Dans un océan d’abstention, le duo Macron Le Pen fragilisé

samedi 3 juillet 2021.
 

2 Français sur 3. 66,7% au premier tour, 65,7% au second : le taux d’abstention historique est l’enseignement central de ces élections régionales 2021.

Ce nouveau record sous la 5ème République confirme une tendance de fond. Loin de la bulle du champ médiatique et politique, des ronrons et des commentaires d’autosatisfaction des plateaux des chaînes d’infos en continue, une majorité croissante de Français est dégoutée de la politique.

Voir les commentateurs parler du « retour des partis de l’ancien monde » est symptomatique. Les Républicains (LR) et le parti socialiste (PS) sont deux partis en lente déliquescence depuis des années d’exercice du pouvoir, respectivement depuis les fins de quinquennat Sarkozy et Hollande. La République en marche est venu balayer le bipartisme en 2017, en aspirant « les traitres de gauche et les traitres de droite » pour reprendre la formule d’une certaine Rachida Dati.

Rêver à voix haute d’un retour des deux partis de l’ancien du monde, petite mélodie entonnée par nombre de commentateurs depuis hier soir, c’est donc passer à côté du facteur central du scrutin. 70% des Français refusaient bien avant les régionales un duel Macron / Le Pen. 70% des Français sont restés chez eux ces deux derniers dimanche. C’est bien une infime poignée d’inscrit qui a fait réélire les présidents sortants socialistes et républicains réélus avec moins de voix qu’en 2015. En aucun cas une victoire. Mais bien une défaite cuisante pour la démocratie, et pour les commentateurs et le sondeurs.

Depuis de longs mois, le champ médiatique nous annonce en effet comme inéluctable un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen en 2022. Force est de constater que le récit médiatique ressort fortement fragilisé de ces élections régionales. Le Rassemblement national (RN) a une fois de plus été largement surestimé dans les sondages. Tout comme La République en Marche (LREM). Les deux états majors ont du tomber de haut. Le RN n’a pris aucune région, le parti présidentiel et ses ministres se sont fait laminer. Dans une démocratie en bonne santé, beaucoup auraient démissionné au lendemain de la rouste du premier tour.

Une démocratie sans électeurs n’est plus une démocratie. Les professionnels de la politique et les éditorialistes de plateaux qui commentent les résultats électoraux le nez dans leur course de petits chevaux tuent à petit feu notre démocratie. Ils passent tous à côté du sujet essentiel : redonner le pouvoir au peuple. On ne lutte pas contre l’abstention, on rend le pouvoir au peuple.

Après le séisme d’hier, difficile de parler encore de suffrage « universel ». Pensée pour Maximilien Robespierre et tous nos ancêtres qui se sont battus durant la grande Révolution pour mettre fin au suffrage censitaire. Aujourd’hui on y revient : ce sont les riches qui se déplacent les dimanches d’élections, les pauvres restent à la maison.

Tous ceux qui se revendiquent « républicains » à longueur de plateaux devraient être obnubilés par cette question : comment renouer avec la souveraineté populaire, essence de la République. Mais nous pouvons faire confiance à ces tartuffes de la République pour continuer leur diversion identitaire et sécuritaire.

Loin de leurs plateaux, on ne peut donc compter que sur nous même pour nous retrousser les manches et sillonner les quartiers populaires avec une proposition : la 6ème République. Plus aucune confiance dans le champ politique ? On convoque une Constituante. Et le peuple écrit les nouvelles règles, celle d’une nouvelle République.

On propose des pistes. La révocation des élus en cours de mandat. Dès qu’un élu trahit le peuple ? Il dégage. Les citoyens qui réunissent suffisamment de signatures ont le droit de révoquer des élus, convoquer une Constituante, proposer ou abroger une loi : le référendum d’initiative citoyen (RIC), plébiscité durant le mouvement des gilets jaunes. L’instauration d’un seuil minimal de participation en dessous duquel une élection ne peut être validée. La reconnaissance du vote blanc. Le droit de vote à 16 ans et le vote obligatoire. On rend inéligible à vie toute personne condamnée pour corruption. On rend le référendum obligatoire en cas de modification de la Constitution ou d’adoption d’un nouveau traité européen.

On interdit le pantouflage et on durcit les règles contre les conflits d’intérêts : tout haut fonctionnaire souhaitant travailler dans le privé devra démissionner de la fonction publique et rembourser le prix de sa formation s’il n’a pas servi au moins dix ans. On supprime le concours externe de l’ENA pour toute personne n’ayant jamais travaillé. On allonge les périodes d’interdiction d’exercice d’une fonction privée après avoir exercé une activité publique dans le même secteur, spécialité des députés et ministres LREM. On combat l’influence des lobbys dans le débat parlementaire en interdisant l’entrée des lobbyiste dans le Parlement et en interdisant les cadeaux aux parlementaires. Et ainsi de suite.

Loin de leur diversion identitaire et sécuritaire, ramener la crise sociale et écologique qui fracasse le pays au coeur du débat.

9 Français sur 10 sont pour l’augmentation du SMIC, la garantie d’emploi, la création d’un pôle public du médicament, le conditionnement des aides publiques aux entreprises à des contreparties sociales et environnementales, l’interdiction du glyphosate. 8 Français sur 10 sont pour le rétablissement de l’ISF, la taxe sur les profiteurs de crise, un grand plan d’investissement dans les services publics (en particulier la santé), pour que les premières quantités d’eau soient gratuites, le plafonnement des frais bancaires, la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle, les parrainages citoyens pour l’élection présidentielle, l’interdiction des publicités pour des produits polluants. 7 Français sur 10 sont pour la retraite à 60 ans, la proportionnelle aux législatives, le référendum d’initiative citoyenne (RIC), la sortie du nucléaire. Des mesures portées par… l’Avenir en commun, le programme des insoumis qui a déjà rassemblé 7 millions d’électeurs et près de 20% des voix en 2017.

Et 6 Français sur 10 sont pour… la 6ème République !


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