Argentine : Elections présidentielles sur les bords du Rio de la Plata, PORTE DE L’EL DORADO

dimanche 28 octobre 2007.
 

Le Rio de la Plata, c’est grand. On marche sur une rive. Mais on ne voit pas celle d’en face. L’estuaire est en effet plus étendu que la Hollande ! L’eau est jaune, teintée de marron. De loin c’est gris. Un spectacle assez pauvre, tout compte fait.. Je ne sais pas dire pourquoi je n’y trouve pas mon compte comme je l’aurais cru. Je m’étais imaginé qu’il flotterait dans l’air ici quelque chose de la magie des premiers matins du monde. Ou bien des parfums du voyage mis en scène dans « l’amour au temps du choléra ». Pour finir, ce fleuve est une machine à illusion. Déjà, les premiers bateaux européen qui passèrent par là en 1516 n’y furent pas reçu comme ils le croyaient. Sur la rive uruguayenne, les indiens Charruas criblèrent de flèches le premier équipage venu à terre. Et, pour finir, ils mangèrent tous les hommes qui avaient débarqué. Seul un jeune mousse fut épargné, Francisco Del Puerto. C’est lui qui a raconté ensuite cette histoire. Mais ce n’est qu’une histoire.

Pour l’heure le Rio de la Plata et son eau peu engageante aura donc été pour moi le mirage qu’il a été aussi pour ceux qui l’ont nommé de cette façon. Eux ont d’abord cru remonter par là de l’Atlantique par où ils arrivaient jusqu’à l’océan pacifique. C’est pour trouver ce passage qu’ils avaient été embauchés. Car on savait qu’il y avait une « mer du sud », le Pacifique, dont Vasco Nunez de Balboa avait découvert l’existence. Cela s’était passé, bien plus haut sur la carte, là où est l’actuel Panama.

Cette histoire là aussi est magique. Balboa avait installé son notaire sur la plage pour prendre en note tout ce qu’il le verrait faire. Il avait aussi déployé ses hommes pour qu’ils soient des témoins directs de la scène. Puis, entrant dans l’océan à cheval, il tira son épée et cria « je prends possession de toi au nom de Dieu et de Charles Quint ». Je trouve cette histoire admirable parce qu’il s’agit d’un de ces actes démesurés qui signalent la folie grandiose si caractéristique des êtres humains. Mon imagination s’arrète aà un détail. Cet homme est enfermé dans son armure depuis combien de jours ? Il faut lire ce que les conquistadores racontent de la vie sous l’armure qu’on n’enlève pas par prudence où par obligation pendant plusieurs jours. Celui-là est fourbu des fatigues d’innombrables journées de marche dans une nature suffocante. Rien, autour de lui, n’évoque si peu que ce soit une présence humaine qu’un acte notarié puisse impressionner. Et pourtant il prend possession de quelque chose d’encore plus insaisissable que tout ce qui l’entoure : l’océan lui-même.

Je reviens au Rio de la Plata. Les espagnols avaient nommé l’immense embouchure du fleuve « la mer douce ». Elle est si grande ! Une mer, pas moins ! Et la marée se fait sentir à cent cinquante kilomètres à l’intérieur des terres.. Surtout, ca les arrangeaient de croire à cette fable d’un bras de mer d’eau douce mais saumâtre. N’étaient-ils pas payé pour trouver un passage entre deux océans ? Ils aimaient d’autant plus volontiers l’idée de l’avoir trouvé. A cette illusion en succède bientôt une autre. Car lorsque les marins espagnols voient le sort réservé à leurs malheureux compagnons tués et mangés, ils s’enfuient plus haut vers l’actuel Brésil. Quelques uns s’échouèrent alors chez des indiens guaranis. Ces derniers étaient bien plus accomodant que les farouches Charruas cannibales de l’Uruguay. Et ils leur racontèrent des histoires merveilleuses à écouter.. D’après eux en effet, le Rio de la Plata conduisait jusqu’au pays du roi d’argent. Les historiens disent que cette croyance était un écho déformé de l’empire Inca tel qu’il était parvenu jusqu’à ces contrées reculées. Rien n’est pus consolant que de croire que ses erreurs sont éffacées par le début de la bonne aventure sur laquelle elles s’ouvrent parfois. Les rescapés des indiens Charruas se jettèrent tête baissée a la poursuite de l’el dorado dont il venait d’apprendre l’existence à la faveur de ce hasard malheureux. Et sur la foi de cette légende, nombre d’expéditions ensuite chercheront à remonter le fleuve toujours plus loin après les colonies installées au Paraguay. Plus d’une se perdit pour toujours dans ce mirage. La mer douce (mare dulce) devint donc le fleuve de l’argent (Rio de la Plata). Dans ce coin davantage qu’ailleurs l’Argent est un démon facétieux et cruel. El nombreux sont ceux qui ont trouvé ici l’El Dorado dans le travail des autres.

LE COLAPS

Quand l’économie argentine s’est écroulée et avec elle l’Etat, les profiteurs de toutes sortes avaient déjà tirés du pays jusqu’à la dernière goutte de ce qui pouvait s’y prendre. Un système de change fixe inouï garantissait un dollar pour un peso, la monnaie nationale. Les riches n’avaient pas la sottise de croire que le pays pourrait maintenir pour toujours cette subvention anémiante . A mesure que rentraient les peso pompés sur le pays, il les le transvasaient en dollard . Certains prix étaient même affichés et payé en dollar, notamment ceux des services publics privatisés, et cela par contrat avec le gouvernement du pays. Cela s’appellait la dolarisation de l’économie et les chroniqueurs de référence salivaient d’admiration. Quelle merveilleuse stabilité des prix ainsi acquise. Jusqu’en Europe, où l’on attend le même service de la banque centrale rendue indépendante rien que pour cela. ! Encore aujourd’hui, vestige de cette époque folle de pillage, on peut lire sur certaine facture libéllée en peso « par accord avec le gouvernement argentin cette facture est établie en peso aucours de un peso un dollard ». Même un lecteur d’album à colorier devine ce qui devait se passer. La presse indépendante qui permet à chacun de comprendre quelle est la seule politique possible se chargea de n’en rien dire d’autre que des merveilles. A la fin du cycle, la dette totale du pays correspondait au total des avoirs à l’étranger des argentins les plus fortunés. Un hasard, cela va de soit. Un jour, exangue, les caisses vides, archi vides, 8% de la richesse produite vaille que vaille étant consacrée au seul service de la dette, le gouvernement décide que l’on ne pourra plus changer son argent en une seule fois. Puis, même chose pour la paye versée sur les comptes en banque. Il décide aussi que dorénavant tout serait donné en peso, même ce qui avait été déposé en dollar. Un hold up géant ! Cet enfermement des comptes, c’est ce qui fut nommé par un poête de la finance qui se croyait malin le « coralito », nom que l’on donne au petit parc à bébé. Soudain désaoulée, la classe moyenne compris le numéro de bonneteau. Des milliers de gens sont descendus dans les rues pour taper dans les casseroles, ont assailli les banques, attaqué les magasins. Pendant ce temps, ce qui restait de l’Etat, c’est à dire déjà presque plus rien, cessait définitivement de fonctionner. Des dizaines d’entreprises furent abandonnées par leurs propriétaires et occupées séance tenant par des gens qui de toute façon n’avaient où aller ailleurs. Le président de la République, l’inepte De La Rua, membre d’u parti radical adhérent de l’internationale socialiste, demande à l’armée de rétablir l’ordre ! Oui, l’armée, dans un pays qui a vécu sous la dictature militaire la plus sanglante du continent. Elle refuse. Elle a déjà sur les bras les trente mille morts, dix fois plus qu’au Chili, de l’épisode militaire précédent. La police fait à peine cent morts avant de se dissoudre elle-même dans l’émeute. La scène politique fut volatilisée. Des dizaines de milliers de gens courrent de tous côtés au cris de « qu’ils s’en aillent tous » à propos des élus de tous niveaux. Le président élu, le radical De La Rua , s’enfuit en hélicoptère du palais présidentiel. Trois président se succèdent alors en quinze jours. Vint le moment des éléctions. Le dernier cacique au pouvoir, un péroniste en béton brut de la province de Buenos Airés, le président par intérim Duhalde, installe la candidature d’un obscur gouverneur d’une petite province au sud du pays , un patagon. Il s’agit de Nestor Kirchner. Ce dernier et ses amis se surnomment eux mêmes « les pingouins » pour faire référence au volatile trébuchant de son austère région. Au premier tour il ne recueille que 23% des suffrages en face de l’arrogant Menem, l’ancien président bouffon qui avait inauguré l’ère super libérale. Au deuxième tour, Menem se retira plutôt que d’être battu, nuisant une dernière fois à son pays en lui refusant de pouvoir s’exprimer dans les bonnes formes de la démocratie. Juste pour affaiblir d’entrée de jeu le nouveau pouvoir et légitimer tous les coups de force si celui-ci venait à échouer comme chacun le pronostiquait. Aujourd’hui encore, pour participer au débat à hauteur de son intelligence, ce pitre pitoyable de Menem, traite Kirschner « d’anté-christ » dans la presse de droite (c’est à dire toute la presse mais chacun l’avait compris) .

LES PINGOUINS AU POUVOIR

pour l’économiste Roberto Frenkel le point clef du nouveau modèle est de compter sur une économie productive de biens et pas seulement de services A l’époque donc, Kirchner est donc proclamé élu au deuxième tour dans le septicisme absolu et l’indifférence totale de la bonne société mondiale. Pour elle tous ces argentins ne sont qu’une bande d’irresponsables folkloriques qui mangent des gros steak et dansent le tango le reste du temps, au lieu de payer leurs dettes. Autour du palais présidentiel comme autour de chaque ministère, des centaines de « piqueteros » campaient, nuit et jour. Plus rien ne marchait, plus aucune autorité n’était reconnue. Vous vous en souvenez ? Vous vous souvenez des gros titres de la presse chez nous ? Des campagnes internationales, jour après jour, du type « sauvons le darfour ! » où « vive la révolution safran en Birmanie ! » Vous vous souvenez de notre mobilisation pour aider l’Argentine, pays frère qui a accueilli sur son sol 350 000 français crevant de misère en Europe ? Non, bien sur. Il ne s’est rien passé. Personne n’a rien fait, nulle part. Courrez vers vos archives pour lire l’importante masse d’analyses sur le thème, « attention, en Argentine les politiques néo libérales monétariste ont montré une limite absolue ». Il n’y en a pas . Ou si peu. Et seulement dans la presse archaïque du type l’Humanité, Politis, le Monde Diplomatique et ainsi de suite. Et pour cause. Car le scandale continue chez nous. Il n’est donc pas question d’éveiller les endormis et les drogués du système de la concurrence libre et non faussée qui démantèle notre société et détruit la capacité productive de notre pays au profit de la stabilité de la seule rente financière. Nous nous faisons mieux que un dollar égale un peso. Nous faisons un dollar égale un euro et demi. Et nous cotisons tous pour garantir la rente qui en résulte. Si vous voulez lire l’équivalent du programme politique des déments qui on ruiné ce pays, lisez le texte du nouveau traité européen. C’est une traduction en langue européenne du programme du parti mondial des néo libéraux. Ca ne marche pas. Vous ètes prévenus.

DISTANCE MONDAINE

Je pense que ce que j’écris va me valoir d’être immédiatement repeint en "Kirchneriste". On dit "K", ici. Il y a des socialistes « K ». Des radicaux « K ». Et ainsi de suite. Je vais être « Mélenchon K ». N’ai je pas été repeint en chaviste ? On connait la règle. Dire du bien de ce néant chrétien démocrate de Romano Prodi et de ses combines tordues cela est moderne. S’interresser aux régimes post néo libéraux d’amérique latine, c’est du romantisme archaïque. Je ne comprends pas pourquoi. Ici les "K" de toutes les varités se disent de "centre-gauche". Nationaliser la poste et l’eau, rétablir le régime des retraites par répartition et ainsi de suite : c’est ce que les "K" appellent du "centre gauche". Serais-je au centre gauche argentin ? Ca m’en a l’air. De toutes façons je devrais plutôt commencer à préparer mes arrières, en prenant mes distances. Comme doit le faire toute personne venue d’Europe et cotisant un minimum au système des importants et belles personnes, je devrais me positionner un peu dans un retrait narquois et mondain de bon alois vis à vis de ces hordes que j’ai vu avec leur vilaines figures de rustres et leurs grosses pattes à pancartes qui s’agitaient hier en battant d’ineptes tambour et criant des slogans immatures. Par exemple, je vais me contenter de parler de la forme que prend le paysage politique. Christina Kirschner est une femme. Photo. Une femme ! Donc, ça ouvre un vaste sujet de discussion : n’y a t il pas déjà une femme au pouvoir au Chili ? Et madame Merkel ? Ne sommes nous pas en retard sur ce plan ? Monsieur Sarkozy ne devrait-il pas rapidement se préoccuper de ce problème ? Et ainsi de suite. Bien sur, la question du genre est absolument absente de cette campagne ici. Ce n’est pas un sujet. Juste la candidate en seconde position derrière Christina K a traité celle celle-ci de championne du Blotox en Argentine. Du machisme féminin à l’état brut. On a eu pareil en France on s’en souvient quand Michèle Alliot Marie a dit devant dix mille personnes à propos de Ségolène Royal qu’il ne suffisait pas de changer de robe pour avoir des idées. Mais ici ça ne compte pas. Le sujet c’est la politique. Un des spots de la campagne officielle de « K » pose une question : « qu’est ce que le FMI ?" Et on entend un gosse dire : « une bande de chevaux qui passent », un autre dire « c’est un groupe de musiciens ». Et la voix off dit : « apparemment tes enfants ne savent pas ce qu’est le FMI, non ? » C’est tout...Géniall ! Hier soir au meeting final, Christina K a dit que depuis quatre ans et demi, avec le président Nestor Kirschner, la politique de l’Argentine ne se décidait plus dans un bureau du FMI mais au parlement et au gouvernement argentin. Et que ça allait continuer. Et tout le monde s’est mis à hurler, applaudir, taper sur les tambours, hilares et joyeux. Et moi aussi, j’ai applaudi . Et le président de la commission des lois de l’assemblée nationale argentine, mon ami monsieur Cigogna, député du secteur plébéien de la Matanza ? De même. Et aussi tous les autres dans mon coin de tribune officielle. Un vrai ramassis de gauchistes en quelque sorte, qui ne comprennent rien à la « seule politique possible » et qui dirige leur pays a la faveur d’un incident regrettable pour le bon ordre des choses. Des archaïques qui n’ont aucune excuse pour leur sottise sinon celle-ci : ils ne risquent pas de faire davantage de mal à leur pays que ne l’ont fait les modernes, intelligents et raisonnables vu que c’est tout simplement impossible de tomber plus bas. A mon grand regret, ici personne n’a l’air de mesurer quelle chance ils ont depuis que Sarkozy et les pays d’Europe avec l’appui des USA ont désigné notre camarade Dominique Strauss Kahn à la tête de l’organisme qui les a martyrisé à mort pendant dix sept interminables années de plans d’ajustements structurels. Une seule personne bien haut placée m’en a parlé. Elle m’a seulement dit qu’elle savait très bien que Dominique Strauss-Kahn n’avait pas la possibilité de transformer le fond en institution philantropique, mais que tout le monde espérait qu’au moins on arrête de brutaliser les peuples. Au moins.

LES PINGOUINS MUETS

Les « pingouins », venus du sud venteux de l’Argentine ont nettoyé tous ceux qui se mettaient en travers de leur route chez les péronnistes. Ils finiront même par expédier Duhalde lui-même dans la fosse commune des débris de l’histoire. Ils ont affronté de face le fracassement de l’Etat et l’asphixie de l’économie néo libéralisée à mort sans avoir jamais la main qui tremble. J’ai raconté tout ça hier et j’en ai dit le résultat. Il en est résulté de leur part un dernier attentat contre le bon sens. Certains d’être capables de donner aux évènements klle rythme qui leur paraissait le plus utile puisqu’ils menaient vraiment une action une politique bouscumlant la réalité, les K ont fait le pire. C’est a peine croyable. En quatre ans, jamais Nestor K n’a donné une interview à la presse de son pays. Pas un discours à la télé, ni à la radio. Rien. Et ceux des ministres qui se risquaient à commenter où à faire de phrases, une admonestation suivi d’un prudent silence définitif de leur part . A partir de ce moment le rythme politique est sorti du bureau des rédacteurs en chef . Exactement comme la politique était sortie des bureaux du FMI dont ils fournissait le tapis d’entrée et le service après vente. Et pendant cette campagne ? Asseyez vous confortablement pour lire ce qui suit. Du début à la fin, c’est à dire vingt quatre heures avant la cloture de la campagne combien d’interview radio, télé, presse écrite ? Combien ? Zéro. Aucune. Walou. Juste un truc ou deux à la presse étrangère pour la politesse, et la prudence de sorte que ceux là ne s’avisent pas d’aller faire des remarques sur le sort réservé à leurs confrères. Le quotidien Clarin (« centre droit »...) fait un encadré pour récapituler les « moments d’expression médiatique » de la candidate. Trois au cours des six derniers mois. Fabuleux, non ? Elle aurait déclaré la chose suivante (Clarin 25 octobre) : « M’imaginer comme une dirigeante politique qui est toute la journée en train de parler à la télévision ou la radio, non. Vraiment je considère que la politique doit avoir un autre rôle. » Clarin enrage et jette du venin. « De toutes les façons il est difficile de faire sortir la dame de son discours y compris quand la question cherche à la déranger avec des thèmes comme l’inconnaissable niveau de l’inflation, la crise de l’énergie et les cas de corruption » Faire sortir de son discours, déranger, et ainsi de suite "l’éthique médiatique" bien connue de tous en est ici pour ses frais. Et le journal de noter, après diverses méchancetés sur la manie de de Christina K de « réciter des chiffres » et de faire des "réponses trop longues », ce qui est en effet insupportable de la part de quelqu’un qui s’apprête à devenir le chef d’un état composé de citoyens raisonnant et non de consommateurs de médias sidérés : « Pour Christina, les quotidiens les radios et les chaines de télé créent de climats artificiels, grossissent certaines informations, donnent des rendez vous artificiel et subjectifs et ils leur manquent beaucoup de rigueur. Et elle le dit ouvertement et elle dit qu’elle accepte le débat sur ce point ». C’est vrai, où va-t-elle chercher tout ça. Si la presse d’extrème droite, qui domine tout ou presque en Amérique latine, ne peut plus créé les rythmes, choisir les thèmes de débats et citer à comparaitre où va-t-on ? Peut-être jusqu’à 40% au premier tour comme on le pronostique à la dame K pour dimanche prochain dans les urnes.


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