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Lorsque le socialisme a commencé à se développer dans la première moitié du 19ème siècle, le catéchisme de l’Eglise catholique apparaissait comme un modèle de formation idéologique. Il apportait une conception du monde globale et cohérente sous forme de leçons comprenant des questions, des réponses simples, des illustrations éclairantes, des travaux pratiques permettant une appropriation personnelle de l’essentiel.
Dans mon enfance, le Catéchisme à l’usage des diocèses de France (édition 1947) abordait ainsi la question : Dieu et l’origine de l’univers
Avez-vous remarqué que le soleil paraît changer de place dans la journée ?... N’avez-vous pas remarqué également avec quelle régularité les saisons se suivent ?... L’univers est donc réglé comme une horloge...
Qui a fait cela ? qui a organisé ce bel ORDRE ?
Seul quelqu’un de très INTELLIGENT et de très PUISSANT.
Comment s’appelle-t-il ?
Il s’appelle DIEU...
La Bible... dit :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre... Il a commandé et tout a été créé » : DIEU EST DONC LE CREATEUR
« La terre est au Seigneur et tout ce qu’elle contient ; la terre est à lui, avec tous ceux qui l’habitent » : DIEU EST DONC LE SOUVERAIN MAÎTRE DE TOUTES LES CREATURES
La leçon se termine pour les élèves par un travail pratique consistant à écrire sur une page « en très belles lettres, le mot DIEU » puis à « colorier autour les phrases suivantes : Dieu voit tout ; Dieu entend tout ; Dieu sait tout ; Dieu peut tout ; Dieu nous aime. »
Dans la seconde moitié du 18ème siècle le travail de réflexion animé par les philosophes des Lumières conduit parfois à une mise en cause du catéchisme de l’Eglise catholique. Ainsi, en 1762, l’article « catéchisme » du Dictionnaire historique de la langue française donne une définition fort critique : « leçon destinée à endoctriner ». En 1781, D’Alembert fait organiser par l’Académie française un concours doté d’un prix de 12 000 Livres dont le sujet consiste à rédiger un catéchisme « où l’on apprendrait la morale sans référence à l’Evangile ». Aucun ouvrage n’ayant satisfait le jury, le même thème est à nouveau proposé en 1784.
La Révolution française hérite évidemment de ce problème majeur : quelle conception républicaine du monde enseigner aux enfants, en particulier en matière de morale ? En l’an 2, durant la Convention montagnarde, paraissent 87 catéchismes républicains, en particulier celui, en vers, de La Chabeaussière ; d’après le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, cet ouvrage fut « répandu dans les campagnes, appris par cœur avec enthousiasme par les jeunes paysans » ; il disparaît de la fin du Directoire à la Seconde république avant d’être réédité 82 fois jusqu’à la fin du 19ème siècle.
La Révolution de 1848 donne naissance à 36 nouveaux Catéchismes républicains. Maurice Agulhon a tellement bien résumé la transition du Catéchisme catholique à ces nouveaux "catéchismes" que je lui emprunte son analyse « Après des siècles d’imprégnation, des structures mentales, des sensibilités ou des habitudes chrétiennes, l’orthodoxie oubliée et le catéchisme perdu pouvaient être aisément remplacés par des idées nouvelles, pourvu qu’elles se coulent dans les modes anciens d’expression » 1848 ou l’apprentissage de la République (1848-1852), Paris, Le Seuil, 1992
Les Cahiers de l’Institut d’Histoire de la Révolution française ont publié dans leur numéro 115 un texte de Jean-Charles Buttier intitulé De l’éducation civique à la formation politique
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