Climat : moins de six ans avant qu’il ne soit trop tard

jeudi 9 novembre 2023.
 

Dans quelques années, les émissions mondiales de carbone pourraient franchir un seuil critique, alertent des chercheurs. Plus précisément, six années nous restent pour inverser la tendance et réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.

Une récente étude indique que nous approchons dangereusement de notre "budget carbone" limite. Celui-ci se définit comme la quantité de dioxyde de carbone que nous pouvons encore rejeter tout en évitant un réchauffement planétaire de 1.5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Les scientifiques indiquent que si les émissions se poursuivent au rythme actuel, nous franchirons ce seuil avant la fin de la décennie.

Selon les calculs, à partir de janvier, émettre plus de 250 gigatonnes de CO2 entraînerait un dépassement de la limite de 1.5°C. Robin Lamboll, chercheur au Centre de Politique Environnementale de l’Imperial College de Londres, confirme cette urgence : "La fenêtre se referme rapidement."

En 2015, les dirigeants de 196 pays ont signé l’Accord de Paris, traité juridiquement contraignant visant à limiter l’augmentation de la température mondiale en deçà de 2°C. L’accord souligne qu’une limitation à 1.5°C aiderait à prévenir les impacts les plus graves du changement climatique.

Les humains émettent près de 40 gigatonnes de CO2 chaque année. Sans réduction de ces émissions, notre budget carbone restant pour rester sous 1.5°C sera épuisé en six ans, selon les chercheurs.

Cette étude repose sur des données du récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, avec des méthodes révisées pour prendre en compte les émissions actuelles et historiques d’aérosols. Ces particules peuvent refléter la lumière du soleil et refroidir le climat, compensant partiellement le réchauffement dû aux gaz à effet de serre.

Les chercheurs ont réduit de moitié l’estimation du budget carbone restant pour rester en deçà de 1.5°C. Ils calculent aussi que nous disposons de 1200 gigatonnes de CO2 avant d’atteindre la limite de l’Accord de Paris de 2°C, un budget qui sera épuisé dans les deux prochaines décennies si aucune mesure n’est prise.

Ces estimations comportent d’importantes incertitudes, notamment concernant les effets d’autres gaz à effet de serre comme le méthane. L’absorption de CO2 par une végétation croissante dans certaines régions pourrait compenser une partie du réchauffement, tandis que des changements dans la circulation océanique et la fonte des calottes glaciaires pourraient accélérer le réchauffement.

Face à ces incertitudes, la nécessité de réduire rapidement les émissions devient criante. Chaque fraction de degré supplémentaire compliquera la vie sur Terre, insiste Robin Lamboll.


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