Inflation – A l’Assemblée, les macronistes manœuvrent contre la proposition LFI sur le contrôle des prix

jeudi 7 décembre 2023.
 

Inflation. Hier, de 9h à minuit, les députés insoumis étaient maîtres de l’ordre du jour à l’Assemblée nationale dans le cadre de leur « niche parlementaire ». A la clé, deux victoires significatives ont été arrachées aux députés macronistes malgré leur forte obstruction. Le matin, le député LFI Jean-Philippe Nilor a fait adopter sa commission d’enquête sur les risques naturels majeurs en Outre mer : une « victoire arrachée aux macronistes qui se sont opposés jusqu’au bout » a t-il confié au micro de l’Insoumission.fr à la sortie de l’hémicycle. Une victoire aussi significative pour « sauver des vies humaines menacées par l’effondrement climatique » a déclaré le député d’Outre-mer. Tard dans la soirée, les insoumis ont de nouveau pris de court la minorité présidentielle : le texte de Danièle Obono pour la réouverture des accueils physiques a été adopté : « une belle victoire après des mois de mobilisation populaire » a saluée la députée insoumise.

Dans la journée, un autre texte insoumis très gênant pour les députés de droite était examiné à l’Assemblée : imposer la baisse des prix des aliments et du carburant par l’encadrement des marges des industriels, de la grande distribution tout en prévoyant des prix planchers pour les agriculteurs afin de leur assurer une meilleure rémunération. Porté par le coordinateur LFI Manuel Bompard, le texte était à deux doigts de l’adoption définitive. Les articles qui le composent ont tous été votés et adoptés !

Craignant un revers imminent, les députés macronistes et LR ont manœuvré, appelant au secours des députés de leurs rangs afin que ces derniers rappliquent expressément en séance pour rejeter cette loi au mépris de la souffrance des 10 millions de pauvres que compte le pays et malgré les alertes de la veille de 4 grandes associations de consommateurs enjoignant Macron à mettre fin aux marges excessives des industriels.

Dans les débats, dépassés par le niveau argumentaire insoumis, les députés macronistes ont convoqué la caricature, invoquant le « Venezuela » et « Poutine » pour balayer les propositions d’urgence sociale. Au total, il n’aura manqué que six voix pour l’adoption du texte. Parmi les absents : Olivier Faure et Fabien Roussel, pourtant élus sur le programme de la NUPES qui prévoit les mêmes mesures que celles défendues dans la loi insoumise. Notre brève.

Inflation : les macronistes protègent les industriels au détriment du peuple

Alors que macronistes et LR avaient supprimé tous les articles de cette loi la semaine passée en commission, les insoumis sont parvenus, dans l’hémicycle à les rétablir l’un après l’autre.

L’Assemblée nationale a ainsi adopté coup sur coup les amendements de LFI fixant des prix plancher pour les agriculteurs, l’encadrement des marges des industries agroalimentaires, puis du raffinage et enfin, encadrant les marges de la grande distribution. De vraies victoires populaires, pour la première fois depuis longtemps dans cette Assemblée sans cesse bafouée par le 49.3.

Les macronistes ont alors fait le choix de l’obstruction, multipliant les amendements inutiles de dernière minute. Leur seul but ? Ralentir les débats et éviter le vote final sur l’ensemble de la proposition de loi, multipliant les prises de parole caricaturales, convoquant le « Venezuelaaaaa » et Poutine – avec beaucoup d’originalité – pour gagner du temps. Ils ont procédé à cette manœuvre jusqu’à faire revenir suffisamment de leurs députés, pourtant totalement absents des débats, pour rejeter l’ensemble du texte par 168 voix contre 162.

Les macronistes sont du côté des profits des grandes entreprises. Avec le reste de la droite, ils sont partisans de l’attente : attendre que « Bruno (Le Maire) demande », satisfaits de leur inaction tant sociale qu’environnementale.

Il est pourtant urgent d’agir pour à la fois protéger les revenus des agriculteurs et pour protéger le pouvoir d’achat des Français frappés par une inflation galopante nourrie par les marges excessives des entreprises. La veille de l’examen de la loi insoumise, 4 associations de consommateurs enjoignant Emmanuel Macron, par une lettre, à mettre fin aux marges excessives des industriels et de la grande distribution.

L’inflation est largement alimentée par les profits des entreprises. Selon le Fonds monétaire international, « les profits représentent 45% de la hausse des prix depuis début 2022 » au sein de la zone euro. Pendant que les prix des produits alimentaires ont augmenté de plus de 20% en 2 ans, le taux de marge des industries agroalimentaires a augmenté de 71% en un an et demi, contribuant pour 49% à la hausse des prix.

Pour aller plus loin : Inflation – La France, championne de la hausse des prix en Europe

Cette inflation et ces marges sont à l’origine d’une explosion de la précarité, avec des Français de plus en plus nombreux (1 sur 6 contre 1 sur 10 en 2016) déclarant ne pas pouvoir manger à leur faim.

C’est pourquoi les parlementaires insoumis proposaient hier de plafonner les marges tout en protégeant les revenus des agriculteurs par des prix planchers.

Ces propositions sont plébiscitées. 90% des Français sont favorables à l’encadrement des marges de la grande distribution. 103 ONG de protection des consommateurs et de l’environnement le revendiquaient le 31 octobre dernier. 88% des Français sont favorables à l’encadrement des marges du raffinage pétrolier. 87 % sont favorables à l’encadrement des marges des industries agroalimentaires. Et 88 % des Français sont favorables à l’instauration par la loi d’un prix plancher (minimum) pour l’achat des matières premières agricoles aux producteurs !

Cette idée n’a donc rien de marginale. Dans les faits, la droite proposait l’encadrement des marges de la grande distribution il y a tout juste une dizaine d’années : en 2011, Christian Estrosi, Eric Ciotti, ou encore l’actuel ministre macroniste Philippe Vigier cosignaient une proposition de loi visant à plafonner à 20% la marge des entreprises de la grande distribution. Aujourd’hui, le rejet du texte de leur part est un symptôme de leur recroquevillement idéologique, et d’un mépris toujours plus assumé pour les millions de familles prises à la gorge par l’inflation.


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