Vague de froid – Des députés LFI passent la nuit aux côtés de sans abris et exigent la réquisition des logements vides

mercredi 24 janvier 2024.
 

« Je suis choquée qu’Emmanuel Macron n’ait pas dit un seul mot pour les personnes mortes à la rue depuis le début de l’année », a déclaré, dans un froid glacial Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire insoumis au campement Solferino à l’issue de la conférence de presse d’Emmanuel Macron. Avec son collègue William Martinet, les deux députés LFI ont passé la nuit aux côtés d’une trentaine de familles sans abris au campement de Solferino installé par l’association Droit au logement (DAL). Un campement devant un immeuble où 80% des logements sont vides de manière durable.

Comme ces familles du campement, ils sont près de 330 000 en France à vivre sans toit, dont 3000 enfants. Un chiffre en augmentation de 50% depuis 10 ans. A Paris, 3000 personnes sont sans abris, soit 16% de plus qu’en 2022. Chaque année, ils sont des centaines à mourir dans l’anonymat et l’indifférence : près de 624 en 2022 selon le collectif « Les Morts de la Rue ». Hier, trois sans-domicile fixe sont décédés dans la même journée mardi à Paris et dans le Val-de-Marne.

Des drames humains qui se répètent été comme hiver, conséquence de l’inaction des autorités. Une « gestion au thermomètre » dénoncé par les associations et les insoumis. Ces derniers multiplient les propositions, telles que la réquisition des logements, et ont porté plainte pour « non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui » contre « les ministres coupables de ces drames, Elisabeth Borne en tête » a déclaré Mathilde Panot. Notre brève.

« L’inaction délibérée » du Gouvernement Ce mardi, plusieurs députés et militants insoumis se sont rendus au campement Solferino à Paris, installé par l’association Droit au Logement (DAL). Plus d’une trentaine de familles y vit, dans le dénuement devant un immeuble haussmannien où 80% des logements sont vides de manière durable. Un scandale que dénonce les associations comme les insoumis, lesquels dénoncent une « inaction délibérée » du Gouvernement, et entendent « qualifier la responsabilité pénale des ministres en charge du logement et de la Première ministre ».

La présidente du groupe parlementaire insoumis a rappelé que « la loi impose au gouvernement un devoir de prudence et par conséquent une gestion du risque particulier qui pèse sur les personnes sans-abri ». La députée LFI pointe des moyens qui manquent à l’appel : « Si le gouvernement a bien mis en œuvre les moyens réglementaires pour faire face à ce risque, les moyens effectifs de logements, ainsi que d’accueils n’ont pas été mis en œuvre dans un délai suffisant »

La députée y rappelle que « la loi impose au gouvernement un devoir de prudence et par conséquent une gestion du risque particulier qui pèse sur les personnes sans-abri » notamment en période de grand froid.

Réquisition des 3 millions de logements vides en France, investissement massif dans l’hébergement d’urgence et le logement social, rénovation thermique, les insoumis multiplient les propositions depuis des années, et les inscrivent dans des plans fournis et détaillés. Des mesures faisables et urgences mais ignorées délibérément par les autorités préférant une gestion au thermomètre, court termiste.

Les sans-abris menacés de mort à cause du froid, la promesse de Macron à la trappe En 2022, au moins 624 personnes ont perdu la vie dans la rue, selon le collectif « Les morts de la Rue ». Les femmes sont décédées à 46 ans en moyenne, les hommes à 51 ans. 20% des décès sont liés à une mort violente (agression, accident, suicide) et un sur sept à une maladie.

En 2021, 42 % des 620 décès recensés étaient survenus en Île-de-France. Pour l’année 2023, au dernier décompte (fin septembre), « Les morts de la rue » en dénombre plus de 400. Autre problème : les places d’hébergement manquent à l’appel. La préfecture d’Île-de-France se targue de l’ouverture de 274 places supplémentaires pour l’hébergement d’urgence.

Cependant, la capitale compte environ… 3 000 sans-abris. L’Insoumission est allé à leur rencontre pour recueillir leur témoignage et leur histoire. Celle de Fatima, qui a déposé sa première demande de logement il y a 20 ans. Qui travaille dans la restauration, avec des fiches de paie, en bonne et dû forme. Avec ses deux enfants à charge est éligible depuis 9 ans au DALO, c’est à dire au droit opposable au logement. Mais aucune proposition. Le prix de son loyer, de plus de 700 euros pour 9m2 la plonge dans la misère Depuis 2019, elle a rejoint l’association Droit au Logement (DAL). Elle est de toutes les manifestations pour exiger le respect de ce droit fondamental.

L’histoire de Francis aussi. Au DAL, il est délégué auprès des familles. Il organise des actions, sit-in, manifestation, interpellation d’élu. Pour que toutes les familles puissent trouver un logis, un foyer, où construire un avenir meilleur pour les enfants. Sans souffrir du froid, de la maladie, de l’insécurité.

La maladie, c’est ce qui a poussé Mahamadou à la rue. Dans l’hébergement d’urgence où il était accueilli avec ses 4 filles, pas de toilettes et surtout, beaucoup de moisissures. Qui ont contaminé deux de ses enfants. Elles ont dû être opérées en urgence pour une infection bactérienne. Alors, ce père de famille raconte comment il a été obligé de quitter cet abri et n’a eu d’autre choix que de rejoindre le campement de 30 familles, organisé par le DAL, au métro Solférino. Au pied d’un immeuble haussmannien. Totalement inoccupé.

Tout un symbole. Ce bâtiment contient suffisamment d’appartement libre pour accueillir Mahamadou, ses 4 enfants et toutes les familles qui survivent sous la tente au pied de cet immeuble. Il suffirait d’une volonté politique. Comme l’explique Mathilde Panot, il suffirait d’appliquer la loi de réquisition des logements vides issues des ordonnances du Conseil National de la Résistance.

« La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici à la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus », déclarait Emmanuel Macron en juillet 2017. Chaque année, cette promesse semble de plus en plus lointaine. « La politique, ça consiste uniquement à savoir à qui on va prendre le fric et à qui on va le donner » disait l’Abbé Pierre. Il serait temps de débloquer des milliards pour le logement.

De l’argent, il y en a : des fortunes colossales s’accumulent en France. Près de 97 milliards d’euros de dividendes ont été distribués aux actionnaires du CAC 40 en 2023. Un record.

Souvenons-nous de ses mots : « Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure “Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !”, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous ! ».


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