Inflation – Les entreprises profitent de la crise, 50% des Français connaissent une situation de privation

vendredi 10 novembre 2023.
 

La hausse des marges des entreprises révélée par l’Institut la Boétie en 2022 se poursuit en 2023. En cause : des salaires qui ne suivent pas l’inflation et des entreprises qui ne répercutent pas la baisse des prix des matières premières.

Conséquence : le taux de pauvreté, le nombre de gens qui doivent se priver de biens ou de services essentiels, au plus haut en 2022 continue sa hausse en cette fin d’année 2023. Le Secours populaire alerte sur « une situation extrêmement préoccupante de par l’intensité de la pauvreté et de l’ampleur de la population touchée ».

Toutes les associations de lutte contre la pauvreté sont unanimes. La « sortie de crise inflationniste » annoncée par Bruno Le Maire n’est toujours pas à l’ordre du jour, et reste, à ce stade, un effet d’annonce. « Ça craque de partout », a estimé auprès de l’AFP Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe quelque 800 associations de lutte contre la précarité. Sur les routes, les caravanes populaires insoumises ont fait le même constat. Notre article.

En 2023, les super-profits de l’oligarchie continuent d’alimenter l’inflation… En avril 2023, l’Institut La Boétie révélait que l’inflation était majoritairement causée par la hausse des taux de marge des entreprises en 2022. Certaines entreprises, dans le transport, l’agro-alimentaire ou l’énergie, ont profité de la crise pour augmenter leurs prix au-dessus de la hausse des prix des matières premières. Parfois beaucoup plus. À tel point que la fondation insoumise démontrait que, pour le secteur de l’alimentation, plus de la moitié de l’inflation s’explique par ces super-profits.

Et en 2023 ? Le constat est le même. Emmanuel Macron ne fait rien pour empêcher les profiteurs de crise de se gaver, au contraire. Rien non plus pour diminuer les files d’attente de distribution alimentaire, au contraire.

Cette fois-ci, c’est Alternatives économiques qui publie une infographie démontrannt que les marges des entreprises continuent d’augmenter. Contrairement à ce qui se passait lors de toutes les grandes crises depuis la Seconde guerre mondiale.

…le peuple a toujours plus de difficulté pour s’alimenter convenablement

Le taux de pauvreté atteignait déjà un niveau historiquement haut en 2022 avec 14% de personnes en situation de privation matérielle ou sociale, c’est-à-dire qui ne peuvent pas couvrir les dépenses pour au moins cinq éléments de la vie courante parmi treize, comme pouvoir se nourrir correctement, chauffer son logement à la bonne température, s’acheter des vêtements neufs, accéder à Internet ou se réunir avec des amis autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois.

Cette hausse des marges en 2023 maintient artificiellement la hausse générale des prix à 4% en octobre 2023. Les salaires et les montants des revenus de solidarité ne suivent pas. Cette situation fait craindre une nouvelle explosion de la pauvreté. C’est à un tel point qu’en août, même le PDG de Carrefour alertait sur « un phénomène massif de privation ».

En septembre, le Secours populaire commence sa présentation du baromètre de la pauvreté par ces mots : « C’est l’alerte rouge, couleur de la souffrance »

Inflation de dividendes : à quand la fin de la récréation pour les profiteurs ? Les uns se serrent la ceinture, les autres se gavent. L’inflation des dividendes en France est un sport olympique. Entre avril et juin 2023, les dividendes ont augmenté de 13,3%. Ils ont bondi de 46 milliards d’euros en trois mois. Ils représentent 30% de l’ensemble des dividendes versés à l’échelle du continent européen. Alors la question se pose légitimement : pourquoi ne pas les taxer ainsi que les superprofits du secteur de l’alimentation ? On le sait, les économistes le disent, qu’ils soient libéraux ou non : la hausse des tarifs alimente les profits.

Pour être plus précis, d’après les calculs de l’économiste Sylvain Billot, environ 40% de l’augmentation des tarifs du secteur alimentaire a en fait alimenté les profits du même secteur depuis fin 2021. L’inflation n’est rien autre qu’un impôt privé, une sorte de braquage permanent et légal dans l’État néolibéral. Elle est de ce fait un accélérateur de la lutte des classes : lorsqu’elle s’envole, le capital s’approprie les marges. Elle révèle et accélère ainsi les profondes inégalités de répartition entre le travail et le capital, comme l’Insoumission.fr avait pu déjà vous le montrer.

Blocage des prix, hausse des salaires, gel des loyers : à quand l’application des propositions de La France insoumise ?

Des solutions existent et sont martelées par les insoumis depuis plus de deux ans. À quand le blocage des prix ? À quand l’indexation des salaires sur l’inflation ? À quand le gel des loyers ? À quand la hausse du SMIC à 1600 euros nets ? Lorsqu’elles ont été proposées à l’Assemblée nationale par les députés insoumis, les députés de la minorité présidentielle comme ceux du Rassemblement national ont voté contre, main dans la main. Ces derniers osent parler (très rarement) de « pouvoir d’achat » et font du double langage une profession. Leurs votes, eux, ne mentent pas et traduisent leur vraie nature : des escrocs en bande organisée.

Par Ulysse


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