CONSEIL NATIONAL DE PRS DES 11 ET 12 DECEMBRE 2004 Résolution politique

jeudi 14 avril 2005.
 

La victoire de Bush aux Etats-Unis comme le projet de Constitution européenne ou la politique du gouvernement Raffarin manifestent l’accélération de l’offensive libérale qui s’en prend partout aux droits sociaux et à la souveraineté populaire.

Cette offensive se développe d’autant plus que la gauche ne lui oppose pas suffisamment de résistance et d’alternative crédible. En effet, celle-ci se montre au pire complice, au mieux impuissante, comme le montrent les choix qui dominent la social-démocratie européenne sur la Constitution.

La droite est parvenue en plusieurs endroits décisifs à proposer une nouvelle hégémonie culturelle assurant sa domination, par la conjugaison du libéralisme économique avec le communautarisme, le nationalisme et l’idéologie sécuritaire. Ainsi Bush a pu conserver un appui électoral important dans les milieux populaires, tout en menant une politique ouvertement favorable aux plus riches. Cette ligne politique malheureusement fait des émules dans la gauche européenne, comme avec Tony Blair. Elle se retrouve aussi dans le contenu du projet de constitution européenne, qui proclame la suprématie de la concurrence libre et non faussée, tourne le dos à la laïcité, affirme la différence des droits pour les minorités. En France, les fondements de la République sont remis en conséquence en cause.

La gauche se montre jusqu’ici incapable de penser et de proposer une alternative globale au système actuel, comme au projet libéral-communautaire-sécuritaire que la droite lui oppose. Ceci pèse lourdement sur les capacités de résistance des salariés et des peuples. C’est tout à fait frappant dans notre pays. Alors que la France a connu un mouvement social de grande ampleur il y a seulement 18 mois, en mai-juin 2003, que les élections de mars et de juin 2004 ont été marquées par une très nette victoire de la gauche, le gouvernement de droite parvient à accélérer ses réformes. Sans un horizon alternatif pour les rassembler et les mettre en mouvement, les forces de gauche ne peuvent que se disperser et se résigner.

C’est dans ce contexte que s’est déroulé le referendum interne au sein du Parti socialiste sur le projet de Constitution européenne. La victoire du « oui » peut être utilisée par ceux qui souhaitent en finir avec « l’exception française ». Au terme d’un débat disputé en son sein, le parti socialiste français s’aligne sur les directions de la social-démocratie européenne. Les débats internes au PS ont en effet atteint une intensité sans équivalent dans les autres partis socialistes et sociaux-démocrates d’Europe. Cela tient en particulier à l’attachement historique de la gauche française au cadre républicain. Mais cela n’a pas suffi. Les partisans du « oui », confortés par les médias, relayés par des appuis au sein des organisations traditionnelles, jusqu’au cœur des organisations syndicales, ont pu l’emporter.

Cependant, l’issue du referendum dans le pays est loin d’être acquise. C’est elle qui sera décisive. Le référendum interne au PS a attiré l’attention de milliers de consciences de gauche sur le contenu du texte constitutionnel. Plus de 40 000 socialistes se sont prononcés pour le « non », contre l’avis quasi unanime des directions des partis socialistes et sociaux-démocrates d’Europe et subissant une pression médiatique inouïe. Beaucoup d’entre eux ne changeront pas à l’évidence d’avis. L’un des enjeux essentiels de la campagne est donc que le « non » de gauche puisse rassembler largement au-delà des électeurs qui se reconnaissent dans les partis politiques appelant à voter « non ». De ce point de vue, on ne pourra ignorer ni supprimer l’affirmation d’un « non » socialiste dans le pays, indispensable pour que le « non » l’emporte.

Voter oui à ce référendum, c’est ouvrir la voie d’une mise au pas de la vie politique française fondée sur une division profonde de la gauche entre un parti ouvertement social-libéral, prêt à gouverner en coalition avec le centre-droit, et des formations exclues de l’exercice du pouvoir. La victoire du Non en France donnera le signal dans toute l’Europe d’une remise en cause du nouvel ordre libéral au profit d’une véritable Europe sociale. Une victoire du non peut à l’inverse permettre à la gauche de se rassembler sur un vrai projet de transformation sociale lors des élections présidentielles et législatives de 2007.

PRS, qui rassemble des militants de tous les horizons de la gauche autour du projet de la République sociale, expliquera publiquement par tous moyens utiles les raisons pour lesquelles elle rejette ce texte lors de la campagne référendaire. Elle organisera en particulier des réunions publiques dans les départements dès janvier 2005 pour présenter le contenu de la constitution européenne et les raisons qui la conduisent à dire « non ». PRS appelle les forces de gauche à se rassembler pour la victoire du NON dans chaque région, chaque département, chaque commune. PRS défend la perspective d’une nouvelle Constitution adoptée cette fois par une Assemblée constituante pour porter la volonté alternative d’une République européenne.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message