« Vous n’emmerdez pas vos amis les milliardaires » : Macron taclé par Manon Aubry au Parlement européen

dimanche 23 janvier 2022.
 

Un discours magistral. L’eurodéputée insoumise Manon Aubry a répondu au discours d’Emmanuel Macron au Parlement européen ce mercredi 19 janvier 2022. Le voici.

Monsieur le Président, vous vous présentez aujourd’hui comme le champion de l’Europe qui protège. Mais qui protégez-vous ?

Protégez-vous les droits sociaux quand vous faites les poches des chômeurs et retardez la directive sur les travailleurs ubérisés ?

Protégez-vous la souveraineté quand vous signez à tour de bras des accords de libre-échange ?

Protégez-vous les femmes quand vous soutenez une anti-IVG à la tête du parlement européen ?

Protégez-vous la Planète quand vous vous alliez à l’extrême-droite d’Orban pour défendre le gaz et le nucléaire ?

Protégez-vous la justice fiscale, quand vous servez la soupe au MEDEF sur l’évasion fiscale ? Ceux que vous protégez ce ne sont certainement pas les gens dans la galère mais bien les multinationales et les milliardaires !

Alors vous annoncez en grandes pompes un slogan relance, puissance, appartenance, mais votre bilan n’est en réalité qu’arrogance, impuissance et manigance.

Sur le fond, vous êtes le champion des double-discours et des compromissions. Sur la forme, vous n’avez cessé d’être le Président du mépris.

Mépris envers la protection sociale qui coûte selon vous « un pognon de dingue », mépris envers les précaires, « qui ne sont rien », mépris envers les chômeurs qui n’ont « qu’à traverser la rue pour trouver du travail », mépris envers les « fainéants », les « illettrés », les « gaulois réfractaires ».

Un mépris qui s’exprime même aujourd’hui envers vos partenaires européens, quand vous choisissez de maintenir la Présidence française de l’Union européenne en pleine campagne électorale.

Oui Monsieur le président, vous êtes le président du mépris mais au moins, vous l’assumez. Comme vous l’avez résumé « le peuple, vous l’emmerdez ».

La presse internationale s’est d’ailleurs arrachée les cheveux pour vous traduire. Ils ont bien fait car cette insulte, vous pouvez l’adresser dans toutes les langues, aux peuples européens. L’égalité femmes-hommes, ¡Vete al cuerno !. La justice sociale, scheiß auf sie ! Le climat, facciamolo incazzare ! Nos droits fondamentaux, piss off !

Mais reconnaissons-le, il y a des gens que vous n’emmerdez pas. Par exemple, vos amis les milliardaires dont la fortune a doublé pendant votre quinquennat.

Voilà ce qui résume l’essence de votre politique : aux travailleurs, aux précaires et aux activistes, les insultes et les coups ; aux profiteurs et aux pollueurs, les cadeaux et les mots doux.

Chers collègues ne soyez pas dupes. Vous avez en face de vous un docteur Emmanuel qui vous promet en Europe monts et merveilles sur le climat, les droits sociaux ou la démocratie.

Mais la réalité est que Mister Macron en France casse nos droits sociaux, réprime les mobilisations et s’est même fait condamné en justice pour inaction climatique.

Alors comment croire que vous ferez en Europe le contraire de ce que vous avez fait en France ?

La présidence française ne devrait pas être un marche-pied électoral : c’est une occasion historique de rebattre les cartes du jeu. Par un acte fondateur d’abord : faire primer la santé sur les profits en levant les brevets des vaccins contre le Covid.

Par une priorité ensuite : empêcher que se réinstalle le carcan de l’austérité budgétaire, mis en sourdine pendant cette crise.

Dans votre monde, lointain, ce ne sont peut-être que des lignes comptables. Mais dans notre monde, réel, ce sont des gens, des aides sociales pour manger, des services publics pour apprendre ou se soigner.

Les français l’ont déjà dit en 2005 : on en veut plus de ces règles. Pas plus que de votre tout marché et votre tout concurrence.

Car soyons lucides : si on veut demain renationaliser le fret, interdire des pesticides, développer des cantines bios et locales, sanctionner les paradis fiscaux européens ou investir dans la bifurcation écologique, il faudra assumer de se confronter aux règles européennes qui nous en empêchent.

La France est un pays fondateur et la 2ème économie de l’Union européenne. Elle a les moyens et le devoir de poser un principe clair : la non-régression sociale et écologique pour que plus jamais une norme européenne ne vienne amoindrir nos droits ou ralentir la lutte contre le dérèglement climatique.

Citer le général de Gaulle est à la mode dans ces temps de campagne. Alors, pour reprendre ses mots, c’est avoir une certaine idée de la France que d’oser. Oser montrer la voie, oser incarner la résistance aux dogmes des autoritaires et des austéritaires.

L’histoire jugera l’occasion manquée de votre présidence française de l’UE, sacrifiée sur l’autel de votre ambition personnelle. Mais après l’élection présidentielle, il restera 2 mois pour agir à la hauteur de l’urgence et renverser la table.

Par la volonté populaire, après vous en avril, nous assumerons nous nos responsabilités.

Manon Aubry.


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