L’œuvre de salubrité publique de Mélenchon : avoir démasqué Zemmour devant la France entière

vendredi 1er octobre 2021.
 

Ce jeudi 23 septembre 2021 se tenait un affrontement très attendu, le débat entre Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon. Devant plus de 4 millions de personnes, record historique pour une émission politique, le grand favori de la gauche pour 2022 a démasqué l’attraction médiatique de la rentrée. Fake news sur l’immigration et le « grand remplacement », vide absolu sur l’écologie et le social, Jean-Luc Mélenchon a révélé aux yeux de la France entière ce qu’est Éric Zemmour : un obsessionnel monomaniaque. Une coquille vide. Le leader des insoumis a réalisé une œuvre de salubrité publique après des mois de zemmourisation médiatique et d’explosion des idées d’extrême droite dans le pays. L’occasion était trop belle, Jean-Luc Mélenchon ne l’a pas laissé passer. Elle ouvre une brèche pour 2022, montrant qu’il est possible de ne pas laisser l’extrême-droite dicter l’agenda médiatique, de dépasser enfin la diversion identitaire, pour ramener la crise écologique et sociale au cœur de la campagne. Notre article.

L’attraction médiatique de la rentrée a déçu. Très attendu, Éric Zemmour, a été démasqué ce jeudi soir par un très bon Jean-Luc Mélenchon. Le délinquant multirécidiviste, condamné à trois reprises pour incitation à la haine par la justice mais omniprésent sur toutes les ondes, avait visiblement perdu l’habitude de se retrouver avec un réel contradicteur face à lui. Très agressif, refusant de répondre aux journalistes, le polémiste d’extrême droite, pourtant habitué des débats télévisés, n’était visiblement pas prêt à délaisser son costume de chroniqueur pour enfiler celui de candidat crédible à l’élection présidentielle.

Sorti de ses thématiques de prédilection, l’islam, l’immigration, le « grand remplacement », le polémiste a semblé pour le moins mal à l’aise. Et y compris sur « son terrain », l’homme condamné à trois reprises pour incitation à la haine, a enchaîné les fake news. Dans les cordes, le polémiste a sorti deux arguments « massue » : Jacques Bainville, journaliste maurassien militant de l’Action Française, et Boualem Sansal, un écrivain algérien… de science fiction. Pas à la hauteur d’un débat qui se voulait sans soutes, dans son esprit, un marchepied vers la présidentielle.

Et en deuxième partie d’émission, le constat n’a été guère plus reluisant. L’écologie ? « Pas la priorité » du polémiste. Embêtant quand on connait la nouvelle alarme que constitue la publication du 6ème rapport du GIEC, alors que le dérèglement climatique embrase la planète. Sur l’économie et le social, le polémiste, qui avait tenu ces derniers jours à rassurer le patronat, a promis que rien ne changerait, son unique priorité étant d’affronter ses maladies imaginaires.

En face, le grand favori de la gauche pour 2022 n’a lui pas déçu. Planification de la bifurcation écologique, partage des richesses, souveraineté alimentaire, 6ème République et constituante, créolisation, unité républicaine du peuple, Jean-Luc Mélenchon a pu dérouler. À l’inverse étonnement détendu aux regards des enjeux, le leader des insoumis a pu ressortir son costume d’instituteur républicain des débats de 2017 et développer son contre projet face à la haine et la division zemmourienne : l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature, l’entraide plutôt que la fracture.

Le favori de la gauche dans la course à la présidentielle a réalisé une œuvre de salubrité publique : démasquer le polémiste d’extrême droite le plus influent du pays devant la France entière. Car rappelons-le, ce n’était pas un jeu. Il ne s’agissait pas de surfer sur le buzz médiatique de Zemmour, contrairement à ce que beaucoup avaient reprochés au leader des insoumis avant le débat. Il s’agissait de démasquer un personnage dangereux, relayant à longueur d’antenne une fake news, la théorie du « grand remplacement », aux conséquences bien réelles.

Cette théorie, empruntée par Éric Zemmour à Renaud Camus, a été conçue à l’origine par des Waffen-SS dans les années 30. Une théorie inventée par des nazis, martelée à longueur d’antenne, qui finit par donner des idées bien concrètes. C’est cette théorie, qui a poussé Brenton Tarrant, le 15 mars 2019, à s’attaquer à deux mosquées de la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, assassinant 51 personnes.

C’est cette théorie du « grand remplacement », qui a poussé Anders Behring Breivik, à perpétrer les attentats d’Oslo le 22 juillet 2011, faisant 77 morts et 151 blessés.

Avec l’ampleur qu’a pris l’hypothèse d’une candidature Zemmour, l’intensité médiatique de la couverture du polémiste en cette rentrée, de son insupportable omniprésence médiatique qui ne cessait de s’intensifier ces derniers jours, il était urgent de dégonfler la hype autour de cet idéologue dangereux. De révéler, devant plus de 4 millions de téléspectateurs, ce qu’est Éric Zemmour : un obsessionnel monomaniaque. C’est ce qu’a très bien réussi à faire ce jeudi soir le leader des insoumis : montrer l’inconsistance totale du polémique, le vide absolu de sa pensée en dehors de son obsession.

Fait suffisamment rare pour être souligné, plusieurs journalistes, de LCI, de BFMTV et même du Figaro, pourtant pas réputés pour être mélenchonistes, ont reconnu la prouesse de Jean-Luc Mélenchon. Et ceux qui avaient formulés des critiques et des doutes quant au fait de débattre avec Éric Zemmour, vont être obligé de se rendre à l’évidence face au succès de l’opération. Avec des pics à plus de 4,3 millions de personnes, le débat a été l’émission politique la plus suivie depuis 2017, dépassant même Emmanuel Macron dans l’Émission politique et ses 3,5 millions de téléspectateurs en 2017.

Non seulement ce débat a démontré qu’Éric Zemmour reste un polémiste, un chroniqueur, incapable d’endosser un costume de candidat présidentiable, mais il a aussi permis d’ouvrir un espoir pour 2022 : s’extirper enfin de la diversion identitaire, pour ramener la crise écologique et sociale qui fracasse le pays au cœur de l’agenda médiatique. Une œuvre de salubrité publique.

Par Pierre Joigneaux.


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