La réforme des régimes spéciaux est dirigée contre l’ensemble du salariat

vendredi 16 novembre 2007.
 

La réforme des régimes spéciaux est dirigée contre l’ensemble du salariat. Cette réforme n’apportera aucun changement au financement des retraites du régime général. Le montant des retraites des régimes spéciaux représente aujourd’hui environ 4 % du montant global des retraites mais avec la politique d’embauche (ou plutôt de non-embauche) des entreprises publiques depuis plus de 30 ans, le montant des retraites des régimes spéciaux ne représentera plus que 1,62 % du montant global des retraites dans 20 ans. Comme il faudra bien payer, de toute façon, payer une retraite aux cheminots ou aux électriciens, même si Sarkozy gagne, c’est au plus 0,3 à 0,4 % du montant global des retraites qui reviendront au régime général.

Vouloir faire croire que ces 0,4 % résoudrait le problème du financement des retraites est une supercherie. Ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan.

Cette supercherie a pourtant une fonction : dresser les uns contre les autres les salariés du privé, du public, des régimes spéciaux pour aligner leurs retraites vers le bas.

La preuve de ce que j’avance là a été faite en 2003. Cette année là, les salariés de la fonction publique ont perdu et Fillon a imposé sa contre-réforme des retraites. Quel est le résultat ? En 2011 ou 2012, tous les salariés, du privé comme du public devront cotiser 41 années pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Les salariés du privé n’ont rien gagné à la défaite des salariés du public, il y ont, au contraire, perdu un an de cotisation. En attendant mieux (ou plutôt pire) : 2 ou 3 ans en 2020.

Il en ira de même si les salariés des régimes spéciaux perdent la bataille contre Sarkozy. Ce que la nouvelle contre-réforme des retraites (prévue par la loi Fillon en 2009) imposera ce sera la retraite à 61 ans ou 62 ans qu’exige le Medef. Ce qui signifie que, même avec vos 182 trimestres de cotisation, il vous aurait fallu attendre 61 ans ou 62 ans pour partir en retraite. Une honte !

Aujourd’hui, beaucoup de salariés en retraite ou proche de la retraite estiment qu’ils n’ont plus rien à perdre. Ils ont tort. Si dans 5 ou 6 ans, les jeunes salariés s’aperçoivent que la retraite qu’on leur prépare est une misère, ils n’accepteront plus de payer des cotisations pour ceux qui seront alors à la retraite. La solidarité entre générations sera brisée. La Droite s’appuiera sur cette aspiration pour diminuer sévèrement le montant des retraites et permettre aux banques et aux assurances de placer leurs fonds de pension.

Nous sommes tous concernés, salariés en formation, salariés ou retraités par la bataille qui s’engage sur les retraites. Si les salariés des régimes spéciaux gagnent contre Sarkozy, la possibilité d’une retraite correcte pour tous subsistera. Dans le cas contraire, c’est le Royaume-Uni qui se profilera : les petits boulots jusqu’à 70 ans et la misère, de toute façon, pour la grande majorité des retraités.

La France est riche, les profits des grandes entreprises sont colossaux et augmentent dans des proportions effarantes tous les ans. Les 15 milliards d’euros annuels de réduction d’impôt accordés par Sarkozy aux plus riches représentent plus que le déficit annuel de la Sécurité sociale. C’est les profits des entreprises qu’il faut taxer (en augmentant les cotisations sociales patronales) pour financer les retraites, car c’est la que se trouve la richesse et la solution.

Oui, il faut l’égalité entre les retraités, mais c’est vers le haut qu’il faut le faire en imposant à la Droite et au Medef 37,5 annuités pour tous les salariés, privé, public, entreprises publiques. C’est la seule durée qui corresponde à la réalité : la durée moyenne d’une carrière dans le privé est inférieur à 37 ans. Toute augmentation de la durée de cotisation au-delà de ces 37 ans revient à baisser le montant des retraites, malgré les affirmations hypocrites de Sarkozy et Fillon.

Avec la réforme Balladur (dont vous soulignez à juste titre les dégâts), les réformes des régimes complémentaires, la réforme Fillon, c’est plus de la moitié des salariés qui se retrouveront sous le seuil de pauvreté dans 25 ou 30 ans.

Nous pouvons encore éviter cette catastrophe en nous mobilisant aux côtés des salariés des entreprises publiques qui, en défendant leur retraite, défendent la retraite de tous les salariés, de tous les retraités.

Cordialement,


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