Etat espagnol : première réflexion sur les élections du 23 juillet

lundi 31 juillet 2023.
 

Ce qui semblait être une catastrophe annoncée pour la gauche après les élections municipales et régionales [« autonómicas »] du 28 mai s’est transformé en une défaite cuisante pour les droites extrêmes du Parti populaire (PP) et de Vox le 23 juillet, les empêchant de gouverner.

Il reste à voir si une nouvelle coalition progressiste sera en mesure de gouverner et de relever le défi de s’attaquer aux problèmes sociaux et démocratiques légués par la législature précédente, cela dans un rapport de forces plus défavorable et une marge budgétaire réduite en raison de la pression exercée par l’Union européenne. Mais il est également possible que les exigences exprimées par Junts per Catalunya, dont l’abstention est essentielle pour la formation d’un gouvernement progressiste, aboutissent à contraindre à la convocation de nouvelles élections générales dans le Royaume d’Espagne avant la fin de l’année 2023.

L’échec des droites extrêmes

Alberto Núñez Feijóo [président du PP depuis avril 2022 en remplacement de Pablo Casado], le candidat du Partido Popular, ne disposait que d’une seule chance. Et il l’a gâchée. Il a obtenu 136 sièges, 47 de plus que son prédécesseur Pablo Casado, déjà oublié, en 2019, avec 33,05% des voix, et une mobilisation sans précédent de la droite, grâce au transfert des voix utiles de l’extrême droite de Vox (qui a perdu 19 sièges) et des voix orphelines de Ciudadanos (qui en 2019 obtenait encore 10 sièges, et dont personne ne regrette la disparition). Dans son discours, Alberto Núñez Feijóo a revendiqué un droit constitutionnel inexistant pour qu’on le laisse gouverner en tant que leader de la liste la plus votée. Un appel mélancolique au bipartisme dynastique, qui cache en réalité une politique d’apartheid électoral de la majorité des citoyens, et qui est mort le 1er octobre 2016 avec la crise du PSOE pour la même raison et la défenestration-résurrection de Pedro Sánchez [il reviendra à la tête du PSOE en mai 2017 et en mai 2018 il déposera une motion de censure contre Mariano Rajoy, la motion passe, et il reprendra la présidence du gouvernement le 2 juin 2018].

Mais les appels de Feijóo à gouverner avec le soutien d’un peu plus d’un quart de l’électorat n’ont jamais été son « plan A ». La configuration issue des élections municipales et régionales du 28 mars ne lui laissait que l’option d’une coalition avec Vox, bien qu’il ait même refusé de participer à tout débat où Santiago Abascal était présent. Et c’est là le point faible de son projet, malgré son soutien à l’« abolition du Sanchismo ». Un gouvernement de coalition réactionnaire de droite extrême PP-Vox , dans le sillage de la Pologne, de la Finlande ou de la Hongrie, peut difficilement représenter ce « consensus étatique » figé qui est désormais enchâssé dans la Constitution de 1978. En définitive, loin de les diviser, ce projet de coalition a mobilisé les gauches en réveillant leur instinct de survie.

Feijóo n’a pas été à la hauteur d’Isabel Diaz Ayuso [présidente de la Communauté de Madrid depuis août 2019], même à Madrid, fief de l’oligarchie rentière. Il y a perdu 7,3% des voix obtenues le 28 mai [élections municipales et régionales], soit 2 députés. Dans la dernière semaine de la campagne, il a gaspillé une grande partie de son avantage initial avec ses mensonges, l’absence du débat final et sa relation avec Marcial Dorado, dont il savait qu’il était un « contrebandier mais pas encore un trafiquant de drogue » [voir l’article d’El Pais en date du 21 juillet 2023]. Avant les règlements de compte internes au PP [la presse s’en fait déjà l’écho], il lui reste encore à avaler la pilule amère d’être nommé par Felipe VI [pour former un gouvernement], d’échouer suite à la motion de confiance sans obtenir ni les 176 votes d’élus représentant la majorité absolue, ni la simple majorité, car il est assuré que 179 députés voteront contre lui. Reste à savoir ce que fera Vox dans cette situation sans issue, après avoir été entraîné dans la chute par le vote utile [pour le PP] le plus inutile de la campagne hypocrite de Feijóo.

Vox est le grand perdant de la stratégie de Feijóo. Il n’a d’autre choix que de se retrancher dans l’extrême droite néo-franquiste, dans le sillage de la motion de censure de Tamames [1]. Ce sera un problème d’instabilité dans les gouvernements régionaux que Vox partage en tant que partenaire minoritaire avec le PP (Valence et Estrémadure) ou dans ceux que le PP ne lui a pas permis d’intégrer malgré son soutien (Baléares et Murcie).

La énième résurrection de Pedro Sánchez Après la défaite aux élections municipales et régionales du 28 mai, la convocation d’élections anticipées et les coups portés dans le débat [le lundi 10 juillet] avec Feijóo lors de la première semaine de la campagne électorale, Pedro Sánchez a su transformer la faiblesse en une vertu. Il a résisté aux assauts de la droite et a obtenu de meilleurs résultats qu’en 2019, ajoutant deux députés au groupe parlementaire du PSOE avec 31,70% des voix, soit 330 000 suffrages de moins que PP, une différence de 1,35% [respectivement 31,7% et 33,05%]. Grâce à l’aide inestimable de José Luis Rodriguez Zapatero [président du gouvernement d’avril 2004 à décembre 2011], il a réussi, au cours de la dernière semaine de la campagne, à transformer le supposé « Sanchismo » en un cri de résistance contre les droites extrêmes, en s’appuyant davantage sur l’instinct de survie des gauches que sur la revendication des succès de sa gestion à la tête du gouvernement de coalition progressiste.

Les carences de sa gestion se résument à deux aspects, voire trois, que nous avons répétés inlassablement sur le site Sin Permiso : une tentative continue d’arbitrage équilibriste entre des intérêts de classe opposés et l’inscription de sa politique dans le cadre du régime de 1978 (ainsi que dans celui du consensus de Bruxelles et de la géopolitique de l’OTAN), en dépit du fait que ces éléments étaient à l’origine des problèmes conjoncturels de gestion des multiples crises se cumulant ou qu’ils les aggravaient. La troisième, comme il est évident, a été le sur-place et la tentative de « dégonfler » plutôt que de résoudre la crise constitutionnelle en Catalogne.

Alors que les deux premiers sont à l’origine du désenchantement qui a affecté la mobilisation de la gauche jusqu’à ce qu’elle ait été appelée à se battre pour sa propre survie, le troisième a fini par éroder l’héritage politique des procès indépendantistes et par donner une majorité électorale au PSC-Partit dels Socialistes de Catalunya (+7 sièges) et à Sumar-Comuns en Catalogne (qui maintient sa position), malgré la mort de la table de dialogue [en février 2023], qui a coûté 7 sièges à l’ERC-Esquerra Republicana de Catalunya. Mais ce serait une illusion de croire que la crise constitutionnelle en Catalogne est « apaisée » ou en voie de solution : la preuve en est le blocage et la répétition des élections générales [législatives] dont Junts menace si Madrid n’ouvre pas des perspectives concrètes pour une solution démocratique à la question nationale catalane, malgré la défaite électorale subie par les trois partis indépendantistes.

Le PSOE a également réussi à mettre légèrement en minorité le PNV (Parti national basque) et Euskal Herria Bildu [« Réunir le Pays basque »] au Pays basque, établissant un équilibre à trois dont le gestionnaire le plus fiable est EH-Bildu. Le PSOE a également gagné un siège, bien qu’il ait été dépassé par le PP, à Madrid, aux Baléares, aux Canaries, en Navarre, en Cantabrie et à Valence. Ses échecs les plus inquiétants et les plus importants sont la perte de quatre sièges en Andalousie et de trois en Galice, où les majorités caciques du PP sont consolidées, comme en Castille-Léon. En Castille-La Manche, le bloc PP-Vox se renforce nettement face au PSOE, sans que Sumar gagne un seul siège, et il en va de même en Estrémadure et en Aragon.

La conclusion de ces données est que le rapport de forces du PSOE avec les droites sociales et politiques continue à se détériorer et qu’il dépend de plus en plus des autres forces du bloc progressiste, à commencer par Sumar, pour maintenir son hégémonie. Cela renforcera les contradictions de l’arbitrage équilibriste de Sánchez, qui étaient déjà manifestes dans le premier gouvernement de coalition progressiste, en particulier à l’horizon du tournant de l’austérité dans la mise en œuvre du Pacte budgétaire européen [Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance – TSCG] et de l’évolution de la guerre en Ukraine.

Sumar L’archéologie de la naissance de ce qui est devenu Sumar, une coalition électorale de plus de 15 organisations régionales à la gauche du PSOE, en partie issue de la crise de Podemos, remonte à la désignation par Pablo Iglesias de Yolanda Díaz [ministre du Travail] comme candidate de Unidas Podemos lorsqu’il a quitté le gouvernement en mars 2021 [2].

La transformation d’une coalition en une autre [ici Sumar] a été déterminée par le bilan de leur conduite au sein du gouvernement de coalition progressiste des différentes composantes de Unidas Podemos, à commencer par celle du vice-président Pablo Iglesias lui-même et celle de Yolanda Díaz au ministère du Travail. Mais les controverses générées par des mesures comme le revenu minimum d’existence et surtout celle de la « ley del solo si es si » (loi « oui c’est oui ») [présentée par Irene Montero et dont la malfaçon technique apparut vite], ainsi que l’absence de consensus sur le modèle de coalition qui devait remplacer Unidas Podemos, ont retardé la mise en œuvre du dispositif de coalition [l’affirmation publique de Sumar comme participant aux élections ne se fera qu’en avril 2023].

Cela a commencé avec le « processus d’écoute » [initié en été 2022] et les commissions de rédaction programmatique au début de 2023, ne permettant pas de présenter des candidatures unitaires aux élections municipales et régionales du 28 mai. Sumar continue donc d’être une coalition confédérale, avec une petite organisation « de coordination » du même nom, qui doit exercer des tâches de direction politique depuis le groupe parlementaire, tout en développant de nouvelles structures démocratiques et en coordonnant celles qui existent déjà au niveau régional, en donnant une cohérence à l’ensemble de l’espace politique à la gauche du PSOE.

Les résultats des élections ont permis – malgré la pression du vote utile pour le PSOE et le manque de temps pour mobiliser un très large éventail de sensibilités – de constituer Sumar comme un partenaire de coalition progressiste incontournable et un relais possible entre le PSOE et la gauche souverainiste basque, catalane et galicienne. Bien qu’ayant un soutien de syndicats tels que les Commissions ouvrières (CCOO) et l’UGT, le reflux des mobilisations sociales s’exprime encore par une baisse du nombre de voix (680 000) et de sièges (7) par rapport à ceux obtenus par le même espace politique (Unidas Podemos) en 2019.

Sumar est donc un projet complètement ouvert à partir de l’héritage reçu. Il devra faire un bilan commun, éviter les tendances centrifuges et développer son programme, conçu comme un programme de réformes et de gouvernance pour la défense des intérêts immédiats des classes populaires et des minorités. Dépasser cet « économicisme » initial et lui donner un contenu politique démocratique qui réponde aux problèmes structurels du régime de 1978 – en contrecarrant sur la gauche les pressions que le PSOE reçoit de la droite – est peut-être l’un des défis les plus importants de ce qui se veut un « nouveau travaillisme » (« laborismo »),une social-démocratie radicale dans une période non-révolutionnaire.

Sa capacité à offrir un espace unitaire pluriel à tous les courants de la gauche sera aussi importante que sa capacité à établir des relations avec les mouvements sociaux, en respectant leur autonomie mais en défendant et en projetant leurs luttes dans l’arène parlementaire. Dans ce processus de construction, il a l’exemple du Bloco de Esquerda portugais ou du PSOL brésilien, mais avec les difficultés inhérentes à un Etat plurinational dont l’articulation démocratique est encore en suspens.

Indépendants et souverainistes

Toute analyse des résultats est incomplète si l’on ne tient pas compte des résultats en Galice, en Euskadi et en Catalogne. Pour la raison évidente, comme nous l’avons souligné au début, que la non-répétition des élections [avant fin 2023] dépend de l’abstention de Junts et de la formation d’un nouveau gouvernement PSOE-Sumar.

En Galice, le renforcement du PP avec trois sièges supplémentaires s’accompagne de la même chute du PSG (Parti socialiste galicien). Mais Sumar et BNG (Bloc nationaliste galicien) maintiennent leurs résultats de 2019, avec le transfert de 1% des voix du premier vers le second.

Au Pays basque, le PSE (Parti socialiste du Pays basque) obtient 14 000 voix de plus que le PNV, qui perd un siège, et EH-Bildu, en pratique dans une égalité tripartite. Sumar ne conserve qu’un des trois sièges de Unidas Podemos et le PP gagne un autre siège. En Navarre, EH-Bildu conserve le siège qu’il avait, mais le vainqueur est une fois de plus le PSN (Parti socialiste de Navarre), bien qu’il soit mis en minorité par les partis de droite divisés du PP, de l’UPN (Unión del Pueblo Navarro) et de Vox, bien que seuls les deux premiers gagnent des sièges.

En Catalogne, les rapports de forces ont connu un changement majeur, le PSC remportant sept élus. Sumar-Comuns s’est maintenu [par rapport à 2019]. Avec le PSC, ils totalisent 48,52% des voix. Après la controverse sur le droit de décider et le rôle de la table de dialogue avec une éventuelle consultation ultérieure sur l’accord conclu, la différence avec la somme des résultats des trois forces indépendantistes (26,60%) est très significative. L’ERC perd 7 élus et Junts 1, tandis que la CUP (Candidatura d’Unitat Popular)perd sa représentation par un petit pourcentage. Le PP passe de 4 élus à 6, et avec les 2 sièges détenus par Vox, ils totalisent 21,10%.

La capacité de négociation de Junts (sur la question gouvernementale) est davantage le résultat de l’instabilité du résultat électoral global, de la polarisation sociale gauches-droites dans tout le royaume d’Espagne, que le résultat de sa propre force ou le reflet d’un processus de souveraineté populaire qui est clairement en déclin et dont l’alternative politique au cours de la dernière période a été l’ERC. Le blocage de Carles Puigdemont (Junts) a pour objectif prioritaire de récupérer l’hégémonie que lui a subtilisée ERC, en rentabilisant le reflux des « procés » indépendantistes, et seulement en second lieu d’améliorer le rapport de forces avec le gouvernement central progressiste, parce que ce dernier ne dispose pas d’un rapport de forces favorable face à la droite ni pour engager une réforme constitutionnelle, ni pour empêcher l’action autonome d’un Tribunal suprême aux mains de la droite contre les exilés [Puigdemont est en exil en Belgique]. Etant donné que la campagne de la droite extrême contre le « Sanchismo » s’est structurée précisément sur cette question, en s’appuyant sur le nationalisme espagnol, dès lors la marge de manœuvre du PSOE et de Junts, pour des raisons qui leur sont propres, est si étroite qu’il est difficile d’envisager un accord qui n’aboutirait pas à de nouvelles élections. D’autant plus que les dernières actions du juge Llarena de la Cour suprême sont récentes [le Tribunal suprême a dicté ce 24 juillet un ordre de recherche et d’arrestation, avec une dimension européenne, contre Carles Puigdemont et contre ex-conseiller Toni Comín].

Frankenstein contre Nosferatu : la fin du bipartisme dynastique

Les élections du 23 juillet ont exprimé une polarisation de classe sans précédent depuis la Seconde République, même si les éléments de classe ne s’expriment pas toujours consciemment ou clairement. Les appels à soutenir la liste la plus votée de Feijóo, laissant la majorité des électeurs et électrices des autres options politiques sans représentation, peuvent représenter un appel mélancolique et inutile à reconstruire le bipartisme dynastique – entre le PP et le PSOE – qui a alterné au gouvernement, avec le soutien extérieur de CiU (Ciudadanos) et même du PNV, lorsque cela était nécessaire. Le centre-droit a remplacé le centre-gauche, avec le soutien externe occasionnel du centre-droit catalan et basque.

Comme nous l’avons déjà souligné, ce bipartisme est mort, expression de la crise politique du régime de 1978. La polarisation des classes est ce qui alimente actuellement le vote utile autour de deux partis – un bloc de droite, un bloc de gauche –, reflétant précisément le contraire d’un système bipartite, système qui a tenté de construire un « consensus étatique » autour de la Constitution de 1978 et de sa monarchie afin d’éviter une telle configuration de polarisation.

Cette différence entre bipartisme et polarisation [avec les deux blocs], bien qu’elle ait eu et ait encore comme principaux protagonistes le PP et le PSOE, est le reflet politique des transformations sociales et économiques qui ont miné la petite bourgeoisie traditionnelle suite à la modernisation et la prolétarisation du secteur des services, qui est dominant dans notre économie. En conséquence, le centre politique s’est rétréci et lorsqu’il a été artificiellement reconstruit, comme dans le cas de Ciudadanos, il s’est appuyé sur la radicalisation du nationalisme espagnol, dont le principal bénéficiaire a été Vox.

Bien qu’il soit resté en retrait pendant la campagne, l’ancien secrétaire d’Etat à la culture du PP, José María Lassalle, a le mieux illustré cette polarisation dans une image de la culture populaire. Contre le gouvernement progressiste de Frankenstein, l’alternative d’un gouvernement réactionnaire de Nosferatu.

Dans la tradition romanesque qui a façonné les deux personnages, Frankenstein est un monstre reconstruit à partir de morceaux de cadavres de prolétaires, ramené à la vie par un scientifique fou mais bien intentionné grâce à l’électricité concentrée d’un éclair. Frankenstein se réveille pour émerger à la lumière du jour et contribuer à la construction d’un monde nouveau. Il est le « nouveau Prométhée » qui se heurte au rejet et à l’incompréhension de ceux qui s’accrochent au mal existant, incapables, comme Frankenstein, de se défaire de leurs chaînes.

Dans la même tradition, Nosferatu est un seigneur de la nuit qui fuit la lumière du jour, incapable de la supporter, qui vit de ses privilèges féodaux en suçant le sang de ses malheureux serviteurs, aussi bien au sens figuré, par l’extraction de leurs rentes de la terre, qu’au sens propre. C’est l’exemple de ce que les révoltes et les révolutions depuis le XVIIe siècle ont voulu laisser derrière elles et contre lequel la révolution de 1848, à laquelle Marx et Engels ont participé, s’est ouvertement opposée.

Nosferatu a été vaincu au dernier moment dans ces élections du 23 juillet. Mais il n’est pas mort, car pour cela il faut lui enfoncer un pieu dans le cœur. Il sera peut-être bon de s’en souvenir dans les mois à venir.

Gustavo Buster, Daniel Raventós et Miguel Salas

• Article publié sur le site Sin Permiso, le 25 juillet 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre :

https://alencontre.org/europe/espag...


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