Les régimes spéciaux sont-ils un privilège ?

jeudi 4 octobre 2007.
 

Rappel des faits. Nicolas Sarkozy veut boucler la réforme des régimes spéciaux de retraite « avant la fin de l’année ». Les syndicats de salariés des entreprises concernées (SNCF, EDF, GDF, RATP, etc...) préparent la riposte.

Le 18 septembre, le chef de l’État annonçait sa décision de « réformer » les régimes spéciaux de retraite, en les alignant sur celui de la fonction publique. La main sur le coeur, il jurait que, sur ce sujet sensible s’il en est, il ne voulait pas « passer en force » et ferait toute sa place à la concertation. Jeudi soir, patatras ! le ministre du Travail, Xavier Bertrand, contredisait cette belle assurance en indiquant que la réforme se ferait par décret. Tout au plus le Parlement aurait-il droit à un débat, sans vote, les 2 et 3 octobre.

Ce décret, qui pourrait tomber dans la première quinzaine d’octobre et servirait de cadre aux discussions prévues ensuite dans les entreprises concernées, fixerait, selon M. Bertrand, « les principes de la réforme » : la « convergence » avec le régime de la fonction publique, l’allongement de la durée de cotisation de 37,5 ans à 40 ans, et l’indexation des pensions des régimes spéciaux sur les prix, et non plus sur les salaires. Autant dire, comme l’a relevé Jean-Christophe Le Duigou, dirigeant de la CGT en charge des retraites, que le dossier est « déjà ficelé ».

Et la négociation réduite à un rôle d’ornement. La messe, pourtant, n’est pas dite. Les premiers intéressés organisent la riposte. Les cheminots seront en grève le 18 octobre. Cinq syndicats de la RATP ont décidé, eux aussi, hier, d’appeler à cesser le travail le même jour. Électriciens et gaziers cherchent également les meilleures voies de l’action. Et dans la société, quoi qu’en dise le gouvernement, le débat n’est pas clos. La tactique choisie par Sarkozy dans ce dossier apparaît en effet de plus en plus clairement. La liquidation des avantages des régimes spéciaux n’est-elle pas un moyen de préparer les esprits à de nouveaux sacrifices pour tous les salariés lors du rendez-vous de 2008 ? Si le principe d’égalité s’impose aisément, justifie-t-il la fin des droits en vigueur dans les régimes spéciaux ? Ou bien ne commande-t-il pas de rechercher une convergence « par le haut » des régimes du public et du privé avec ceux-ci, en prenant comme critère, entre autres, la pénibilité du travail ? Pourrait-on dégager les ressources pour une réforme de progrès ? La confrontation ne fait que commencer.

Yves Housson


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message