l’éco 21/11/2017. https://www.franceculture.fr/emissi... **

Hervé Debonrivage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message