France – En grève pour nos vies - Appel à la grève féministe du 8 mars

jeudi 9 mars 2023.
 

Violences sur le lieu de travail, cumul de discriminations, travail peu reconnu et sous-rémunéré : c’est le lot des femmes et des minorités de genre dans une société patriarcale et capitaliste. Pour le 8 mars, la coordination féministe exhorte à la grève féministe, c’est-à-dire « l’arrêt du travail productif et reproductif », et à descendre dans la rue, à organiser des gardes collectives et des cantines solidaires pour la création d’un « mouvement large et uni ».

Parce que nous sommes femmes et minorités de genre dans une société patriarcale et capitaliste.

Parce que notre travail est peu reconnu et sous-rémunéré, notamment dans les secteurs de la santé, du social, de l’éducation et du nettoyage. Ou parce que nous travaillons dans des secteurs peu féminisés, et que nous y subissons des discriminations.

Parce que nous subissons des violences sur notre lieu de travail et que nous sommes obligé·es de les taire, ou parce que nous en subissons dans nos foyers, tout en continuant à assurer gratuitement les tâches essentielles.

Parce qu’on ne nous laisse pas disposer de notre corps comme nous l’entendons, que l’accès à l’IVG est encore entravé et trop souvent culpabilisé.

Parce que nous sommes ignoré·es, infantilisé·es, non rémunéré·es, violenté·es dans la plus grande indifférence lorsque nous sommes handicapé·es.

Parce que nous sortons du schéma hétéronormatif et qu’il faut le cacher, au travail, dans la rue, à l’école, à la maison, sous risque de représailles.

Parce que lorsque nous sommes en plus racisé·es, nous avons plus difficilement accès à l’emploi, ou toujours aux mêmes, et que nous subissons partout des rejets, de l’indifférence, des violences.

Pour toutes ces raisons, nous, femmes et minorités de genre, faisons la grève le 8 mars !

La grève féministe, c’est l’arrêt du travail productif et reproductif, salarié, à l’école ou au foyer, car dans la sphère privée comme publique, c’est en partie notre travail gratuit, sous payé, invisibilisé qui fait tenir la société ! Nous revendiquons l’outil de la grève féministe car il permet de penser et lutter contre l’exploitation et l’oppression des femmes et des minorités de genre dans sa globalité.

Cette année, la grève du 8 mars s’inscrit dans un contexte international politique, économique et écologique marqué par de multiples crises et bouleversements.

D’une part, les extrêmes droites progressent et tuent : de l’accession au pouvoir de partis néo-fascistes en Italie et Israël, des féminicides politiques et assassinats des miliant.es kurdes à Paris, jusqu’à la guerre lancée par le gouvernement russe contre l’Ukraine. Partout, cette vague réactionnaire internationale conteste notre droit à disposer de nos corps : restriction de l’accès à l’avortement, à la contraception, à la reproduction assistée, aux procédures de transition... Partout, cette vague réactionnaire menace notre droit à l’auto-détermination. Par exemple, la lutte des femmes iraniennes est l’objet d’une réappropriation politique anti-voile, alors même que c’est un mouvement lancé par des femmes avant tout pour leur liberté à disposer de leur propre corps. Nous saluons ici leur détermination et leur force.

D’autre part, les inégalités économiques de plus en plus démesurées s’enchevêtrent à la crise climatique dont les manifestations sont de plus en plus intenses.

Cela précarise toujours davantage nos existences. Les pénuries d’eau et l’assèchement des sols rendent la vie très difficile pour les agriculteur·ices et au-delà pour toustes les habitant·es des départements touchés.

Le 8 mars 2023 s’inscrit également dans un contexte français marqué par des oppressions et inégalités de plus en plus violentes, que la grève féministe doit participer à combattre.

D’abord, le gouvernement nous plonge toujours plus dans la crise sociale : les prix explosent, il devient difficile de se loger, de se chauffer, de se nourrir convenablement. Les attaques contre les droits sociaux se multiplient, comme en témoignent les réformes des retraites et de l’assurance chômage. Nous, femmes et minorités de genre, sommes en première ligne face à ces projets : nous sommes majoritaires dans les emplois à temps partiels et morcelés, et avons plus souvent des parcours discontinus du fait d’emplois plus précaires ou de la parentalité dont la charge de temps nous est souvent réservée. Nous serons donc parmi les premières victimes si ces réformes sont adoptées.

Face à cela, nous devons lutter contre la précarisation, pour plus de justice sociale, et pour la défense des services publics. Leur dégradation affecte en premier lieu les populations les plus précaires, et donc particulièrement les femmes et minorités de genre. En tant qu’usagèr·es mais aussi en tant que travailleur·euses car les conditions sont toujours plus déplorables.

En outre, le gouvernement s’attaque à nos droits fondamentaux, avec le projet de loi anti Squat (Kasbarian-Bergé) qui menace le droit au logement, ainsi qu’avec le projet de loi Darmanin, qui prévoit de durcir considérablement les conditions d’obtention d’un titre de séjour et de faciliter les expulsions. Nous refusons le modèle de société dans lequel s’inscrivent ces projets de loi.

Enfin, alors que les député·e·s RN sont passé·es de 8 à 89 suite aux dernières législatives, le racisme et la xénophobie continuent de se propager en France. Concrètement, la violence raciste tue. L’islamophobie est grimpante, quotidienne, banalisée, elle cible, discrimine et tue les musulman·es aujourd’hui en France. Nous dénonçons et combattons ces violences racistes.

Nous ne sommes pas seule.es à appeler à la grève du 8 mars. Dans ce paysage, nous tenons à rappeler quelques points essentiels du combat féministe.

Ainsi, nous déclarons haut et fort que la transphobie n’est pas du féminisme ! Compte tenu des attaques transphobes qui se multiplient sur fond d’argumentaires essentialistes et d’accointances avec la droite traditionaliste et l’extrême droite, il n’est plus possible de tergiverser.

Nous affirmons également que la libération des communautés marginalisées est indispensable à la libération de toustes : notre combat féministe est donc radicalement anti-lesbophobie, soutient les droits de toutes les personnes LGBTQIA+, ainsi que l’auto-organisation des travailleur·euses du sexe. Lorsque des femmes sont assassinées chaque année parce qu’elles sont obligées d’exercer le travail du sexe dans la clandestinité, il devient urgent d’abroger les lois responsables de cette réalité !

Face à tous ces enjeux nationaux et internationaux, nous appelons donc à la grève féministe le 8 mars 2023. Construisons un mouvement large et uni : luttons toustes ensemble pour faire advenir une société féministe, antiraciste, écologique, solidaire, libre et joyeuse.

En nous arrêtant, nous montrons concrètement que nous sommes essentielles : construisons un rapport de force pour être écouté·es !

Descendons dans la rue, pour des cortèges joyeux et en colère !

Organisons dans les quartiers, des gardes collectives et des cantines solidaires !

Affichons sur nos réseaux, nos fenêtres, les couleurs de la grève.


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