La rupture de Cécilia et de "l’homme blessé" Nicolas Sarkozy

dimanche 4 novembre 2007.
 

Ne négligeons pas l’événement tant il s’apparente à une prise d’otages. Celle d’une opinion, ramenée au rôle de voyeuse, plus ou moins consentante, des péripéties conjugales du Prince dont elle s’est majoritairement dotée depuis le 6 mai dernier. Le Point, promu au rang (peu enviable pour ses journalistes) de nouvelle Pravda d’un Empire qui voudrait substituer la propagande à l’information, nous révèle, dans sa dernière livraison, les dessous d’une assez sordide opération, pour peu que l’on prenne le temps de bien lire la vingtaine de pages consacrées au divorce de Nicolas et Cécilia.

Premier message délivré, par deux plumes vedettes du magazine, Sarkozy, en sa souffrance muette et son hyperactivité compensatrice, est « un homme blessé » mais « qui porte beau » (nous voilà rassérénés, il y a un pilote dans l’avion...). Deuxième message, comme en réponse du berger à la bergère, en l’occurrence de l’époux « délaissé » à celle qui se répand en confidences dans les gazettes, la séparation aurait été inscrite dans le tempérament volcanique de la dame : « Chez cette femme, née de père russe et de mère espagnole, le regard, souvent, questionnait au loin - en elle, hors d’elle - une insoluble énigme » (cette fois, c’est l’éditorialiste en personne, Claude Imbert, qui monte au filet).

Dernier message, l’étalage de cette rupture serait le signe d’une modernisation de notre démocratie (oui, vous ne rêvez pas...). Là, c’est l’autre signature renommée de l’hebdo, Bernard-Henri Lévy, qui y va de son couplet à prétention philosophique : « Sarkozy [...] est le premier à afficher sa vulnérabilité, son corps, sa sueur quand il fait du jogging, ses humeurs, ses impatiences et, comme aujourd’hui, son désarroi d’être là, de sujet faillible et mortel. [...] Le fait est là. Et, avec lui, un nouveau pas dans la laïcisation - nécessaire - de l’espace public et politique. »

Pour le coup, une fois n’est pas coutume tant les divergences nous séparent sur le Proche-Orient, on trouvera à Élie Barnavi des accents de dignité lorsqu’il souligne, petite voix isolée dans ce concert lamentable : « La France était jusque-là un pays civilisé et la presse y avait une certaine conception de la politique. Qu’elle se mette à parler de faits dont elle ignore tout n’est pas très glorieux »...

Christian Picquet


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