Pour l’hôpital, Macron et Véran jouent le rôle des exterminateurs !

lundi 22 novembre 2021.
 

Le Dr. Patrick Pelloux pète les plombs et prend conscience qu’il s’est fait avoir depuis un an

Pour visionner sa prise de position en direct à la télévision, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).

Rappelez-vous, c’était en 2007. Emmanuel Macron est nommé rapporteur adjoint de la Commission Attali. Cette commission pour la libération de la croissance française est chargée par le Président Nicolas Sarkozy « de rechercher les moyens d’améliorer la compétitivité et la productivité de l’économie française ». Un leitmotiv : il faut réduire les dépenses publiques ! Dans le rapport final publié en 2010, deux exemples de mesures d’économies proposées touchent directement l’hôpital :

1- « Gel du point d’indice dans la fonction publique, non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux ». Le gel du point d’indice depuis 2010 est toujours en vigueur et depuis 11 ans les fonctionnaires hospitaliers ont perdu près de 15 % de leur pouvoir d’achat. Le Ségur de la santé ne rattrape même pas cela. Seuls les personnels rémunérés au SMIC suivront l’évolution de ce dernier, conduisant à absorber progressivement tous les premiers grades de la fonction Publique. Ainsi par exemple, la rémunération brute des ASHQ débutantes s’élève à 1 593,25 € (Le Smic brut mensuel est de 1 589,47 €). Elles devront attendre 11 ans pour bénéficier d’une augmentation de 9,37 € ! Les Aides-soignantes sont recrutées au même salaire que les ASHQ, mais n’attendront que 7 ans pour obtenir ces 9,37 € de plus par mois ! Dans les autres professions par exemple, la maîtrise ouvrière gagne comme les ouvriers qu’elle encadre, Etc. (voir site complet ICI)

2- Onze milliards de réductions des dépenses de sécurité sociale et donc à la maîtrise des dépenses hospitalières.

Concernant la maîtrise des dépenses hospitalières, l’outil est définitivement mis en place en 2008 ! C’est la tarification à l’activité ! (T2A) La méthode est assez simple. L’hôpital ne dépense plus, il génère des recettes. Il doit facturer chaque acte. La tarification à l’activité induit une sélection des patients les plus rentables économiquement. Si ce constat est évident dans le secteur privé lucratif, il est nouveau dans le secteur public.

La sortie précipitée de malades par soucis de rentabilité, T2A oblige, place les professionnels de santé dans un sentiment d’abandon des bonnes pratiques. Or, c’est justement ce conflit d’éthique, cette charge émotionnelle qui est source de violence et de souffrance conduisant à l’abandon de la profession ou, au mieux, à la hausse de l’absentéisme.

Toute la chaîne des soins est ainsi désorganisée, saturée, épuisée, et donc d’une qualité contestable pour un résultat médiocre.


« Quelle logique est à l’œuvre, si le succès médical est suivi d’une mort sociale ? »


C’était aussi en 2007,

Le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) pour les sciences de la vie et de la santé a eu à se prononcer sur « les enjeux éthiques de la contrainte budgétaire sur les dépenses de santé en milieu hospitalier »[1]. « Sur quels critères peut-on fonder une décision équitable lorsqu’il s’agit de choisir entre deux impératifs, souvent contradictoires : préserver la santé d’un individu et gérer au mieux celle d’une communauté de personnes ? » Doit-on suivre une logique de santé solidaire mutualisée ou affecter au mieux les fonds publics dans le sens d’un bien commun auquel chacun a droit ? L’avis est clair. Il contient quelques notions qu’il est bon de rappeler.

« Une politique de santé équitable doit non seulement combattre la maladie, mais aussi assurer à la population un minimum de bien-être et d’épanouissement ». Or, précise l’avis, « dans notre pays, l’espérance de vie des personnes les plus défavorisées se rapproche en France de celle de certains pays du tiers-monde[2]. Négliger la mission sociale de l’hôpital ferait courir le risque d’aggraver ces disparités socio-économiques.« 

Le CCNE reprend ensuite une étude du FMI : « le coût de la santé ne peut être traité à partir de la seule approche comptable ». En effet, estiment-ils, « la logique de marché ne lui est pas adaptée en raison du risque d’inflation lié à l’asymétrie entre l’offre de soins et de la demande des patients, qui nécessite un arbitrage de l’État. Il est important de rappeler que les dépenses de santé correspondent aussi à des investissements qui présentent eux-mêmes une incidence positive sur l’activité économique ». En conséquence, conclut le FMI, « un examen global de l’activité hospitalière se doit de comparer les dépenses qu’elle engendre et l’ensemble des bénéfices directs et indirects qu’elle induit. Une dépense initiale peut générer des économies substantielles ».

On rêve ! C’était en 2007 !

Les présidents Chirac, Sarkosy, Hollande poursuivront la même politique de démantèlement de l’hôpital public en supprimant 69 000 lits entre 2003 et 2017 (ICI). Et Macron accélère la manœuvre, car le chiffre de 100 000 suppressions de lits est aujourd’hui largement dépassé (ICI) dont 5 700 suppressions en pleine pandémie ! Mais l’exterminateur va encore plus loin en imposant la mesure la plus inique qu’un gouvernement n’ait jamais pris, en privant de salaire tous les réfractaires à la vaccination !

Il n’en fallait pas plus pour achever le travail. Les démissions s’ajoutent aux démissions. La population hospitalière quitte le navire. Les étudiants infirmiers quittent leurs études. En stage, ils découvrent un hôpital saturé, inhumain, dans lequel la chaleur d’un sourire prend l’aspect d’une seringue !

Dans un article du 13 novembre, la journaliste Caroline Coq-Chodorge dans Médiapart [3] rapporte ces témoignages : « 

« Il faut commencer par respecter les soignants, cesser de jongler avec leurs plannings, de leur donner des médailles en chocolat pour les remercier, estime la professeure Isabelle Desguerre. Pendant le Covid, on a demandé des choses inadmissibles aux élèves infirmiers. On les a jetés dans des situations terribles, on les a confrontés à la mort sans aucune préparation. Et on s’étonne aujourd’hui qu’ils se posent des questions sur leur métier. »

Elle donne la parole à des chefs de service démunis, atterrés par la situation :

« Sur les 28 lits de l’unité neuro-vasculaire de l’hôpital Bichat, à Paris, seuls, quatre sont ouverts, « depuis des mois et des mois, par manque d’infirmières », précise le docteur Lavallée. »

« Les unités neuro-vasculaires (UNV) prennent en charge des urgences absolues : les accidents vasculaires cérébraux. Ouvertes 24 heures sur 24, elles doivent administrer, dans les plus brefs délais, des traitements permettant de déboucher les artères, la thrombolyse ou la thrombectomie. Pour cela, un réseau d’UNV est déployé sur le territoire national. Seulement, en Île-de-France, 12 % des lits d’UNV sont fermés, et 30 % à Paris, où 50 % des postes d’infirmières sont vacants. »

« En pédiatrie, les fermetures touchent tous les grands CHU en France : à Lyon, ont été décidées des déprogrammations d’hospitalisations, lorsqu’« elles ne mettent pas en péril les enfants » ;à Rouen, Tours, Amiens, Dijon, Strasbourg, des lits sont régulièrement fermés ; à Bordeaux, le plan d’urgence pour la pédiatrie a été déclenché au mois d’octobre. »

Dans le livre que j’ai publié en 2011 « L’hôpital disloqué », tous les mécanismes qui mènent à ce triste résultat était décrit avec précision. Les alertes de tous les acteurs hospitaliers, des urgentistes, mais aussi des syndicats de personnels hospitaliers étaient méprisés par les hauts fonctionnaires, dont un certain directeur des hôpitaux du nom de Jean Castex ! Ils n’ont rien écouté et ça continue.

La solution ne viendra ni de ceux qui ont créé cette situation, ni de l’extrême droite qui poursuit la même logique économique lorsqu’elle accède au pouvoir. Elle ne viendra pas non plus des ruines socialistes qui ont accompagné tout ce désastre. Elle viendra du seul réveil d’un peuple excédé par tant de mensonges et de manquements. Elle viendra d’une prise de conscience populaire qui redonnera aux corps intermédiaires un droit d’alerte efficace et massif. En désertant les syndicats, les salariés assèchent leurs droits et deviennent des cibles faciles. Il n’y aura pas de solution dans le repli individuel. Les élections de 2022 sont une occasion de changer ce logiciel économique, un logiciel qui privilégie les profits pour quelques-uns au détriment tous les autres. Ne restez pas à râler dans votre coin. Engagez-vous !

https://blogs.mediapart.fr/edition/...[QUOTIDIENNE]-20211114&M_BT=1489664863989


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