Après la grève du 18 octobre : quel bilan ? quel contexte ? quelles perspectives ? ( CGT, FO, SUD, PRS, Cassen, PCF, LCR, LO)

lundi 29 octobre 2007.
 

1) La journée d’action du 18 octobre 2007 est incontestablement un grand succès (CGT)

2) LA FEDERATION FO DES CHEMINOTS CONFIRME SON APPEL A RECONDUIRE LA GREVE

3) Après le succès de la journée du 18 octobre, poursuivre et amplifier la mobilisation ! ( Communiqué de l’Union syndicale Solidaires)

4) Un grain de sable est possible (François Delapierre, délégué général de PRS)

5) Riposter ensemble à Sarkozy (PCF)

6) Après le succès du 18 octobre, la confrontation sociale commence ! LCR

7) Il faut une suite au 18 octobre (Arlette LAGUILLER, Lutte Ouvrière)

1) La journée d’action du 18 octobre 2007 est incontestablement un grand succès (CGT) 19 octobre 2007

http://www.cgt.fr/internet

La mobilisation est exceptionnelle dans les trois secteurs principaux concernés par la réforme des régimes spéciaux de retraite : EDF-GDF, la SNCF, la RATP. La grève a été très forte, à des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis longtemps... 80 % de grévistes à EDF-GDF, 75 % à la SNCF, plus de 70 % à la RATP. Elle est significative dans d’autres secteurs comme les administrations financières, l’ANPE, les services publics territoriaux mais aussi plusieurs entreprises du privé (métallurgie, chimie...) sur leurs propres revendications. Beaucoup de salariés y ont vu aussi le moyen d’agir pour la sauvegarde du système de retraite solidaire, l’augmentation des salaires, la défense de l’emploi, l’amélioration des conditions de travail.

Les manifestations et rassemblements ont témoigné de cette combativité avec des participations significatives de salariés du privé : 11 000 manifestants à Bordeaux, 10 000 à Clermont Ferrand, 9 000 à Rennes, 5 000 à Tours et Limoges, 8 000 à Rouen, Toulon, Lyon, 50 000 à Marseille, 25 000 à Paris ..., au total 300 000 manifestants pour 70 départements.

Les grévistes des entreprises publiques ont clairement signifié le rejet du cadrage d’ensemble de la réforme des régimes spéciaux proposé par le gouvernement. Ils ont dénoncé la campagne de culpabilisation dont ils sont victimes.

Aujourd’hui, c’est près de trois femmes sur quatre et un homme sur deux relevant de ces régimes qui n’ont pas une retraite à taux plein avec la durée actuelle de cotisations à 37,5 années. L’allongement de la durée de cotisations à 40 ans cumulée à l’application de la décote ferait perdre deux mois de retraites par an aux agents de ces régimes. « C’est travailler plus longtemps pour gagner moins » alors que la retraite moyenne pour les ouvriers et employés de ces entreprises est de 1 400 euros. Pour la Cgt, c’est inacceptable.

De même est condamnée la suppression des bonifications pour les nouveaux embauchés, c’est un élément-clé de la reconnaissance de la pénibilité et des sujétions des postes de travail à la RATP, à EDF-GDF, à la SNCF. Les salariés contestent aussi la suppression de l’indexation des retraites sur les salaires.

Le gouvernement doit prendre la mesure de la force et de la détermination qui se sont exprimées aujourd’hui. Xavier Bertrand s’annonce disposé à rencontrer les organisations syndicales. Il est clair que pour la Cgt, cette rencontre doit représenter un véritable espace de négociations, comme le souhaitent les salariés. Il faut modifier le cadre général de la réforme avant toute ouverture de négociations d’entreprises.

La Cgt appelle l’ensemble des salariés à concevoir partout les suites de la mobilisation avec le souci de conserver l’unité des professions, l’unité des organisations qui ont contribué au succès du 18 octobre.

Pour ce faire, la Cgt, avec ses fédérations concernées par la réforme des régimes spéciaux, propose, après les réunions interfédérales, une rencontre rapide de l’ensemble des organisations professionnelles, pour définir des modalités communes à la mobilisation.

2) LA FEDERATION FO DES CHEMINOTS CONFIRME SON APPEL A RECONDUIRE LA GREVE

http://www.fo-cheminots.com

Les premiers chiffres à notre disposition confirment que les cheminots se sont massivement mobilisés. Suivant les régions, les chiffres qui nous remontent se situent entre 70 et 90% tous collèges confondus.

D’ores et déjà, les assemblées générales qui se sont réunies ce matin, ont pour la plupart d’entre elles reconduit le mouvement.

Cela manifeste la volonté des cheminots - exécution, maîtrise et cadres - de s’opposer à la diminution imposée du montant de leurs retraites, dans un contexte de gaspillage annuel indigne, de dizaines de milliards de fonds publics, au profit d’un petit nombre de possédants.

Les personnels, en grève aujourd’hui, connaissaient les déclarations - tant du Président de la République, que du Premier Ministre et du Ministre du travail - affirmant, malgré la très forte mobilisation attendue, leur volonté de maintenir leur projet.

Dans ces conditions, la Fédération FO des Cheminots considère que les cheminots sont prêts à poursuivre et étendre la grève.

La Fédération FO des Cheminots confirme donc son appel à la reconduction de la grève.

La Fédération FO des Cheminots appelle les agents à se réunir dans leurs Assemblées Générales, avec l’ensemble de leurs organisations syndicales, afin d’en décider librement et démocratiquement.

La Fédération FO des Cheminots rappelle qu’elle défend, dans la grève en cours, la revendication de sa Confédération, réaffirmée au congrès de Lille de juin dernier du :

« Retour aux 37,5 annuités de cotisations pour tous (public/privé) pour l’obtention :

> d’une retraite à taux plein ;

> de l’indexation des pensions sur les salaires ;

> du retour au calcul des 10 meilleures années pour les salariés du privé ;

> du maintien du calcul sur le traitement des 6 derniers mois pour le public ».

jeudi 18 octobre 2007

3) Après le succès de la journée du 18 octobre, poursuivre et amplifier la mobilisation ! ( Communiqué de l’Union syndicale Solidaires)

http://www.solidaires.org/

La journée unitaire de grèves et de manifestations contre les projets du gouvernement a été un succès. La mobilisation est exceptionnelle, voire historique dans les secteurs directement concernés par la réforme des régimes spéciaux : 75% de grévistes à la SNCF : même en 95, ce taux n’avait pas était atteint, 70 % à EDF et à la RATP. D’autres secteurs se sont mobilisé de façon significative comme les Finances ou l’ANPE... De nombreuses délégations des différents secteurs publics et d’entreprises privées ont participé aux manifestations dans toute la France : plusieurs centaines de milliers de personnes sont ainsi descendues dans la rue.

Retraites, assurance-maladie, pouvoir d’achat, statut des fonctionnaires, gestion des services publics, contrat de travail et conditions de licenciement autant de projets du gouvernement qui sont des régressions sociales programmées et correspondent aux desiderata du Medef. En s’attaquant frontalement aux régimes spéciaux de retraites, le gouvernement veut marquer un point décisif pour imposer ensuite d’autres reculs sociaux.

Sur le plan des retraites, c’est la volonté affichée d’augmenter encore la durée de cotisations pour tous les salariés, du privé comme du public, qui aboutira, de fait, à baisser encore le niveau des pensions. Le « travailler plus pour gagner plus » a fait déjà long feu et le pouvoir d’achat des salariés reste en berne. Pour l’assurance-maladie, c’est, après l’instauration des franchises médicales, le projet de développer les assurances privées aux dépens de la solidarité de la sécurité sociale. La « refondation » de la Fonction publique signifie la suppression massive de fonctionnaires au détriment de la qualité du service public et l’aggravation de la précarité et de la flexibilité du travail. La refonte du contrat de travail et des conditions de licenciements vise à renforcer encore les pouvoirs des employeurs sur leurs salariés.

Le gouvernement veut s’attaquer aux droits de tous les salariés. C’est tous ensemble qu’il faut réagir pour bloquer une offensive visant, selon l’ancien dirigeant du patronat Denis Kessler, à « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance », c’est-à-dire à détruire ce qui reste d’égalité et de solidarité dans la société française. La journée du 18 octobre montre que les salariés ne sont pas disposés à accepter cette perspective. C’est une première étape face à l’offensive antisociale du gouvernement.

Le gouvernement a d’ores et déjà expliqué qu’il ne tiendrait pas compte de cette mobilisation et ne modifierait rien sur le fond de ses projets. Il s’agit donc aujourd’hui d’aller plus loin pour le faire céder. L’Union syndicale Solidaires appelle les salariés à se réunir pour discuter et décider des suites de cette journée. Dans les secteurs les plus mobilisés, de nombreuses assemblées de grévistes ont décidé de reconduire la grève, l’Union syndicale Solidaires soutient ces décisions et appelle à élargir la mobilisation.

Pour l’Union syndicale Solidaires, il est aujourd’hui de la responsabilité du mouvement syndical de proposer très rapidement, dans l’unité, une perspective qui permette d’élargir le mouvement pour gagner. C’est aujourd’hui une autre répartition de la richesse produite qu’il faut imposer pour répondre aux besoins de justice et de solidarité dans notre pays.

le jeudi 18 octobre 2007

4) Un grain de sable est possible (François Delapierre, délégué général de PRS)

http://www.pourlarepubliquesociale.org/

La réussite de la mobilisation des salariés des régimes spéciaux est un événement. Bien sûr ce n’est qu’une étape qui en appelle d’autres. Mais elle rend ces développements possibles. C’est déjà beaucoup. En tout cas beaucoup trop pour le gouvernement et ses porte-plume affairés à nier la portée de la journée de grève et manifestations. Rien de plus normal, disent-ils en substance, que des privilégiés défendant leurs privilèges... Une ligne de défense qui masque mal l’inquiétude face au danger que constituerait pour le pouvoir une mobilisation sociale dans les prochains mois.

Tordons d’abord le cou à la fausse évidence selon laquelle il serait quasiment automatique que les gens se mobilisent dès que l’on remet en cause leurs intérêts. Si cette loi était vrai, la France serait paralysée par les réactions hostiles aux dernières lois gouvernementales. Ne serait-ce que par les assurés sociaux obligés dorénavant de payer des franchises au nom des mêmes arguments sur le déficit de la Sécu que ceux qui ont été servis aux travailleurs concernés par les régimes spéciaux. Les travailleurs des services publics sont comme les autres. Ils ne font pas grève par plaisir. Il leur arrive même de ne pas la faire du tout, de baisser les bras, se résigner à ce qui leur est présenté comme inéluctable, voire même de se laisser convaincre par une partie des arguments des néo-libéraux. La liste est longue hélas des attaques contre les services publics qui n’ont entraîné que très peu de mobilisation de la part des personnels concernés : depuis le début lointain de la privatisation de France Télécom jusqu’à la remise en cause récente du droit de grève dans plusieurs secteurs, en passant par les difficultés à mobiliser contre la privatisation de GDF.

Le fait que les travailleurs des régimes spéciaux relèvent la tête est donc tout à fait décisif. Jusqu’ici le débat était inexistant et la propagande gouvernementale sans contre-feux. Mais dès lors qu’une résistance s’exprime, des arguments commencent à circuler. Ici ou là on donne la parole à des grévistes. Certains de nos concitoyens commencent à réaliser que la pénibilité de ces métiers est généralement avérée. Qu’il n’est peut-être pas très malin de confier au nom de l’équité les commandes d’un train à un conducteur de 60 ans ou plus. Que dans certains métiers, il est indubitable que l’on ne peut plus travailler à partir d’un certain âge, ce qui n’est pas vrai pour tout le monde. Bien sûr, tout ceci ne se mesure pas encore dans les sacro-saints sondages. Mais faut-il rappeler que le CPE, par exemple, était soutenu dans un premier temps par une large majorité de l’opinion avant que la mobilisation ne renverse les points de vue ?

En outre, la mobilisation facilite l’expression de la solidarité. Les fédérations de fonctionnaires, qui ne tenaient pas trop à s’afficher aux côtés des salariés des régimes spéciaux de peur que ceux-ci ne constituent un épouvantail pour l’opinion, commencent à se dire qu’ils pourraient aussi bien constituer une locomotive. Des rendez-vous se discutent et se préparent. Tout cela commence à faire du monde. Surtout que le gouvernement a vendu la mèche : il prépare un allongement de la durée de cotisation pour tous, public comme privé. Et il souhaite le faire dès l’année prochaine. La digue des régimes spéciaux protège finalement beaucoup de monde...

Les ministres au pouvoir ont quelques expériences, cuisantes, de telles dynamiques. Ils prennent donc la mobilisation très au sérieux. D’autant que le calendrier politique ne leur est pas favorable. En mars 2008 se tiendront les élections municipales et cantonales. Un éventuel vote sanction casserait la dynamique qui les porte depuis la présidentielle. Et mettrait en danger les prochaines étapes de la « rupture » sarkozienne. Ils ont déjà vécu une configuration similaire de 2002 à 2007. Certes la succession ininterrompue de mobilisations dans la rue et de désastres dans les urnes ne les ont pas empêchés de gagner la présidentielle. Mais allez donc expliquer à un élu ou à un candidat de droite que ce n’est pas si grave de perdre toutes les élections intermédiaires... à commencer par la sienne. On comprend donc pourquoi une certaine nervosité gagne la majorité présidentielle. Le mécontentement qui s’exprime jusque dans l’UMP ne fait qu’exprimer cette inquiétude des élus de droite face aux « retours du terrain » et leurs premières angoisses face à la perspective d’une nouvelle dégelée électorale. Dès lors des brèches s’ouvrent au sein de la majorité comme nous l’avons vu sur l’amendement ADN.

Pour l’heure rien ne sert de spéculer sur la grève générale victorieuse. Une mobilisation se poursuit dans le secteur des transports. Une autre continue face aux franchises médicales. Ces mouvements ont avant tout besoin de soutien concret. Celui qui rêvasse sur le grand soir social sans avoir commencé à monter son comité d’usagers solidaires ou à diffuser l’argumentaire sur les régimes spéciaux dans son lieu de travail se paie de mots. Mais il n’est pas interdit de savoir que rien ne nous est interdit pour peu que l’on se batte.

5) Riposter ensemble à Sarkozy (PCF)

Pour les salariés, pour les couches populaires, des sacrifices tous azimuts : attaques contre les retraites, des régimes spéciaux comme du régime général, dégradation des contrats de travail, aggravation de la précarité, durcissement des conditions d’indemnisation des chômeurs, SMIC tiré vers le bas avec tous les salaires, attaques contre les fonctionnaires, suppression d’emplois massives dans l’éducation nationale et les services publics, franchises médicales, déremboursement sécu etc.

A l’inverse, pour les grands patrons et les nantis les cadeaux se multiplent. Le “paquet fi scal” de juillet : 15 milliards gâchés en pure perte. Les stock-options, 3 milliards soustraits aux cotisations sociales. Ces fonds alimentent les opérations spéculatives contre l’emploi.

Des libertés démocratiques essentielles sont bafouées avec l’organisation à grande échelle de la chasse aux sans papiers avec le recours aux tests ADN pour le regroupement familial qui rappellent de sinistres souvenirs, avec les peines planchers, les procès contre les malades mentaux, etc... Quant à la politique étrangère, elle s’aligne de plus en plus sur celle de Bush et se pose en va-t-en guerre en Iran.

Ce qui se passe est grave

C’est une véritable révolution conservatrice marquée, contrairement au discours offi ciel, par une immense régression sociale et démocratique et par une politique de soutien sans faille à la boulimie de profit des grands groupes financiers.

La concentration des pouvoirs présidentiels hypertrophiés est au service de ces objectifs là !

Contrairement à ce que prétend la droite, cette politique ne permettra pas de répondre aux attentes des populations. Au contraire, elle aggravera toutes les situations parce qu’elle accroît la domination de l’argent-parasite et ses conséquences désastreuses en matière de précarité et de chômage.

Des résistances se lèvent

Des résistances commencent à prendre corps. La réalité commence à être perçue malgré le matraquage pro-Sarkozy que nous subissons chaque jour.

Un premier rassemblement a eu lieu le 29 septembre dernier dans toutes les régions de France pour refuser des franchises médicales et pour porter dans le débat des propositions permettant de développer en le pérennisant le fi nancement de notre Sécurité sociale solidaire.

D’autres rendez-vous marqueront le mois d’octobre, sur la liberté des journalistes le 4 octobre, sur les conditions de travail le 13, pour la défense des régimes spéciaux de retraite le 18. D’autres initiatives sont en projet. Elles revêtent une très grande importance. Le Parti communiste fera tout pour contribuer à leur succès...

Conquérir de nouvelles avancées sociales, démocratiques, écologiques

Car, à l’inverse du cours actuel, il est indispensable de conquérir les nouvelles avancées sociales, démocratiques et écologiques nécessaires pour répondre aux besoins humains d’aujourd’hui.

L’emploi doit être vraiment un droit pour tous. Il doit être sécurisé contre la précarité. La rotation emploi formation avec garantie du revenu doit devenir un instrument privilégié pour éradiquer le chômage.

Les salaires, pensions, retraites et minima sociaux doivent être augmentés.

Les services publics doivent être défendus, démocratisés, leur champ doit être étendu.

La protection sociale solidaire comme le système de santé doivent être développés pour faire face à la nouvelle donne démographique, à la croissance nécessaire des dépenses.

Les moyens existent pour cela à condition d’utiliser l’argent autrement, pour une croissance de progrès social préservant les ressources naturelles de la planète.

Les droits et les pouvoirs des salariés et des peuples doivent être élargis. Le pays a besoin d’un nouvel essor démocratique. Cela implique, en particulier, de respecter le choix majoritaire du 25 mai 2005 en rejetant la nouvelle mouture du traité européen qui persiste à pousser au tout libéral en Europe.

La france doit agir pour la paix et le règlement politique des confl its, la protection de notre planète, le désarmement général.

La gauche doit prendre ses responsabilités pour l’action et l’alternative politique

Nous voulons faire grandir le rassemblement de toutes celles et ceux qui veulent agir,

Nous avons pris l’initiative de relancer le groupe « riposte » de la gauche, et partout en France, le PCF organise durant ce mois d’octobre, des rencontres et des actions contre les mauvais coups, et pour reconstruire l’espoir. Ces initiatives convergeront le 27 octobre à Paris à l’exemple de la marche pour l’emploi du Nord, au cours d’une manifestation suivie d’un rassemblement où la parole sera donnée à des acteurs des luttes qui se développent et à ceux qui, à gauche, voudront s’y associer.


6) Après le succès du 18 octobre, la confrontation sociale commence ! LCR

Xavier Bertrand, le ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité avait prédit dès le 14 octobre, une grève extrêmement puissante qui immobiliserait quasiment tous les trains de France. Dans l’intention, sans doute de conjurer le sort, alors que s’annonçait une mobilisation sans précédent mais aussi de faire passer comme message que, de toutes façons, le gouvernement ne reculera pas.

Un premier avertissement réussi !

Le ministre n’aura pas été déçu. La mobilisation a été exceptionnelle, voire historique dans les secteurs directement concernés par la réforme des régimes spéciaux : 75 % de grévistes à la SNCF ( chiffre jamais atteint en novembre-décembre 1995), 70 % à EDF et à la RATP. D’autres secteurs se sont mobilisé de façon significative comme les Finances ou l’ANPE... De nombreuses délégations des différents secteurs publics, d’entreprises privées, d’étudiants ont participé aux 130 manifestations qui ont eu lieu dans toute la France : plusieurs centaines de milliers de salariés sont ainsi descendus dans la rue, confirmant ainsi le refus massif des réformes initiées par le gouvernement Sarkozy en place depuis cinq mois. La campagne d’intimidation, menée activement par le gouvernement sur le thème de l’équité et de la justice, a non seulement échoué, mais elle a indigné, révolté la grande majorité des salariés. Mais, une seule journée de mobilisation, même réussie, ne sera pas suffisante pour faire reculer Sarkozy et Fillon.

Défendre les régimes spéciaux ...

Le gouvernement a d’ores et déjà expliqué qu’il ne tiendrait pas compte de cette mobilisation et ne modifierait rien sur le fond de ses projets. S’appuyant toujours sur le même argumentaire : celui de l’équité et « la défense de la retraite par répartition ». Mais pour le gouvernement, il n’est pas question de s’en prendre aux capitalistes pour aller chercher l’argent manquant. Le coupable est tout trouvé : ce sont « les régimes spéciaux » ! Il présente les 500 000 salariés qui en bénéficient comme responsables de la moitié des maux de ce pays. Ben voyons ! L’objectif du gouvernement est d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec les 37,5 annuités de cotisations nécessaires aux cheminots, aux gaziers et électriciens pour partir en retraite. En s’attaquant frontalement aux régimes spéciaux de retraites, le gouvernement veut marquer un point décisif pour imposer, ensuite, d’autres reculs sociaux. Le gouvernement le sait : s’il recule sur cette réforme, il ne pourra plus, pendant 5 ans, y revenir. L’enjeu est donc de taille pour le gouvernement, mais aussi pour l’ensemble des travailleurs.

... Pour défendre l’ensemble de nos droits !

Fillon l’a déjà annoncé, après les régimes spéciaux, le gouvernement veut augmenter la durée de cotisations à 41 ans, puis 42 ans, pour tous les salariés du privé comme du public qui aboutira, une nouvelle fois, à une baisse du niveau des retraites. Mais ce n’est pas tout : c’est bien à l’ensemble des droits de l’ensemble des salariés que le gouvernement veut s’attaquer : assurance-maladie, contrat de travail, pouvoir d’achat, services publics, statut des fonctionnaires, licenciement, immigration... De fait, le succès de la journée du 18, la volonté d’une partie de grévistes de reconduire le mouvement à la SNCF, la participation au des salariés de la fonction publique et du privé pose la question de la préparation d’un mouvement d’ensemble. La journée du 18 a commencé à enrayer la machine Sarkozy, elle crée la possibilité de reprendre l’initiative.

Alors, après le 18 octobre, il faut aller plus loin pour faire céder Sarkozy : préparons rapidement un « tous ensemble » !

De : LCR-Rouge


7) Il faut une suite au 18 octobre (Arlette LAGUILLER, Lutte Ouvrière)

La grève des travailleurs de la SNCF, de la RATP, d’EDF et de GDF du 18 octobre a été d’une ampleur exceptionnelle. Les manifestations ont été bien suivies et ont été souvent rejointes par des travailleurs de secteurs déjà victimes des mesures que le gouvernement veut imposer aux régimes spéciaux. Ceux-là ont témoigné qu’ils avaient conscience que l’enjeu de la lutte dépasse largement les seuls cheminots, électriciens ou gaziers.

Malgré le bourrage de crâne entrepris par les ministres et répercuté par la télévision, les travailleurs n’ont pas marché dans la propagande gouvernementale visant à opposer ceux qui étaient en grève et l’ensemble des salariés. Comment croire que les cheminots sont des privilégiés, lorsque plus d’un tiers d’entre eux partent à la retraite avec 1 100 euros net par mois ?

Et le gouvernement, qui a le culot de se poser en chevalier blanc combattant les privilèges, est celui dont le premier geste a été d’accorder 15 milliards d’euros de baisses d’impôts à la bourgeoisie, aux vrais privilégiés.

Les travailleurs savent que l’attaque contre les régimes spéciaux sera suivie par d’autres concernant le régime général : 42 ans de cotisation pour tous et l’âge de la retraite repoussé à 62 ans, voire à 65 ans. Et pour ceux qui n’auront pas le nombre d’annuités nécessaire, quelle qu’en soit la raison, cela annonce des retraites amputées qui permettront tout juste de survivre, mal, après une vie de travail.

La démolition des retraites n’est qu’un des fronts sur lesquels le patronat et le gouvernement attaquent l’ensemble du monde du travail, pour permettre à la classe riche d’accaparer, directement ou avec l’aide de l’État, toujours plus d’argent au détriment des salariés. Il y a tout le reste : le blocage des salaires alors que les prix augmentent, à commencer par l’essence et le fioul ; la généralisation de la précarité et la paie aléatoire qui va avec. Il y a toutes ces mesures comme les franchises médicales, les déremboursements, le forfait hospitalier, qui font que les assurés sociaux cotisent de plus en plus pour être de moins en moins remboursés et de plus en plus mal soignés.

Sans parler de l’aggravation de l’exploitation au quotidien, de l’augmentation du rythme de travail, la pression permanente pour faire faire plus de travail avec moins de personnel, en supprimant des emplois.

Les travailleurs sentent par la dégradation de leurs conditions d’existence, dans leur chair, que cela ne peut pas continuer ainsi. Or, si cela ne dépend que du patronat et du gouvernement à sa botte, cela continuera, pour que les capitalistes puissent dégager toujours plus de profit, qu’ils gaspillent dans des spéculations financières, sans créer d’emplois.

La seule façon d’y mettre un coup d’arrêt est que les patrons et le gouvernement se heurtent à l’ensemble du monde du travail, décidé à ne pas se laisser réduire à la pauvreté. Tout le passé prouve amplement que c’est lorsque les patrons ont craint pour leurs profits, et craint vraiment, qu’ils ont incité leurs laquais au gouvernement à céder devant les revendications des travailleurs.

Nombreux sont, certes, les travailleurs qui ne croient pas encore aujourd’hui à la possibilité d’une lutte large, et encore moins à ce qu’elle puisse être victorieuse. Mais l’exemple de la préparation et de la réussite du 18 octobre montre que le climat, cela se change.

Grande est, dans ce domaine, la responsabilité des directions syndicales. Le 18 octobre, les travailleurs ont répondu présents à leur appel. Aucune d’entre elles ne peut prétexter la difficulté de mobilisation pour refuser une suite au 18 octobre. Leurs tergiversations pour annoncer une nouvelle étape sont inacceptables. Préparer la suite, faire en sorte qu’elle soit plus ample, qu’elle entraîne dans la lutte de nouveaux contingents de travailleurs, est une nécessité vitale.

L’offensive générale du patronat et du gouvernement aggrave les conditions d’existence de tous les travailleurs, retraités et chômeurs. Il ne faut pas les laisser faire. La contre-offensive doit être celle de l’ensemble du monde du travail !

Éditorial des bulletins d’entreprise du 22 octobre.

Arlette LAGUILLER.


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