L’unité de la gauche et de la République passe par une attitude de fermeté absolue à l’égard de notre police

samedi 15 juillet 2023.
 

A la suite du drame qui s’est produit mardi à Nanterre, il nous faut collectivement et impérativement poser un diagnostic déterminé sur le fonctionnement de nos forces de l’ordre.

Mardi matin, Nahel, un adolescent de 17 ans a été tué, dans la voiture qu’il conduisait, par un policier à Nanterre. « Une exécution », pour reprendre les mots de l’avocate de la famille de la victime, Jennifer Cambla. Et à bout portant : l’agent qui le tenait en joue par la fenêtre lui intimait des ordres qu’il n’aurait pas respectés puisqu’il avait commencé à faire avancer son véhicule. Un refus d’obtempérer qui donnerait, selon des responsables syndicaux de la police et une large partie de la droite et de l’extrême droite, une légitimité au tir fatal qui s’en est suivi.

Des vidéos sont venues contredire le récit classique des défenseurs de la violence exorbitante des forces de l’ordre. Le policier est en garde-à-vue pour homicide volontaire : l’absence de légitimité au coup de feu mortel de l’agent de l’Etat apparaît évidente.

Des jeunes et des parents, notamment dans les quartiers populaires, descendent dans la rue pour exprimer leur compréhensible et légitime colère et s’en prendre à ceux qu’ils rendent responsables de leurs maux et de leurs morts. Les heurts avec les forces de l’ordre s’étendent aux représentants de l’Etat et aux bâtiments publics : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi », « pas de justice, pas de paix ». L’impunité tant de fois constatée, cette expérience de l’injustice est une souffrance et elle justifie que des pans entiers de notre société se soulèvent pour rejeter un ordre qui les tue. Ils et elles n’acceptent pas qu’un policier qui tue puisse ne pas être inquiété sous le prétexte qu’il s’agit de l’exercice d’une violence légitime alors qu’on voit bien qu’elle ne l’est pas, qu’elle ne peut pas l’être, qu’elle est « inexplicable et inexcusable » pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron.

Cette révolte est la conséquence logique des politiques particulièrement agressives et répressives menées à leur égard. Depuis des années, et notamment depuis février 2017, l’autorisation est donnée aux policiers de faire usage de leur arme à feu lors d’un refus d’obtempérer quand les occupants d’un véhicule « sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui ». De ce fait et rien que pour l’année dernière, ce sont 13 personnes qui ont ainsi trouvé la mort. C’est le dernier cadeau empoisonné du gouvernement de Manuel Valls à la postérité.

Les relations épouvantables de la police avec les jeunes noirs et arabes dans les quartiers populaires doivent être considérées comme la cause du drame qui s’est déroulé mardi. Ces relations défiantes sont bâties autour d’un racisme systémique dont les manifestations vont croissantes dans un contexte de poussée des forces d’extrême droite. Dès lors, il s’agit d’une question collective et politique. Nous devons agir collectivement pour que cela soit connu, analysé et que des solutions soient avancées pour que jamais, de tels crimes puissent être à nouveau perpétrés.

L’unité de notre pays passe par un strict rappel à l’ordre républicain à l’égard de notre police. Ne pas sentir que nous souffrons, collectivement et chacun de nous, de ces injustices parfois mortelles, c’est passer à côté des voies et moyens pour remettre la France dans les rails de la justice et de la paix. La fermeté du pouvoir à l’égard des forces de l’ordre est le seul chemin de l’apaisement. Les porte-parole de la gauche doivent en être les promoteurs.

Pablo Pillaud-Vivien Responsable éditorial de regards.fr


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