10 juillet 1940-19 décembre 2023

mercredi 27 décembre 2023.
 

L’extrême droite en rêvait, la droite l’a écrite et la Macronie l’a votée : la loi Immigration. Ou quand Emmanuel Macron entraîne la France dans la honte et la déchéance.

La Commission mixte paritaire a donc accouché de son texte sur l’Immigration et l’Assemblée nationale l’a adopté avec une majorité Renaissance, ses alliés Horizons et Modem, une partie de LIOT, et l’ensemble des voix des députés LR et RN.

Il faudrait faire la liste de toutes les horreurs mais, il faut choisir, et on ne parle ici que d’un seul point, peut-être le plus symbolique de la déchéance du gouvernement et des députés dits républicains. Le nouvel article 19 indique que pour bénéficier des allocations familiales « l’étranger non ressortissant de l’Union européenne » doit « résider en France depuis au moins cinq ans au sens de l’article L. 111-2-3 ou justifier d’une durée d’affiliation d’au moins trente mois au titre d’une activité professionnelle en France ». On peut donc imaginer, par exemple, qu’un enfant né en France de parents israéliens juifs s’établissant en France, et dont l’un des parents est né en France — cet enfant étant donc Français du fait du double droit du sol — n’aura pas les mêmes droits qu’un autre enfant français. Dans ce cas, le statut des Juifs de 1940 sera, en quelque sorte, remis au goût du jour : des enfants français juifs seront discriminés par rapport aux autres enfants français. Ce point est tellement clair que la députée communiste Elsa Faucillon a cité dans ses deux interventions à l’Assemblée avant le vote le fait qu’on allait discriminer des enfants français, ce qui n’a pas gêné la majorité de l’Assemblée.

L’Assemblée nationale, en votant cette loi de la préférence nationale aboutissant, entre autres, à la discrimination envers des enfants français, avec en prime ses conséquences antisémites attendues, s’est déshonorée comme les députés français se sont déshonorés le 10 juillet 1940 en votant les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, ouvrant la porte à la préférence nationale de l’époque, au statut des Juifs et aux autres horreurs. Comme le Maréchal Pétain, le gouvernement a offert la République à l’extrême droite – LR n’étant plus qu’une des succursales du RN – et, comme le Maréchal Pétain, il s’est déshonoré, couché, vautré en acceptant la première loi de « préférence nationale » depuis l’Occupation. Le président du groupe LR a prévenu que « pour aller jusqu’au bout, il faudra dénoncer un certain nombre de traités et modifier la Constitution ».

Le 10 juillet 1940, les députés communistes étant déchus, 80 députés, pour l’essentiel une partie de la gauche non communiste, refusèrent les pleins pouvoirs à Pétain. Combien dans notre Assemblée, à part à gauche, ont-ils refusé la « victoire idéologique » de l’extrême droite hier ? Bien peu, mais ce fut leur honneur. Les autres ont commencé à enterrer la République : la Gueuse, comme certains disaient.

Martial Villefort


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message