Dubai : quand les esclaves à 3 € par jour se révoltent.

dimanche 4 novembre 2007.
 

Venus d’Asie du Sud, ils travaillent pour des salaires de misère dans une ville connue pour ses richesses. Ils sont en grève depuis dimanche 28 octobre.

Du jamais-vu à Dubai, cette ville du Golfe connue pour ses gratte-ciel d’avant-garde, ses résidences luxueuses et ses archipels d’îles artificielles : des milliers de travailleurs de la construction, pour la plupart originaire d’Asie du Sud, ont entamé, depuis dimanche, une grève pour protester contre leurs conditions de vie et de travail et pour réclamer de meilleurs salaires.

Depuis des décennies, Dubai a connu un véritable boom dans la construction grâce aux investissements de ses riches voisins pétroliers et à la venue de légions de travailleurs asiatiques jamais syndiqués, malléables et corvéables à merci, acceptant des salaires indigents, tétanisés par la peur d’être expulsés et de retrouver la misère de leur pays d’origine. La situation est devenue pourtant tellement insupportable que ces esclaves des temps modernes se sont rebellés.

Provoquant le courroux du ministre du Travail, l’émir Ali ibn Abdullah al Kaabi qui les a décrits comme « non civilisés », dénonçant leur attitude en contradiction avec la sécurité nationale et mettant en danger celle des résidents de Dubai.

Il en fallait pourtant pour que ces anonymes, dont on ne parle jamais, donnent de la voix et lancent des pierres sur les camions de la police qui les encerclaient dans la zone industrielle du Jebel Ali, où se trouve leur camp. Les salaires n’ont jamais suivi la hausse du coût de la vie malgré leurs demandes. À tel point que plus rien ou presque ne les retient à Dubai.

En juin, le gouvernement a offert un billet d’avion sans retour aux travailleurs illégaux qui souhaitaient partir. Près de 280 000 d’entre eux, qui en avaient sans doute assez des bas salaires et de cette vie misérable, ont sauté sur l’occasion. Ils savent aussi que les projets pharaoniques nécessitent des bras et que les employeurs, à ce compte-là, ont de plus en plus de mal à flouer des populations bien au courant et d’autant moins enclines à partir que les conditions économiques s’améliorent dans leur propre pays, comme en Inde.

Les compagnies sont maintenant forcées de se tourner vers la Corée du Nord et le Tibet. « Nous travaillons dur pour rien et il n’y a aucune raison de continuer ainsi », résume Mohammed Hussein, un travailleur du Bangladesh.

P. B.


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